L'École nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) accueillait dans son amphithéâtre parisien la 3e conférence de biomécanique du golf, retour sur une formation de haut niveau.

170 personnes ont assisté à cette journée de formation sur la biomécanique du golf. Parmi les participants, environ 70 % d'enseignants de golf et 30 % de personnes du milieu médical (médecins, kinés, podologues, ostéopathes) et des préparateurs physiques.

1ère intervention, par le professeur Philippe Rouch, directeur de l'Institut de biomécanique humaine Georges-Charpak à l'École nationale supérieure des arts et métiers (Ensam)

Il a fait la bibliographie de ce qui a été publié ces deux dernières années dans le domaine de la biomécanique du golf. Il a résumé ces études extrêmement pointues et essayé de traduire un peu. Il a d'abord détaillé l'analyse du vol de la balle à travers les interactions entre la balle et le manche du club. La chose suivante a en effet été démontrée. Prenons un robot qui tape tout le temps de la même façon, une tête de driver qui ne change pas, et un manche donné. On fait taper à chaque fois une balle différente, en n'utilisant que des balles de top niveau : les résultats sont très différents d'une balle à l'autre, en termes de distance par exemple, car les traînées ne sont pas les mêmes.

Ensuite on répète l'expérience avec un autre manche : les résultats sont là encore très différents, mais pas de la même façon que la première série ! Ce qui joue, c'est l'adéquation entre la balle et le manche. Concrètement, ça veut dire qu'il est impératif de fitter ses clubs avec la balle qu'on utilise sur le parcours. Si on fitte ses clubs avec des balles de practice, les données seront fausses, et pas qu'un peu...

Ensuite il a rapporté une étude qui prouve, là encore avec un robot et une tête de driver identique, que la différence de longueur de drive au carry entre tous les manches allant du Lady Flex à l'Extra Stiff n'est absolument pas significative.
Autre étude intéressante : on peint des manches très différentes de la même couleur afin qu'un pro ne puisse pas les identifier visuellement. En tapant des balles, le joueur ne s'en rend pas compte, et tape aussi fort avec un Regular Flex qu'avec le Stiff qu'il a l'habitude d'utiliser.

2e intervention, par le docteur Olivier Rouillon, médecin fédéral national de la Fédération française de golf et des équipes de France.

La présentation concernait la prévention des douleurs lombaires chez les joueurs de compétition ; pas seulement les champions, mais l'ensemble des bons joueurs. Au-delà des facteurs généraux qui s'appliquent à tous, quels sont les facteurs spécifiques au golf qui favorisent ces douleurs ? Ils sont bien connus. Il a ainsi détaillé toute l'analyse de ces facteurs, ainsi que la prévention. Il a également évoqué la faiblesse de l'analyse actuelle de certains de ces facteurs, parce que les données dont on dispose ne sont parfois pas très justes.

3e et 4e interventions, par le docteur Phillip Cheetham, conseiller en biomécanique auprès du Titleist Performance Institute

Cet éminent spécialiste australien a d'ailleurs participé à cette journée grâce à l'aimable aide de la branche française du TPI. Sa première présentation portait sur la vitesse de rotation du bassin dans le swing : comment on la mesure, quelles sont les différences entre les joueurs, à quel moment ça accélère, etc. Sa deuxième intervention concernait l'apport de l'analyse en trois dimensions dans la prévention des blessures.

5e intervention, par Franck Schmid, enseignant au Golf de Bussy-Guermantes
Il a livré un retour d'expérience très intéressant, très autodidacte, donnant son sentiment sur les choses qu'il a vues dans le cadre de son travail auprès de joueurs professionnels et amateurs. Ça a donné à réfléchir sur les erreurs qui peuvent être commises quand on veut à tout prix faire dire tout et n'importe quoi à ces systèmes d'analyse.

6e intervention, par le professeur Philippe Rouch, le docteur Olivier Rouillon et le professeur Patricia Thoreux, du service de chirurgie orthopédique de l'Hôpital Avicenne – Université Paris XIII.
Cette présentation conjointe a conclu la journée en présentant les programmes de recherche lancés conjointement par l'Ensam et la ffgolf. Ont été présentés les travaux qui vont être réalisés dans les trois ans à venir par des thésards, notamment sur la modélisation du swing, la prévention et les facteurs de performance.

Le partenariat avec l'Ensam, une chance inouïe pour la ffgolf

« Le fait de bénéficier du travail des étudiants de l'Ensam est une chance incroyable, car ce sont des gens absolument brillants, » explique le docteur Olivier Rouillon, médecin de la ffgolf. « Ça fait un peu plus d'un an qu'on collabore. On a commencé par un travail non spécifique au golf sur la proprioception, travail qui a été récompensé par le Prix du jeune chercheur français ! »
Il y a quelques mois, un travail de thèse a été lancé sur le thème "le golf est-il un moyen de prévention des douleurs de dos et de hanche chez le sujet de plus de 50 ans ?". D'une durée de trois ans, cette thèse va essayer à prendre à rebrousse-poil les idées reçues à travers l'analyse biomécanique d'une population de sujets représentatifs.

D'un point de vue purement matériel, la collaboration avec l'Ensam est aussi une chance inestimable pour la ffgolf puisque le laboratoire de biomécanique dispose de l'EOS, un système de radiographie en trois dimensions mis au point à partir des travaux du Prix Nobel de physique 1992 Georges Charpak. Cet appareil permet de reconstituer le corps en 3D, avec une dose de rayons X dix fois moins importante que pour une radio classique. « On peut ainsi reconstituer chaque os, chaque insertion musculaire, chaque insertion ligamentaire, » détaille le docteur Rouillon. « Tout cela débouche sur des modèles personnalisés : on passe dans la machine, puis on va taper des balles afin d'enregistrer tout un tas de données, et grâce aux algorithmes écrit par l'Ensam on est capable d'interfacer les données ainsi captées et le modèle physiologique de la personne. »