Au golf, comme dans toute activité humaine, il existe des risques de se blesser. Cependant, l’activité physique et sportive - et cela peut-être le cas du golf - révèle souvent une blessure ou une fragilité déjà existante. Par sa technicité, le golf génère principalement des pathologies secondaires aux mêmes gestes répétés des dizaines de fois, ce que les Anglo-Saxons appellent l'« overuse ».

Ces gestes peuvent parfois en plus comporter une faute technique, ce qui aggrave la situation. D’où la nécessité d’un matériel adapté, d’une préparation physique personnalisée au niveau de jeu, aux problématiques ou antécédents de blessures, d’y adjoindre un échauffement systématique, des étirements, du gainage pour le dos et un renforcement des articulations, épaules et avant-bras.

Les lombalgies

Les lombalgies représentent la cause la plus fréquente d’arrêt temporaire ou définitif de la pratique du golf, que ce soit chez les joueurs amateurs ou professionnels. La méta analyse réalisée par McHardy et collaborateurs retrouve, selon les études, un pourcentage de 24 à 34 % de lombalgies dans les pathologies ostéo-articulaires des golfeurs.

Cependant le golf, comme tous les sports, ne fait que révéler le plus souvent une pathologie déjà existante, mais n’en est pas la cause première. Les discopathies lombaires, les arthropathies articulaires postérieures sont liées au vieillissement, aux contraintes gravitaires et aux activités professionnelles.

Il existe des facteurs favorisant les lombalgies. Pour cela, il est important de connaître les bases du swing ou du putting et d’analyser les contraintes lombaires lors de l’activité :

  • Défauts techniques d’exécution du geste (technopathie) lors du swing ou du putting,
  • Extension ou hyper extension lombaires,
  • Déficits de mobilité articulaire,
  • Déficits musculaires, que ce soit en termes de force ou d’extensibilité,
  • Déficits de proprioception.

Les contraintes mécaniques mesurées sur un disque inter vertébral (L5-S1) lors d’un swing de golf varient selon les auteurs entre 6 et 8 fois le poids du corps à mi-downswing.

Pour en savoir plus : 

  • Les Lombalgies du golfeur – Olivier Rouillon, 2017
  • Le Rachis du golfeur Sophie - Charrayre, 2020

Téléchargez le fichier

Le coude

Les blessures au coude représentent 25 à 30 % des blessures chez le golfeur amateur, contre 7 % chez les professionnels. Le coude est la deuxième localisation des blessures chez le golfeur amateur, après la colonne lombaire.

Chez les amateurs, les tendinopathies du coude (autrefois appelées tendinites) sont en cause dans l’immense majorité des cas.

  • Soit au niveau des tendons latéraux ou externes : ce sont les épicondyliens latéraux : c’est ce que l’on nomme classiquement le tennis elbow.
  • Soit au niveau des tendons médiaux ou internes : ce sont les épicondyliens médiaux encore appelés épithrochléens : cela correspond au classique golf elbow.

Les facteurs favorisants sont

  • En numéro 1, les micro traumatismes répétés que représentent les frappes de balle, mais surtout de trop nombreuses frappes de balle = sur-utilisation = overuse injuries pour les Anglo-Saxons.
  • Le grip technique, c’est à dire la façon de tenir le club : un élément fondamental dans la qualité et la performance d’un swing de golf, mais il permet également d’exercer la force de serrage nécessaire pour que le club ne tourne pas dans vos mains au moment de l’impact !
     
  • Le grip « physique » fixé sur le shaft du club : il en existe de différentes tailles (normal, medium, jumbo) de façon à s’adapter à la taille des mains des joueuses et des joueurs.
    Trop souvent les grips sont de taille inadaptée (trop petits dans la plupart des cas) chez de nombreux amateurs. Selon un travail récent, sur 100 golfeurs de tous niveaux ayant bénéficié d’un fitting, 65 avaient un grip de taille inadaptée. Douze de ces joueurs (9 hommes et 3 femmes) présentaient des douleurs du coude récurrentes et parmi ces 12 joueurs, 10 avaient un grip inadapté en termes de taille.
     
