Situé au nord du Loiret, sur les bords de l’Essonne, le golf d’Augerville a entrepris conjointement depuis plusieurs années une rénovation de son système d’arrosage et une conversion de flore. Résultat : une économie d’eau d’au moins 30 %, et un nombre de traitements réduit.

Le golf du château d'Augerville se situe dans le Loiret. © Château d'Augerville

« La première chose que j’ai vue, c’est le système d’arrosage, qui était très défaillant. » Au moment de devenir intendant du Golf du château d’Augerville, il y a environ six ans et demi, Jérôme Leconardel a rapidement identifié des pistes pour engager le terrain dont il avait désormais la charge dans la transition écologique. Pour ce qui est de ce parcours 18 trous, niché au cœur d’un domaine forestier de 100 hectares à moins d’une centaine de kilomètres au sud de Paris, cela passait par deux leviers : l’amélioration du système d’arrosage et l’installation progressive de nouvelles variétés de gazon. Deux leviers qui ont surtout besoin l’un de l’autre.

Au moins 30 % de consommation d'eau en moins

Le système d’arrosage autour des greens et des zones d’approche a donc été rénové. Un chantier qui a duré environ six ans, par tranches de six trous, et qui s’est achevé la semaine passée. L’ambition de cette rénovation, qui a reçu notamment le soutien financier de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, a été d’installer un réseau de canalisations sous-terraines moins sujettes aux fuites, ainsi que des arroseurs à la technologie plus récente, et surtout plus poussée.

« Le système d’arrosage datait de la création du golf, en 1995, explique Jérôme Leconardel. Or, lorsque l’on veut faire une conversion de flore, il est important d’avoir un arrosage performant, pour une plus grande efficacité agronomique. » Les arroseurs des zones à proximité des vingt greens du domaine ont ainsi été remplacés par des bouches ayant des angles ajustables. « Du coup, on peut n’arroser que le green, et pas le rough qu’il y a derrière, détaille le greenkeeper. Ce qui fait qu’on peut diviser par deux la surface totale arrosée, et avoir un arrosage bien uniforme. »

La multiplication des opérations mécaniques est l'une des méthodes pour lutter contre le développement des maladies. © Château d'Augerville

Si le Golf du château d’Augerville a investi dans une technologie plus performante, il n’en adopte pas moins une philosophie tournée vers un usage raisonnable de la ressource en eau. D’ailleurs, le parcours n’est relié d’aucune manière au réseau d’eau potable. « On tente de respecter les saisons, souligne Jérôme Leconardel. La consommation d’eau des fairways est très importante si on veut les garder verts tout le temps. Nous, ce que nous faisons, c’est que nous les maintenons en vie. Mais en aucun cas nous n’allons essayer de les garder verts à tout prix. »

De nouvelles variétés plus résistantes

Le golf attend ainsi une économie d’eau d’au moins 30% dans les années futures. Dans cette optique, il est également en train de réaliser une conversion de flore. Le principe général de cette technique est de substituer aux variétés les plus présentes dans les gazons, et qui peuvent être soit gourmandes en eau soit vulnérables aux maladies (voire les deux) des variétés plus résistantes. Ainsi, à Augerville, par regarnissages successifs, le pâturin, à la fois gourmand et fragile, cède peu à peu sa place à l’agrostis, une variété mieux armée à la fois contre les maladies et contre le stress hydrique.

Le cas du parcours situé dans le Loiret donne un bon exemple de l’imbrication entre amélioration de la performance du système d’arrosage et implantation de variétés plus résistantes. « Quand vous installez de nouvelles semences sur les greens, la plante a besoin d’eau à certains moments de la journée, éclaire Jérôme Leconardel. Et sans arroseur performant, votre conversion de flore ne peut pas être efficace. »

Ces transformations ont ainsi eu un impact sur le traitement des maladies, passé en quelques années de douze par an à environ quatre ou cinq. L'objectif, comme partout ailleurs, est de se passer totalement de ces produits au 1er janvier 2025, lors de l'entrée en vigueur totale de la Loi Labbé.

Là encore, cette évolution est le fruit d’une volonté. « Notre philosophie, c’est d’accepter qu’il y ait des taches de maladie, livre Jérôme LeconardelSinon, en effet, on serait en train de traiter toutes les deux semaines, et ce n’est clairement pas notre philosophie. » Sur cet aspect des choses, l’équipe d’entretien du golf fait un maximum de pédagogie envers les joueurs, notamment au travers de newsletters dédiées à l’entretien du terrain. « La plupart des gens qui jouent ici sont habitués à voir, de temps en temps, des taches de maladies, se satisfait le greenkeeper. Majoritairement, ils sont sensibilisés, ce qui est très positif pour nous. »

Des moutons dans les douves

Le Golf du château d’Augerville déploie aussi des efforts en matière de biodiversité : le bois mort de ce domaine forestier aide à constituer des abris pour les insectes, des nichoirs ont été installés pour les oiseaux, et des ruches permettent de produire un miel vendu dans la chocolaterie du domaine. Une nouveauté encore plus visible a fait son apparition depuis quelques mois dans les douves du château : une dizaine de moutons d’Ouessant, qui ont pour charge de les entretenir en lieu et place des tondeuses. Le signe définitif d’une transition écologique bien engagée.