Chaque jour, la rédaction de la ffgolf vous présente le coup de cœur de l’un de ses membres. Aujourd’hui, le sacre de Victor Perez au Dutch Open, par Sébastien Cachard-Berger.

© AFP

Des hurlements d’excitation percent l’ambiance feutrée du club-house du Golf Club de Lyon. Dimanche 29 mai, aux alentours de 17 heures, le golf lyonnais hôte du trophée Golfers’ Club retrouve tout juste le calme, après la tempête née du triomphe du RCF La Boulie dans ces championnats de France par équipes féminin. Pour moi, l’heure est au montage de la vidéo du résumé de la finale qui opposait quelques instants plus tôt les ciel-et-blanc au Paris Country Club. D’abord, dérusher les interviews des lauréates. Un exercice toujours agréable mais aujourd’hui plus difficile que prévu. Une fois n’est pas coutume, mon attention est ailleurs au moment de sélectionner les quelques phrases de bonheur qui viendront nourrir ma vidéo. Ailleurs ? Plus précisément rivée sur le petit écran qui diffuse le Dutch Open, épreuve du circuit européen masculin où Victor Perez est en train de réaliser l’impensable.

Mais n’allons pas trop vite…

Quelques heures plus tôt, au moment où débutent les simples de cette finale de Golfers’, mon œil traîne déjà du côté du leaderboard du tournoi du DP World Tour. La veille, Victor Perez s’est en effet installé au sommet du classement aux côtés de l’Anglais Matt Wallace. Et le Tarbais débute parfaitement son dernier tour. Trois birdies sur l’aller lui permettent de pointer seul en tête. De mon côté, je suis happé par les matchs spectaculaires que se livrent Racingwomen et Parisiennes. Caméra à la main, j’arpente le parcours des Sangliers essayant de ne rien rater de cette finale. En tête 2-0 après les foursomes matinaux, le RCF n’a besoin que de deux points pour l’emporter. Cela peut donc aller vite, comme s’étirer de longues heures si les Orange se révoltent. Quoiqu’il en soit, il faut être vigilant pour ne pas manquer les putts décisifs.

Le scénario de la victoire rapide de la Boulie se dessine avec le troisième point remporté par Mila Jurine. C’est bon, le putt de la gagne est dans la boîte. Un coup d’œil sur mon téléphone pour voir où en est Victor aux Pays-Bas. Hélas, un bogey au 10, combiné au festival offensif de Ryan Fox, l’a fait reculer à trois coups de la tête. La victoire du Tarbais s’éloigne, même s’il lui reste encore quelques trous à jouer. Je peux me reconcentrer sur ma finale.

Pauline Stein a beau remporter son match face à Alexandra Vilatte-Farret, la victoire du RCF semble inéluctable puisque les trois derniers matchs tournent en faveur des ciel-et-blanc. Reste à savoir qui aura l’honneur d’apporter le point décisif et surtout, pour moi, à bien me placer pour ne pas manquer le dernier putt. Mission accomplie, je suis au bord du green du 16 au moment au Vairana Heck offre à son club son 17e titre de champion de France.

Les scènes de joie s’enchaînent, effusions et plongeons dans le plan d’eau du 18. Place aux interviews humides d’Inès Archer et de la capitaine Clémence Abrahamian. Tout à ma tâche, j’en ai oublié Victor Perez au moment de retrouver mon bureau pour m’attaquer au montage du résumé du jour. Le leaderboard du Dutch Open ouvert sur mon ordinateur m’apprend que le Français vient de réaliser un birdie au 17 et que son rival néo-zélandais a lui commis un vilain double au 18. Je m’empresse d’allumer Golf+ pour assister à la fin de partie du Tarbais. Le voilà à l’adresse sur le green du 18 avec un putt pour remporter sa deuxième victoire sur le Tour. Aïe, manqué !

Je me lance donc sur mon montage en attendant le début du play-off. Le voilà qui commence, et plutôt mal pour Victor qui doit rentrer son putt à six mètres pour rester en vie. Et la balle du Français tombe, premier cri de joie. C’est décidé, je me reconcentrerai sur ma vidéo quand le play-off sera terminé.

Deuxième trou additionnel, partagé

Et sur le troisième, Victor est encore à la peine, le voilà avec 10 mètres pour se sauver de nouveau. Ficelle hallucinante, poing serré du Tarbais et nouveau cri nettement moins contenu de ma part. Mes collègues, affairés eux aussi à leur tâche en cette fin de Golfers’, me rejoignent devant l’écran pour le quatrième trou de play-off. Encore une fois, Fox semble mieux embarqué que Perez. Six mètres pour le Kiwi contre une douzaine pour notre Bleu… qui signe à nouveau un putt monumental. Ma chaise bascule comme je me lève en hurlant. Fox ne s’en remettra pas cette fois, sa tentative pour birdie est manquée et voilà Victor Perez à la tête de deux titres sur le DP World Tour, à l’issue du plus incroyable play-off qu’il m’ait été donné de voir.

Quelques minutes plus tard, l’excitation retombe un peu et je peux enfin boucler ma vidéo. Avec un petit peu de retard certes, mais comment faire autrement à l’issue de l’une des plus belles journées de travail de l’année, et du moment le plus marquant de la saison pour le fan de golf que je suis ? Je me le répète le soir en me couchant : décidément, j’ai de la chance de mêler ainsi travail et passion.

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