  • Les clubs eux-mêmes, shafts, têtes de club : les têtes de clubs doivent être choisies en fonction de votre niveau de jeu. Elles forment un « couple » avec les shafts et l’ensemble doit vous sembler facile à jouer.
     
  • L'absence ou la mauvaise qualité de l’échauffement. Rappelons qu’il convient de s’échauffer sans puis avec les clubs. Demandez à votre pro enseignant un process simple répondant à cette nécessité.

La prévention

Éviter les séances de practice trop longues et sur tapis reposant sur un sol « dur ». Il faut privilégier le practice sur herbe même si cela est parfois compliqué dans les golfs français.

Les erreurs à éviter 

  • Négliger ses douleurs et consulter un médecin avec trop de retard.
  • Ne pas effectuer le traitement prescrit (médicaments, rééducation…).
  • Acheter ses nouveaux clubs sans fitting en sur évaluant son niveau de jeu réel.
  • Joueur avec de vieux clubs sans, a minima, changer régulièrement les grips ! En effet des grips usés (ou sales) obligent à des efforts de préhension plus importants qui seront en cause dans le déclenchement des tendinopathies du coude.

En conclusion 

Les douleurs du coude chez le golfeur sont fréquentes et le plus souvent en relation avec une pathologie des tendons et de leurs attache sur l’os (enthésopathies).
Il faut rassurer les joueuses et les joueurs car si les délais sont souvent longs, la plupart des cas guérissent et la reprise du jeu est possible dans les conditions décrites ci-dessus.
Quel que soit le niveau des joueurs, il ne faut jamais négliger les douleurs du coude en relation avec la pratique du golf : un diagnostic rapide entraîne un traitement immédiat et adapté dont découle une guérison rapide.

Pour en savoir plus

  • La prévention et le traitement des pathologies du coude chez le golfeur amateur - O. Rouillon,  F. Aubert, V. Delmas

Téléchargez le fichier

L'épaule

Les blessures de l’épaule liées à la pratique du golf représentent 11,8 % de l’ensemble des blessures chez les joueurs amateurs et 8 à 12 % chez les professionnels selon les séries publiées dans la littérature scientifique (étude australienne).

La mécanique de l’épaule dans le swing de golf 

  • Lors du backswing, l’épaule gauche (chez les droitiers) va se mobiliser en élévation, adduction (près du corps) et rotation interne. Pour l’épaule droite durant cette phase du swing, on observe surtout une rotation externe et une abduction (le bras s’éloigne du corps).
  • En haut du backswing au niveau de l’épaule gauche, il existe une mise en compression de l’articulation entre la clavicule et l’acromion (une partie de l’omoplate) et un effet d’écrasement potentiel des tendons de l’épaule (la coiffe des rotateurs).
  • Lors du downswing, l’épaule constitue le point fixe de la mobilité du membre supérieur. Il s’agit à cette phase du swing d’un mouvement à grande vitesse permettant de lancer la tête de club vers la balle. Certains muscles des 2 épaules sont alors sollicités de façon très importante, par exemple les grands pectoraux.

La pathologie de l’épaule chez les joueurs amateurs

Les tendinopathies des tendons de la coiffe des rotateurs (tendinites !!). Le golf n’est pas responsable de ce type de blessure mais révèle un état préexistant, ceci par la répétition du mouvement avec certaines fautes techniques qui sont en fait l’élément déclencheur.

Les fautes techniques en cause :

  • L’overswing : il entraîne un effet d’écrasement des tendons de l’épaule, lequel lorsqu’il est répété finit par entraîner inflammation et douleur. Il est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, et touche surtout l’épaule gauche chez les droitières.
  • Un finish trop ample (comme les champions à la télévision) : les amplitudes extrêmes dans la mobilité de l’épaule sont néfastes, aussi bien pour les tendons que pour les ligaments et la capsule articulaire (manchon qui entoure toute articulation).

