Le Scratch Players World Amateur Ranking, apparu en 2007, est la principale alternative au plus officiel WAGR. Mode de calcul, nombre de tournois et de joueurs comptabilisés… Explications sur un classement parfois considéré comme plus précis.

Martin Couvra, ici lors des Mondiaux amateurs par équipes 2022, est actuellement le Français le mieux classé au SPWAR (28e). © Lucas Hélin / ffgolf

De quoi parle-t-on ?

Qu’ils se nomment World Amateur Golf Ranking (WAGR), Scratch Players World Amateur Ranking (SWPAR) ou autres, tous les classements mondiaux amateurs sont nés de la même nécessité, particulièrement mise en évidence à partir du milieu des années 2000 : avoir une claire hiérarchie dans le haut niveau amateur, dans un monde où chaque région avait ses propres modes de calcul d’index. Ainsi, en janvier 2007, le SPWAR (le 13) et le WAGR (le 23) sont apparus quasi simultanément sur le web.

Le WAGR, dont le mode de calcul a subi quelques évolutions début janvier 2023, a été principalement mis sur pieds par David Moir, qui travaillait alors au Royal & Ancient (R&A), la principale instance de régulation du jeu sur le Vieux continent. En février 2011, la United States Golf Association (USGA), l’homologue américaine du R&A, a décidé, elle aussi, de se baser sur le WAGR. Malgré cela, le SPWAR subsiste encore aujourd’hui.

Qui gère le SPWAR ?

Si les deux plus gros organes officiels du jeu de golf ne prennent aucune part à l’élaboration du SPWAR, alors la question se pose : qui s’en occupe ? La réponse peut surprendre au premier abord : un seul homme. Et ce depuis le début de l’aventure.

Cette dernière débute en 1999, lorsque Fred Solomon, un joueur scratch (autrement dit de handicap zéro) vivant du côté de San Francisco, fonde avec des amis le Scratch Players Group (SPG). Le but : créer une sorte de circuit pour les joueurs de haut niveau, pros ou amateurs, et surtout aider à mettre sur pieds des tournois ambitieux. Cette association à but non lucratif a notamment organisé, de 2000 à 2010, le Scratch Players Championship, qui se revendiquait lui-même comme étant l’équivalent amateur du Players Championship. Sa dernière édition, en 2010, a d’ailleurs été remportée par le Français Romain Wattel.

En parallèle de tout cela, Fred Solomon a envisagé, dès 2002, de compiler des résultats amateurs du monde entier pour en faire un classement. Un travail véritablement démarré en 2004, construit patiemment sur les années 2005 et 2006, afin de présenter, en janvier 2007, un classement prêt à servir et à évoluer. Aujourd’hui encore, l’Américain est seul à la barre du SPWAR. Une solitude qui est la principale explication quant à l’absence d’un SPWAR féminin.

Bastian Amat, 82e, est le deuxième français le mieux classé au SPWAR. © University of New Mexico

Comment fonctionne le SPWAR ?

La méthode précise de calcul est soigneusement gardée confidentielle par Fred Solomon lui-même. Du moins celle permettant d’attribuer un certain nombre de points pour un tournoi donné. Tout juste sait-on qu’elle est avant tout basée sur la force du champ de joueurs d’un tournoi, mais également, entre autres, sur le nombre de tours que ledit tournoi comporte.

En revanche, une fois cette donnée (le nombre de points pour un tournoi) connue, la procédure est transparente. Prenons l’exemple d’un joueur qui inscrirait 100 points lors d’un tournoi. Ces 100 points restent intacts lors des 30 premiers jours suivant la conclusion de l’événement. Mais ensuite, ils "vieillissent". Entre 30 et 90 jours, ils s’érodent chaque jour pour ne plus faire que 80 points. Puis l’érosion se poursuit, une nouvelle fois de manière quotidienne, jusqu’à arriver à zéro deux ans après l’événement originel. Autrement dit, les résultats récents ont un impact plus important que les résultats plus anciens.

Quel est son poids ?

Les autres singularités notables du SPWAR sont donc l’actualisation quotidienne, alors qu’elle est hebdomadaire dans le cas du WAGR, et le nombre sensiblement plus important de tournois (4 500 contre 2 900) et de joueurs (17 500 contre 4 900) pris en compte par le SPWAR. Par ailleurs, ce dernier inclut les matches gagnés ou perdus dans les tournois par équipes (le WAGR ne note que les participations), et retire les joueurs pros du classement plus rapidement.

En conséquence de tout ça, le SPWAR n’hésite pas à se qualifier lui-même de « classement amateur le plus précis dans l’histoire du golf », ou encore comme « étalon or des classements mondiaux amateurs ». Ce qui peut passer pour de l’autocongratulation est néanmoins un avis partagé ailleurs. Aux États-Unis, une majorité des événements qui ne sont pas organisés directement par l’USGA (puisque celle-ci soutient le WAGR) se basent prioritairement sur le SPWAR pour constituer leur champ de joueurs.

Et les Français, dans tout ça ?

Martin Couvra, joueur amateur français le mieux classé, qu’il s’agisse du SPWAR ou du WAGR, est une bonne illustration de la différence de philosophie entre les deux classements. Le récent lauréat d’une triple couronne en Afrique du Sud occupe le 63e rang au WAGR, mais le 28e au SPWAR. Suivent Bastien Amat, 82e, et Paul Beauvy, 190e.