Le docteur Olivier Rouillon, médecin fédéral national, et le professeur Philippe Rouch, directeur de l'Institut national de biomécanique humaine partenaire de la Fédération, reviennent sur la sixième édition de la Conférence nationale de biomécanique du golf. Un événement en pleine croissance toujours à la recherche de nouveautés.

Cette édition 2018 marque aussi l’ouverture d’une formation universitaire en biomécanique du golf. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Philippe Rouch : On se rend compte que la partie biomécanique du golf est essentielle pour comprendre la performance. Pourtant, il existe assez peu de formations universitaires et l’avantage d’en avoir une spécifique permet d’éviter le conflit d’intérêt.
Nous n’allons pas promouvoir une marque mais nous essayons de faire comprendre aux gens les méthodologies, les avantages et inconvénients justement pour les aider à choisir en toute âme et conscience le meilleur matériel ou la meilleure méthode et comprendre pourquoi il peut y avoir des controverses sur Internet ou dans la littérature. L’idée est de les appareiller pour qu’ils soient en mesure de comprendre au mieux l’évolution de l’étude de la performance au golf.
Cette formation a vraiment pour but d’aider les gens à comprendre le swing/putting de golf avec une vision biomécanique. Parmi les parcours que nous faisons au sein de l’Institut, nous en avons un dédié aux cliniciens qui n’ont pas beaucoup de bagages en mathématiques. Mais nous avons une culture pour faire apprendre les choses plus complexes, une vision ludique basée sur l’expérimentation.
C’est donc la raison pour laquelle nous allons réduire le nombre des inscrits pour être sûr de faire énormément de pratique et quasiment aucune équation pour qu’on puisse transmettre des choses presque au plus haut niveau de ce qu’on peut les faire. C’est-à-dire vraiment dissocier la complexité et l’usage que pourront avoir les gens de cette formation.

 

La biomécanique du golf n’est-elle pas victime de son succès depuis le partenariat entre la ffgolf et l’ENSAM ?

Olivier Rouillon : Je pense que nous sommes arrivés au bout du système que nous avons mis en place. C’est du « bricolage intelligent » car il est compliqué d’organiser deux journées comme cela. Plus il y a de monde, plus c’est compliqué car cela demande une grosse logistique. Heureusement que France Picot, de la Fédération, nous appuie sur tous ces aspects là avec une mise en place d’outils qui règle un certain nombre de problèmes. Même avec ça, nous ne sommes cependant pas à l’abri d’un événement contraire comme une tempête de neige qui aurait empêché nos invités américains de venir à Paris !
Nous réfléchissons à une évolution de cette conférence et, parallèlement à cela, nous allons monter cette formation car c’est une demande des participants. Le tout pour leur donner un esprit critique à ce qu’on leur raconte, les outils dédiés afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes si tel ou tel matériel est performant, plus fiable et intéressant qu’un autre... L’objectif est qu’ils comprennent ce que leur disent les vendeurs.

Quels sont ces axes d’évolution mentionnés plus haut ?

Olivier Rouillon : Rien n’est figé pour l’instant même si nous nous interrogeons sur passer d’une échéance annuelle à biennale pour avoir de vrais nouveautés et aussi préserver de l’énergie pour organiser la formation universitaire qui va demander beaucoup de travail. D’autres pays européens font des conférences à l’instar de l’Espagne donc une des idées serait de se raccrocher à ce qu’elle fait, d’y aller et de passer quelques éléments de communication. Nous envisageons également à terme un événement européen.

La venue de nombreux experts étrangers prouve-t-elle que le golf français a un impact international même en biomécanique ?

Philippe Rouch : Il y a un savoir-faire français qui est partagé via ces deux jours de conférence mais pas seulement. Ce qui explique aussi pourquoi nous cherchons à faire évoluer le format. Maintenant que les gens assistent à l’événement depuis six ans puis, durant toute l’année qui suit, se forment et travaillent ses concepts, l’attente peut être différente d’un exposé de 30 minutes.
Les participants souhaitent être sur un format plus long, plus en phase avec la réalité du jeu. Dans ce sens, je pense que les quatre cycles de formation que nous allons proposer peuvent être le plus qu’ils attendent pour aller vraiment plus loin et ne pas être uniquement spectateur.
Déjà, le format de que nous avons proposé depuis maintenant trois ans, avec des ateliers pratiques le deuxième jour, n'est pratiqué nulle part ailleurs. C’était une innovation qui avait été extrêmement apprécié, le tout sur un format de deux heures. Donc si nous sommes capables de faire ça sur un format de deux journées avec des ateliers différents, nous allons apporter réellement quelque chose qui, à mon avis, est un manque dans ce qui peut être fait de façon globale pour les entraîneurs, préparateurs physiques… Donc il y a une vraie volonté de créer quelque chose originale qui répond à ces attentes.

Olivier Rouillon : Il faut préciser que les données que nous sommes capables de présenter à partir des travaux de recherche n’ont pas d’équivalent au monde à l’instant où vous lisez ces lignes. La biomécanique du golf, d’origine française, est donc bien reconnue comme l’a dit l’Américain invité David Orr.

Philippe Rouch :  L’Institut national de biomécanique a remplacé le laboratoire de biomécanique en 1979. Les travaux sur le sport ont commencé au début des années 90 donc il y a un énorme historique sur la biomécanique du sport. Ceux sur le golf ont démarré de façon très intense il y a trois ans. Nous avons tout de suite eu la chance d’avoir un doctorant, Maxime Bourgain, qui travaille à temps plein sur cette mécanique là.
Le partenariat avec la ffgolf est extraordinaire car tout est mis en place pour la réussite du projet. Il faut donc remercier la Fédération, son président mais aussi toutes les petites mains. On ne peut pas rêver meilleur partenariat car c’est du "gagnant-gagnant". Nous progressons dans nos connaissances que nous transmettons à la Fédération e vice versa et ce, au service du golf en France.

Que diriez vous pour inciter les personnes indécis à venir assister à la conférence ?

Philippe Rouch : Nous essayons de faire en sorte que les conférences aient un haut niveau scientifique mais soit le plus accessible possible pour que même des gens avec peu voire aucune expérience en mécanique, physique ou mathématiques puissent y assister. Il n’y a quasiment aucune formule, tout est très graphique et audiovisuel pour que les concepts soient intégrés sans avoir le frein de la partie purement théorique. Pas de quoi avoir peur donc. L’augmentation de l’affluence est principalement dû au bouche à oreille. Ce qui sont déjà venus reviennent mais en font venir d’autres. On ne peut pas avoir meilleure publicité.