En plongeant dans la vie de Paul, Hervé, Sandrine, Sylvain et Franck, le temps d’une journée, pour vous faire découvrir leur métier et leur amour pour le golf, j’ai finalement retrouvé ce qui faisait que le golf était un sport magnifique.

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Hervé, pompier et joueur de La Nivelle, était cette année l'un des visages du golf. © Lucas Hélin / ffgolf

Un boucher, des pompiers, une infirmière, un boulanger et un pêcheur. En 2025, j’ai eu pour mission de vous faire découvrir quelques visages du golf à travers une série de cinq portraits diffusés sur nos canaux. Ces golfeurs de tous les jours ont la singularité d’avoir un métier qui sortait du starter pack très cliché entretenu par les cols blancs qui pratiquent ce sport. Ce projet confié, je dois avouer que je m’y projetais difficilement. Au sortir d’une année 2024 où j’avais suivi Martin Couvra et Tom Vaillant sur les circuits professionnels européens, l’idée de filmer des amateurs souffrait quelque peu de la comparaison. Ne serait-ce que pour la variété des images : si je pouvais me placer les yeux fermés devant les pros pour les cadrer de façon à les avoir de 3/4 face au moment de finir le swing, la crainte de prendre une socket dans les mirettes avec les amateurs me forçait à favoriser les plans de dos. Mais malgré cette contrainte, et malgré l’éloignement du monde pro, huit mois après le début de cette série qui connaîtra une saison 2 en 2026, je me réjouis de l’avoir déroulée.

Ce golf que j’ai filmé est celui que connait la grande majorité des golfeurs. Le « vrai » golf diraient certains. S’il prend plusieurs formes selon que l’on s’intéresse ou non à son actualité, il n’en reste pas moins réaliste lorsqu’il est simplement un loisir. Loin du haut niveau, des grands parcours de renommée internationale, des cartes de 72 et moins, ce golf-là présente aussi toute la magie de ce sport souvent incompris. La passion, la compétition, le partage… j’ai finalement retrouvé chez ces amateurs ce que je voyais aussi chez les pros.

D’abord parce que le golfeur, lambda ou reconnu, est un omnivore d’histoires. Servez-lui un nom de parcours, une anecdote de birdie, où un souvenir de Masters et il vous l’échangera contre l’une des siennes. À titre personnel, j’ai souvent repoussé ce défaut qu’ont la grande majorité des pratiquants à raconter la quasi-totalité de leurs 18 trous. Pourquoi avoir besoin de détailler même un coup en particulier, celui du 7 à Isabella, c’était un samedi, le vent venait de la droite et la balle n’était pas forcément bien placée dans le rough ; d’ailleurs, tu connais Isabella ? C’est un parcours qui… vous avez saisi. Et peu à peu, j’ai moi aussi compris. À donner toujours plus de détails, on donne la possibilité à l’autre de trouver un point commun, de se rappeler, de donner envie : en somme, de se connecter et de partager. J’étais d’ailleurs surpris de voir que Paul, Hervé, Sandrine, Sylvain et Franck, mes stars de l’année, posaient parfois plus de questions que je n’en avais. « Et tu connais un peu les joueurs pro ? Et c’est quoi le plus beau parcours où tu es allé ? Tu joues beaucoup ? » Hors caméra, nous nous connections. Car le golfeur, le vrai, aime principalement parler du jeu. Il y joue pour en parler et il en joue lorsqu’il en parle. De manière légèrement narcissique, certes, mais il y a là toujours la notion d’amour.

La passion du partage

Il est une parenthèse que je me dois d’ouvrir avant d’aborder la deuxième facette qui m’a marqué chez mes cinq fantastiques : leur aisance insoupçonnée pour la caméra. Peu évident est l’exercice de devoir, le temps d’une journée, parler à un objectif et un journaliste que l’on ne connaît ni d’Ève ni d’Adam. Et pourtant, tous m’ont ouvert en grand les portes de leur vie. En quelques heures, nous passions d’étrangers purs à copains de table au déjeuner. Détail futile mais posez-vous la question : quel autre sport ou quelle autre scène de la vie peut vous amenez à rompre le pain, de manière conviviale, avec un total inconnu en si peu de temps ? J’ai pratiqué de nombreuses disciplines dans ma vie mais il n’en existe aucune autre qui permette de créer une relation profonde aussi vite, même éphémère.

C’est ainsi que j’ai été l’aficionado de Hervé et de son équipe de La Nivelle lors de la Gounouilhou en mai de cette année. Rencontré quelques semaines plus tôt, je revoyais le Basque au Golf des Aisses presque comme un ami et je suivais ses partenaires ô combien chaleureux comme on suivrait son club favori.

De golfeur à pompier, il n'y a qu'un pas. © Arnaud Blanc / ffgolf

Cette connivence avec chacun m’a aussi amené, parfois, à taper la balle avec quelques-uns d'entre eux. S’il a la facilité pour en parler, le vrai golfeur est tout aussi rapide pour proposer à untel de le rejoindre dans sa partie. J’ai donc eu la chance de pouvoir taper quelques drives à Palmola et à Pléneuf mais surtout d’observer d’autres traits communs à tous les amoureux de la balle blanche. L’esprit de compétition et de camaraderie. Tous avaient l’amour du jeu, l’excitation du birdie, le râle de la virgule et le sourire du drive bien claqué - comme les pros. Homme, femme, trentenaire à quinquagénaire, de longue date ou dans leurs premières années de jeu, leurs différences de profil se fondaient finalement dans ces mêmes émotions alors que des kilomètres de région les séparaient. Et malgré le caractère répétitif de chaque vidéo, aucune n'était finalement identique.

Merci donc à Paul et Franck de m’avoir fait jouer dans vos jardins. Merci à Hervé et Sébastien de m’avoir fait vivre un rêve d’enfant à la caserne. Merci à Sandrine, Sylvain et tous les visages du golf de m’avoir donné rendez-vous pour une partie lorsque je serai à nouveau de passage chez vous. Avec vous comme représentants de ce que nous sommes nous, golfeurs de tous les jours, le golf en France a de très belles années devant lui, pleines de valeurs fantastiques.