À la sortie de leur cursus en université américaine, les étudiants tricolores désireux d’entamer une carrière professionnelle ont le choix entre rester aux États-Unis pour tenter de rejoindre le PGA Tour, le LPGA Tour ou leurs satellites, ou rentrer en Europe pour en faire de même sur les circuits du Vieux Continent. Dans les deux cas, une même contrainte : gagner son ticket d’entrée à la force des clubs.

Comment-ca-marche-les-facs-US-6-6-A-la-sortie-trouver-sa-voie-et-se-faire-sa-place.jpeg

Cela ressemble presque à la recherche du premier emploi pour les jeunes diplômés de cursus plus classiques. La différence majeure étant sans doute qu’aucun parmi eux ne passerait un entretien d’embauche au bord d’un fairway (c’est d’ailleurs dommage, mais passons…). Mais pour le reste, les similarités sont nombreuses avec les étudiants sortant d’une formation golfique en université américaine, et désireux d’en faire leur métier : choix d’une voie offrant le bon compromis entre facilité d’accès et caractère lucratif, réussite dans les examens de passage, et constitution (ou maintien) d’un staff personnel pour maximiser ses chances.

Deux voies principales

Chez les messieurs comme chez les dames, deux voies de circulation peuvent mener les jeunes Français vers les hauteurs du golf pro, avec l’Océan Atlantique dans le rôle de séparateur central. L’une d’entre elles consiste en effet à rester sur le continent américain, afin de se lancer sur les circuits PGA ou LPGA, le plus souvent en commençant par leurs satellites.

Jérémy Gandon, par exemple, a pris cette option. Sorti diplômé de l’université de Kansas State en mai 2019, il a suivi le chemin très emprunté du Mackenzie Tour, dont il avait passé les cartes avec succès dès le mois de mars de la même année, au milieu des tournois universitaires qu’il continuait à disputer. Ce circuit de troisième division du PGA Tour, dont les tournois se disputent de manière très resserrée de mai à septembre et presque exclusivement au Canada, lui avait ainsi permis de faire ses débuts chez les pros la semaine suivant sa sortie de la fac.

« C’était clair que je voulais rester aux États-Unis et tenter ma chance sur le PGA Tour en premier, explique le joueur drômois. Au début de ma dernière année de fac, j’avais déjà cette idée en tête. Mais si je n’avais pas eu ma carte immédiatement, je pense que je serais rentré en France. »

Cette seconde voie européenne a notamment été choisie par David Ravetto. Sorti de TCU au printemps 2020, le joueur du Racing est rentré sur le Vieux Continent, en partie, il est vrai, par suite de la pandémie de Covid-19. Cette dernière a, en effet, entraîné l’annulation des cartes (la Q-school, dans le dialecte nord-américain) du Mackenzie Tour, mais aussi celles du Kern Ferry Tour, la deuxième division américaine, en 2020. Resté amateur le temps d’un été (ce qui lui a permis de décrocher une victoire au Brabazon), le Racingman a passé, avec succès, les cartes de l’Alps Tour et du Pro Golf Tour.

« C’était plus facile pour moi de trouver des sponsors en France, afin de financer ma saison, livre David Ravetto. Et je me suis dit, aussi, que ce serait plus facile d’atteindre le Tour européen que le PGA Tour. Mais c’est vrai que dans une année normale, j’aurais sans doute passé les cartes du Mackenzie en mars. »

Les cartes, passage (presque) obligé

Bien sûr, comme toute règle qui se respecte, elle a ses exceptions. Chez les messieurs, elles se nomment entre autres Viktor HovlandMatthew Wolff ou encore, quelques années avant eux, Bryson DeChambeau, autant de joueurs ayant réussi à obtenir des invitations sur le PGA Tour dès leur sortie de la fac (puis à tout aussi vite se passer d’invitation pour rentrer dans le champ de ces mêmes tournois).

Mais pour tous les autres, autrement dit l’écrasante majorité, se qualifier lors d’une épreuve de cartes, en Amérique ou en Europe, est une étape incontournable. La chose est cependant en train d’évoluer, avec la mise en place, l’année dernière, du programme PGA Tour University. Le principe : les cinq meilleurs joueurs de NCAA à la fin d’une saison, pour peu qu’ils soient dans leur dernière année d’éligibilité aux tournois universitaires (lire épisodes 4 et 5), obtiennent directement un droit de jeu sur le Korn Ferry Tour. Ceux qui les suivent au classement jusqu’à la 15e place obtiennent quant à eux des laissez-passer vers le Mackenzie Tour, le PGA Tour Latinoamérica ou le PGA Tour China-Series, les trois satellites de troisième division, ou vers les cartes du Korn Ferry Tour.

Julien Sale, ex-étudiant d’Arkansas State, faisait partie des joueurs ayant un œil sur ce nouveau système. « Ça fait partie d’un de mes objectifs de bien jouer cette saison et de m’améliorer dans ce classement le plus possible, pour pouvoir sauter des étapes des Q-schools, et me rendre la tâche un peu plus simple », confirmait à l'époque le Réunionnais, qui est désormais pensionnaire du Challenge Tour.

Chez les dames, le système a également évolué ces dernières années, mais dans une direction différente. Depuis 2018, les joueuses peuvent passer les cartes du LPGA Tour en fin d’année, y obtenir un droit de jeu (que ce soit sur le circuit principal ou sur le Symetra Tour, la deuxième division), mais garder leur statut universitaire (et donc amateur) jusqu’à la fin de leur cursus, au printemps suivant. Auparavant, elles devaient choisir immédiatement après la Q-school entre les deux statuts.

Cette voie était celle que s’était tracée Pauline Roussin-Bouchard, alors n°1 mondiale amateur, au début de l’année 2020. Il s’agissait pour la joueuse varoise de tenter les cartes du LPGA Tour à l’automne, et d’aller au bout de sa deuxième année à South Carolina quoi qu’il arrive, même en cas de réussite (et donc de prendre la saison pro en cours). Évidemment, la pandémie ayant provoqué l’annulation des Q-schools du LPGA Tour et du Symetra Tour, ses plans se sont trouvés décalés.

Et la fac, dans tout ça ?

Tout cela fait beaucoup de choses, et un constat s’impose : même si la transition de la fac au monde professionnel peut se faire sans heurts, elle implique tout de même pas mal de changements et de bouleversements. « En université, on a tout un staff qui nous est servi sur un plateau, reconnaît Jérémy Gandon. Le passage chez les pros, ça fait un choc au niveau encadrement et intendance. Mais on s’adapte vite. » Et même si les étudiants essaient d’anticiper un maximum leur avenir, y compris en prenant conseil au sein de leur université, « l’objectif des coaches, à la fac, ça reste que tu joues bien pour eux. »

« Quand on est étudiant, on nous apprend le basique, résume David Ravetto. Mais quand on passe pro, on est tout seul. En général, quand même, on s’est préparé avant, en se constituant un staff. » De quoi aborder une nouvelle vie. Avec, malgré tout, le souvenir possiblement nostalgique de ses années de fac.