Autres facteurs  :

  • Échauffement insuffisant (ou même absent !). il faut insister sur la mobilisation des deux épaules, d’abord à vitesse lente et sans club, puis avec plus de vitesse et avec un club.
  • Vouloir frapper « trop fort », par exemple pour survoler un obstacle.
  • Des clubs inadaptés : trop lourds, mal équilibrés, avec des shafts trop raides. Les fabricants de clubs estiment que seulement 25 % des pratiquants de notre sport utilisent des clubs adaptés en France !
  • La fréquence des frappes au practice : le fait de frapper des balles à un rythme trop élevé (le maximum est 3 balles par minute, le mieux est 2 balles par minute) favorise les lésions des tendons de l’épaule. Ceci correspond à des phénomènes d’ischémie paradoxale (pas assez de sang au niveau des tendons) qui peuvent entraîner de véritables lésions anatomiques (des fibres des tendons vont rompre).

Au delà de 50 ans, le cocktail "tendons un peu vieillissants" + fautes techniques + échauffement insuffisant + clubs inadaptés + manque de mobilité de la colonne vertébrale en rotation (que l’on cherche à compenser avec les bras et les épaules) constitue la base des problèmes de l’épaule chez le golfeur.

Conclusion

Les problèmes d’épaule liés à la pratique du golf représentent un peu plus de 10 % des blessures chez les amateurs comme chez les professionnels.
Le diagnostic et le traitement médical doivent être complétés par des corrections techniques et le choix d’un matériel adapté chez les amateurs.
La prévention passe par une préparation physique adaptée chez les professionnels et par un échauffement de qualité chez les amateurs.

Pour en savoir +

  • L'Épaule du golfeur – Olivier Rouillon - 2017

Le genou

Les golfeurs peuvent rencontrer plusieurs types de problèmes de genoux. Le premier est lié spécialement à la pratique du golf mais touche peu de personnes. Les autres, beaucoup plus fréquents, sont liés au vieillissement naturel ou à la pratique d’autres activités. Dans ce cas, le golf n’est pas la cause de ces pathologies mais un simple révélateur.

Cette pathologie liée à la pratique du golf qu’on appelle l’instabilité de l’articulation péronéo-tibiale supérieure concerne principalement les professionnels ou les très bons joueurs qui tapent beaucoup de balles et jouent beaucoup. Le genou gauche (pour un droitier) part un peu en varus, c’est-à-dire se déforme un peu en dedans. À force, ce phénomène distend les moyens de coaptation de cette articulation et peut entraîner, à moyen ou long terme, des instabilités. Cela se manifeste par des douleurs de la face externe du genou, notamment quand le joueur s’accroupit pour regarder sa ligne de putt ou lorsqu’il marche dans une pente montante. Au début, ces douleurs vont apparaître dans ces situations bien spéciales puis s’en aller à la fin de la partie. Par la suite, elles peuvent devenir permanentes.

L’arthrose du genou qu’on appelle aussi gonarthrose révélée par le golf est liée au vieillissement naturel. C’est quelque chose de très fréquent qui concerne les personnes âgées de 50 ans et plus. Cette arthrose est généralement révélée par des douleurs lors de la pratique du golf qui peuvent devenir permanentes. Pour traiter, l’idée est de diminuer les contraintes sur le genou en remplaçant le chariot manuel par un chariot électrique mais aussi en suivant un programme de renforcement des muscles de la cuisse.

On peut proposer, si besoin, des infiltrations avec des corticoïdes ou de l’acide hyaluronique. Enfin, si les douleurs deviennent trop handicapantes, une prothèse totale du genou peut constituer une excellente solution.  

Pour en savoir plus

  • Quels sont les problèmes de genoux que l’on observe le plus chez les golfeurs ? – Olivier Rouillon – 2021