Têtes en forme de lame de rasoir ou de demi-lune, noms bizarroïdes du type putter, pitching wedge ou driver… difficile, pour les profanes, de s’y retrouver dans le bestiaire des clubs de golf. Alors, suivez le guide.
La base
Avant d’explorer tous les types de clubs de golf qui peuvent exister, éclaircissons d’abord la question fondamentale : pourquoi, au juste, a-t-on besoin de différents clubs pour jouer au golf ? Après tout, n’utilise-t-on pas une seule raquette au tennis, et une seule crosse au hockey ? Il est vrai. Sauf qu’au tennis, la cible est toujours la même (le court d’en face), et au hockey, la cage de but n’est pas censée bouger. Au golf, en revanche, au gré des circonstances, vous devrez faire voyager votre balle sur plus de 200 m, ou bien la faire rouler sur 1 m, ou bien la faire parcourir 10 m avec une trajectoire en cloche, ou bien la faire partir tendue façon corde raide, et là on ne vous parle même pas des variations de surface (herbe, terre, sable, etc.). À l’évidence, pour faire tout cela, un seul outil ne suffit pas.
L’idée principale d’avoir plusieurs clubs dans son sac est donc celle-ci : pouvoir varier facilement les distances, les trajectoires, et être le plus à l’aise possible sur toutes les surfaces. Sachant que les règles officielles du jeu fixent forcément un cadre : en compétition, il est interdit d’avoir plus de 14 clubs dans son sac, sous peine de pénalité. La composition du sac est totalement laissée à l’appréciation du joueur ou de la joueuse, mais la limite de 14 est infranchissable. Sauf en partie amicale, évidemment, or là, avec de la masse supplémentaire à promener sur le parcours, ce n’est pas un arbitre que vous allez fâcher, mais un rhumatologue.
Les bois
L’avantage, avec les différents types de clubs de golf, c’est qu’ils sont reconnaissables à l’aspect de leur tête. Exemple avec ceux qui sont destinés à faire voler la balle sur les plus grandes distances, et qui arborent leur immuable design en demi-lune : les bois. Ce nom leur vient de l’époque, pas si lointaine, où leur tête était fabriquée en bois. On parle là d’un tournant intervenu dans le courant des années 90. Aujourd’hui, des éléments comme le titane ou le carbone ont pris le relais. Mais le terme de « bois » est resté.
Généralement, un sac de golf standard contient plusieurs bois, chacun portant un chiffre sur sa semelle (la partie de la tête de club qui fait face au sol lorsqu’on joue). Ce chiffre sert à les classer selon la distance à laquelle ils sont censés permettre de taper. Plus le chiffre est petit, plus le club permet d’aller loin (ce sera la même chose pour les fers au paragraphe suivant). Le club qui permet d’aller le plus loin est donc le bois 1, mais il n’est pour ainsi dire jamais désigné de cette manière, et ne porte le chiffre 1 que rarement. Couramment, il est appelé « driver », et le coup tapé se nomme « drive ». Il se distingue par une tête plus volumineuse que celle de ses congénères, et sauf rare exception, il est joué sur l’aire de départ, avec une balle perchée sur un tee. Lorsqu’on prend le driver, l’objectif est clair : faire un maximum de distance.
Ensuite, généralement (mais là encore, chacun fait à sa main), le sac de golf contient deux autres bois, typiquement un bois 3 et un bois 5. Si vous avez bien suivi, le bois 3 va moins loin que le driver, et le bois 5 moins loin que le bois 3. Surtout, ces bois différents du driver ont des têtes nettement moins volumineuses que leur grand frère. En effet, le but est de pouvoir les jouer, si besoin, après le départ, et donc à même le sol, étant donné que le tee n’est autorisé que sur le premier coup de chaque trou. C’est pourquoi les bois autres que le driver portent le nom générique de « bois de parcours ».
Les bois 3 et 5 sont les plus courants, mais les bois 2, 4, 6, 7 ou plus existent aussi. La différence entre deux bois n’ayant pas le même chiffre est de deux natures : la longueur du manche (que l’on nomme le « shaft », dans le jargon), et l’ouverture de la face de club. Plus le shaft est long, plus l’effet de levier est important, et donc plus la tête de club frappe la balle avec de la vitesse. Par ailleurs, l’ouverture de la face de club (la partie qui entre en contact avec la balle) va faire varier l’angle de décollage. Une balle tapée avec une face fermée va partir tendue, alors qu’une balle tapée avec une face pointant davantage vers le ciel va avoir une trajectoire plus en cloche, et retomber moins loin. Donc, si l’on reprend l’exemple des bois 3 et 5 : le bois 3 a un manche plus long et une face plus fermée que le bois 5. Et là encore, le même principe peut être transposé aux fers.
Les fers
La deuxième grande famille des clubs de golf est celle regroupant les têtes en forme de lame : les fers. Leur architecture est spécialement pensée pour jouer la balle à même le sol, que ce soit sur le l’herbe plutôt rase (le fairway) ou un peu plus drue (le rough). Comme pour les bois, les fers ont un chiffre inscrit sur leur semelle. Plus le chiffre est petit, plus le club permet d’aller loin. Là encore, les deux paramètres principaux qui changent d’un fer à l’autre (du moins quand ils sont de la même série) sont la longueur du shaft et l’ouverture de la face de club.
Le fer 1, autrement dit le fer capable d’aller le plus loin, existe. Mais il est désormais très rare de le voir dans un sac, y compris au niveau professionnel. Tout simplement parce qu’il est particulièrement difficile à bien taper, et qu’à ce titre, on préfère des bois de parcours ou des hybrides (lire plus loin), qui couvrent la même distance avec moins de risques. De la même manière, les fers 2, 3 et 4 sont plutôt en voie de raréfaction. Les séries de fers pour des pratiquants ordinaires commencent généralement au fer 5, et montent jusqu’au fer 9.
