Les « Pourquoi » du golf. Avec le mois de juin, la haute saison des compétitions démarre… ainsi que celle des grosses chaleurs. D’où l’importance de bien boire et manger sur le parcours. Coup de projecteur sur trois phrases trop souvent entendues de la part des golfeurs amateurs avec le médecin de la Fédération française de golf, Yves Hervouët des Forges.
Y.H.d.F. : Il y a une chose importante à comprendre dans tous les sports : la soif, c’est une sensation physiologique qui est mal réglée. C’est-à-dire que la sensation de soif arrive toujours trop tard lors de l’effort. Lorsqu’on a soif, c’est qu’on est déjà déshydraté. En plus de cela, l’estomac n’est capable d’ingérer qu’entre 0,8 et 1 litre de liquide par heure. Autrement dit, si l’on a un déficit hydrique de 2 l (ce qui est rare au golf mais qui peut arriver, par exemple, sur un marathon), on ne peut pas rattraper la déshydratation, sauf à arrêter l’activité. C’est pour cela que, lorsqu’on joue au golf et qu’il fait chaud, il faut commencer à boire avant d’avoir soif. Il faut, littéralement, « boire sans soif ». De plus, il faut boire de manière fractionnée, par relatives petites quantités. L’estomac étant une poche qui peut ingérer entre 0,8 et 1 l par heure, on ne peut pas se dire « Je vais boire trois litres, et ça va aller mieux ». Il faudra plusieurs heures pour que l’hydratation arrive dans les cellules.
Bien sûr, le golf, ce n’est pas le marathon. Mais s’il faut chaud et sec, l’organisme va très efficacement évacuer la chaleur en transpirant, et ça va le déshydrater. Si on est déshydraté et qu’on continue l’effort, on ne peut pas rattraper. Donc le mieux, c’est de commencer à boire dès l’échauffement. Il faut aussi rappeler que dans une journée standard sans effort particulier, il faut déjà ingérer 1,5 à 2 litres d’eau, plutôt riche en bulles (bicarbonate) et faiblement minéralisée.
Pour approfondir
Pourquoi faut-il s’échauffer au golf ?Y.H.d.F. : Lorsqu’on réalise une activité physique, notre organisme demande davantage de capacité sanguine aux muscles en activité (par exemple, le muscle cardiaque, mais pas seulement). Cela se fait notamment au détriment de la digestion, qui est également un effort du point de vue cardio-vasculaire. L’intestin prend beaucoup de sang pour digérer. Il se produit ce qu’on appelle un vol sanguin, autrement dit quand on fait un effort, ça diminue significativement la circulation intestinale, et donc ça ralentit la digestion. C’est pour cela que l’on recommande ce que l’on appelle la règle des trois heures : pas de repas important dans les trois heures qui précèdent un effort physique important. Ce qui est recommandé aussi, comme pour la boisson, c’est d’ingérer de petits volumes pendant l’effort, avec de l’énergie concentrée, et de manière régulière.
Y.H.d.F. : Sur le parcours, il faut plutôt ingérer des glucides lents. Car il faut se souvenir que la population de golfeurs en France a 54 ans d’âge moyen, il y a donc un certain nombre de diabétiques en son sein. Et le problème des diabétiques, c’est qu’ils sont susceptibles de faire des hypoglycémies. Par ailleurs, quel que soit l’âge, tout ce qui est sodas et sucres rapides, ce n’est pas recommandé, c’est particulièrement calorique. Il vaut mieux prendre des sucres lents, comme des barres de céréales ou des fruits secs. En sachant que le temps d’assimilation de ces glucides complexes est plutôt lent, ça prend plusieurs heures. Donc il ne faut pas se mettre à manger au 15.
Même chose que pour la déshydratation : si on a une fringale, ce n’est pas facile à rattraper si on continue l’effort. L’idée reste la même : ne pas surcharger l’estomac. Donc si on va jouer au golf le matin, il vaut mieux prendre un bon repas la veille au soir, et prendre un petit déjeuner plutôt léger, si possible plusieurs heures avant le début de la partie. Il existe dans le commerce des « boissons de l'effort », qui tentent de répondre en même temps aux deux questions : hydratation et fringale. Dans tous les cas, elles sont toujours à diluer avec deux tiers d’eau.