Ils sont au nombre de huit : vert, rouge, bleu, jaune, blanc, bronze, argent et or. Trois fois par an, leur obtention suscite les cris de joie et les sourires de fierté des élèves dans plus de 550 écoles de golf et structures scolaires en France. À l'image des Étoiles au ski, des Balles au tennis ou des Ceintures au judo, les Drapeaux sont le dispositif de progression pédagogique de référence dans l'Hexagone, désormais fermement ancré dans la culture golfique des quelque 442 000 licenciés de la Fédération française de golf, dont plus de 42 000 jeunes de moins de 19 ans.
Un peu d'histoire
Créés en 1993 par Philippe Orio, alors directeur de l'enseignement au golf de Saint-Étienne, et Bruno Pardi, élève moniteur au centre de formation du Creps de Vichy, les Drapeaux ont été transférés en 2000 à la ffgolf et à PGA France, l'association des professionnels de golf de l'Hexagone. Leur contenu pédagogique a été revisité à plusieurs reprises, la dernière en 2017 par un groupe de travail piloté par Philippe Uranga, Olivier Raynal et David de Wilde.
Nés dans le contexte du fort développement de la petite balle blanche dans l'Hexagone au cours des années 80 et 90, les Drapeaux sont donc venus combler un vide grandissant, celui de la formation des jeunes. « Auparavant, il existait un modèle d'apprentissage pour les adultes, et les enfants devaient se débrouiller avec. On les faisait taper beaucoup de balles au practice en attendant qu'ils aient une frappe correcte et qu'on les envoie faire une compétition pour obtenir leur premier index. Les garçons jouaient des marques jaunes et les filles des rouges, et il n'y avait pas de départs spécifiques pour les enfants. On bricolait un peu car il n'y avait rien d'adapté pour les enfants », expliquent de concert Olivier Raynal et David de Wilde.
« La demande est venue, peu à peu, de quelques pros qui se sont intéressés à la formation des enfants. Au départ, on disait aux gamins, qui jouaient donc le parcours des adultes, que c'était bien de faire bogey ou double bogey ; mais ça ne les aidait pas à prendre du plaisir. Il faut qu'ils fassent de vrais pars et de vrais birdies. C'est pour ça qu'on a créé les parcours adaptés aux enfants avec les départs oranges et violets. C'est devenu cohérent. Aujourd'hui, les jeunes s'habituent à faire des scores qui correspondent à ce qu'ils voient à la télé », poursuivent le coach de la ligue Aura et le conseiller technique fédéral des Hauts-de-France.
Une dissociation entre l'apprentissage du jeu et l'acquisition de la technique
Former les enfants, c'est bien sûr leur inculquer les bases de la technique, les amener à taper correctement la balle pour rentrer celle-ci dans le trou en le moins de coups possible. Mais la vocation pédagogique des Drapeaux est différente, plus large : plus que des joueurs, ils visent à former des golfeurs. « Quand on parle de ce qu'on doit maîtriser avant d'être autonome, la liste est longue : soi-même, le matériel, le temps de jeu, les autres, le terrain... Ça fait beaucoup de choses », estiment Olivier Raynal et David de Wilde. « Notre but, lors de la dernière refonte des Drapeaux, était de permettre de laisser partir les enfants en toute autonomie sur le parcours, qu'il puissent s'insérer dans le flux des départs entre deux parties d'adultes, sans déranger ou retarder qui que ce soit, et sans avoir à les faire jouer tout le temps sur un parcours compact ou devoir fermer le grand parcours spécialement pour eux. »
Les Drapeaux sont ainsi divisés en quatre blocs pédagogiques (cf. infographie ci-dessous) correspondant à l'évolution de l'enfant de la découverte du jeu vers l'autonomie. Dans chacun de ces blocs, les points indispensables à maîtriser sont la sécurité, le temps de jeu, l'étiquette et le comptage. Pas la technique, donc ! « Le fait d'être classé, même avec un bon index, ne signifie pas automatiquement qu'on est un golfeur accompli, car la formation englobe davantage de choses que le seul fait de savoir rendre un score en compétition. Avec les Drapeaux, on est vraiment sur des objectifs de moyens et non de résultats », résument les techniciens.
Un dispositif amené à évoluer
Partie essentielle de la formation des élèves moniteurs, les Drapeaux ne sont pas, toutefois, l'apanage des pros enseignants. La validation de chaque niveau se fait au cours de sessions organisées et encadrées par les intervenants professionnels ou bénévoles (les ASBC : animateurs sportifs bénévoles de club, ndlr) de l’école de golf, qui font passer les questionnaires et évaluent les jeunes sur le parcours. « C'est une volonté politique d'impliquer des bénévoles dans le processus », rappellent Olivier Raynal et David de Wilde. « À notre sens, la prochaine grande évolution sera d'intégrer le rôle des parents dans les Drapeaux, et plus largement dans les règlements. »