Contrairement aux bois, dont l’objectif prioritaire est de faire de la grande distance, l’utilité des fers est surtout la précision. Il est courant de les jouer lorsqu’on se trouve, par exemple, à distance raisonnable d’un green, et que l’on tente d’y faire atterrir sa balle. Cela sera d’autant plus facile que la distance est courte. Tous les golfeurs vont diront qu’il est de loin préférable d’être à distance d’un coup de fer 9 que d’un coup de fer 5.
Les wedges
Ils ressemblent à des fers, mais ce ne sont pas, à proprement parler, des fers. D’où ce nom particulier dont ils ont été affublés. Les wedges sont les clubs du sac permettant de faire les distances les plus courtes. Architecturalement, ils se distinguent des fers par le fait d’avoir une large semelle, ce qui leur permet de glisser sur le sol, voir de rebondir dessus, quand cette semelle est inclinée en conséquence.
Autre particularité : ils n’ont pas de chiffre inscrit sur leur semelle, comme les fers ou les bois. Pour les distinguer les uns des autres, deux systèmes existent. Soit on leur donne à chacun un nom particulier, soit, plus simplement, on inscrit sur leur semelle l’ouverture de leur face en degrés. Pour ce qui est des noms, cela commence avec le pitching wedge, celui qui permet d’aller le plus loin, et sur lequel est inscrit soit « P », soit « PW ». Vient ensuite le sand wedge (« S » ou « SW »), qui est spécifiquement pensé pour le sable des bunkers, même si ce n’est pas sa seule utilité. Puis vient le lob wedge (« L » ou « LW »), à la face très ouverte, idéal pour les balles en cloche qui s’arrêtent rapidement, si possible près du trou.
À partir d’un certain niveau de jeu, toutefois, on préfère parler en termes de degrés, sachant que l’ouverture de la face des wedges peut varier, généralement, entre 48° et 64°. À 48°, cela correspond à un pitching wedge, à 52°, à un wedge intermédiaire parfois appelé « gap wedge », à 56° à un sand wedge et à 60° et au-delà à un lob wedge. Sachant que ces ouvertures et ces appellations ne sont pas figées : chaque fabricant a ses propres standards, et les wedges étant faits pour les coups de précision autour des greens, leur utilisation est avant tout une affaire de sensations propre à chacun.
Pour approfondir
Pourquoi certains clubs s’appellent les "wedges" ?Les hybrides
Les bois, les fers et les wedges sont les trois catégories historiques de clubs de golf. On peut citer également le putter, mais il est tellement dans sa propre galaxie par rapport aux autres qu’on n’en parlera qu’à la fin. En revanche, pour les trois catégories de clubs voués à faire décoller la balle, au fur et à mesure du temps, les équipementiers ont fait phosphorer leur matière grise, ce qui a parfois brouillé un peu les frontières.
Ainsi, au début du XXIe siècle, sont apparus ce qu’on appelle les hybrides. Ni vraiment des bois, ni vraiment des fers… entre les deux. Ces clubs ont bien une tête rebondie sur l’arrière de la face, mais elle est nettement moins volumineuse que celle des bois de parcours. Leur face, elle, ressemblerait plutôt à celle d’un fer. Leur but est tout simplement de pouvoir faire une distance certaine, tout en étant moins risqués à jouer que des bois de parcours, et moins coriaces à manier que des longs fers. Ils sont ainsi utilisés sur des mises en jeu un peu étroites, ou pour des coups de placement sur les longs trous. Ainsi, de nos jours, y compris dans les sacs des meilleurs de la planète, il est très courant de trouver un voire plusieurs hybrides, et de ne voir démarrer la série de fers qu’au fer 4 ou au fer 5. Alors que jusqu’à la fin du XXe siècle, la présence d’un fer 3 voire d’un fer 2 dans le sac paraissait impérative.
Le putter
Lui, donc, c’est un cas à part. Un solitaire. Un qui fait dire à certains que le golf est en réalité constitué de deux disciplines regroupées en une seule : le grand jeu, et le putting. Cet électron libre, donc, c’est le putter. Son utilité est unique : faire rouler la balle sur le green, afin qu’elle tombe dans le trou. De fait, sa face est presque perpendiculaire au sol (presque, car en réalité, elle est ouverte de quelques petits degrés). Son design, lui, peut varier énormément, de la lame à la demi-lune, avec mille et une fioritures possibles. La longueur de son manche également, pouvant aller de celle d’un driver à une plus petite que le plus petit des wedges. Pour le putter, une seule chose compte : les bonnes sensations procurées à son propriétaire, et sa capacité à rendre ce dernier performant. Et sinon, si vous vous demandiez : oui, le club que l’on utilise au mini-golf est un putter.
Tant que l’on est à parler de lui, cela donne l’occasion de tordre le cou à deux canards. Tout d’abord, il n’est pas obligatoire d’avoir un putter dans son sac, parmi les fameux 14 clubs autorisés. Évidemment, sa présence est fortement recommandée, mais rien ne la contraint. Tout comme il est permis d’avoir plusieurs putters dans votre sac, si le cœur vous en dit. Ensuite, même s’il est pensé et conçu pour être utilisé sur le green, rien n’interdit de le jouer en dehors. C’est même le contraire : tous les enseignants de golf vous diront que, dans certaines situations au bord des greens, le putter est de loin le meilleur choix. Le corollaire est que, une fois sur le green, rien n’oblige non plus à utiliser le putter.