Passé pro en janvier 2019, Frédéric Lacroix revient pour nous sur ce passage entre le statut d’amateur et celui de professionnel. Une étape cruciale de sa carrière entre incertitude et excitation.

Aujourd'hui joueur pro, Frédéric Lacroix bénéficie encore d'une aide financière de la Fédération. © TRISTAN JONES

À l’heure où la Fédération va mettre en place de nouveaux dispositifs pour accompagner les amateurs dans leur transition pro, Frédéric Lacroix nous offre son point de vue et son expérience sur cette période si importante et si complexe à négocier.

Quel a été l’élément déclencheur pour te lancer dans le monde professionnel ?

Frédéric Lacroix : quand j’étais amateur je n’étais pas l’un des meilleurs mais j’avais en tête de passer pro depuis un moment. En parallèle du golf je voulais absolument faire des études. C’est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur. Du coup j’ai pris un peu de retard par rapport à d’autres garçons qui consacraient quasiment l’intégralité de leur temps au golf.

Une fois mon cursus scolaire terminé, j’ai vraiment pu me consacrer au golf et je jouais de mieux en mieux. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose.

Comment as-tu négocié ta fin de carrière amateur ?

Frédéric Lacroix : À partir de 2018 je m’entraînais beaucoup plus. J’organisais mes entraînements d’une manière plus poussée. J’ai intégré les équipes de France et j’ai donc pu jouer de plus gros tournois. J’ai également beaucoup voyagé et je pense que ces étapes étaient un vrai plus dans mon apprentissage. Déjà à ce moment je sentais que j’étais en train de préparer ce passage vers le statut de pro. C’est tout bête mais voyager t’apprend à t’organiser.

Ensuite la Fédération m’a poussé à m’entourer d’un staff complet avec un coach technique, un coach physique et un coach mental. Encore une fois cette étape faisait partie intégrante de cette transition. Comme j’étais à la Boulie j’ai eu la chance d’avoir Franck Lorenzo-Vera et du coup j’ai pu profité de ça. Ça s’est fait assez naturellement, je me sentais bien avec cet entourage en tant qu’amateur et du coup je l’ai gardé quand je suis passé pro.

Il faut y aller quand on se sent prêt.

Mis à part le golf, comment as-tu géré les à-côtés ? Financièrement notamment ?

Frédéric Lacroix : En fin de carrière amateur, je n’ai pas couté très cher à mes parents. La Fédération à cette époque ne se focalisait pas que sur les joueurs au sein des pôles. Ils ont ouvert les aides à d’autres joueurs prometteurs et du coup j’ai bénéficié des remboursements des frais de déplacement. Franchement, partir sur une saison en sachant que tout est quasiment financé ça fait du bien. C’est une véritable différence par rapport au statut de pro surtout lors des premières années.

En terme de golf pur je pense que j’étais plutôt bien préparé mais je l’étais moins sur d’autres points. Quand tu passes pro tu deviens un peu le patron de ta société. J’étais perdu sur le côté fiscal et encore aujourd’hui c’est difficile de tout comprendre donc j’ai pris un expert comptable pour gérer mes débuts et je ne regrette rien même si ça me coûte un peu d’argent. C’est un confort supplémentaire qui m’aide à rester focus sur le jeu. Au tout début c’était vraiment le flou total. On sait qu’un tournoi va nous couter tant et du coup tu commences à faire tes calculs mais il y a toujours cette incertitude qui plane au dessus de ta tête. En plus je n’avais pas de sponsor quand suis passé pro. Heureusement j’ai gagné rapidement et à trois reprises sur l’Alps Tour ce qui m’a donné un peu d’argent pour financer le reste de la saison.

T’es-tu senti épaulé lors de cette transition ?

Frédéric Lacroix : Dans l’ensemble oui. Avant d’être pro j’ai adoré jouer avec le polo France et j’ai gagné du temps sur pleins de domaines. Et une fois pro J’ai bénéficié d’invitations pour aller jouer sur le Challenge Tour mais aussi à l’Open de France. C’est un vrai plus, j’ai gagné en expérience et en visibilité. C’est un soutien de taille quand tu veux faire ta place parmi les meilleurs surtout quand tu as une catégorie un peu short comme celle que j’avais en 2019. Encore aujourd’hui la Fédération m’aide financièrement avec un somme non négligeable.

Après sur d’autres choses on doit un peu plus se débrouiller nous-même. La gestion du calendrier par exemple je l’ai appris un peu sur le coup. Trouver un agent aussi j’ai du le faire seul mais encore une fois j’ai la chance d’avoir des contacts qui m’ont dirigé vers les bonnes personnes. Finalement devoir gérer tout ça seul c’est peut-être bénéfique. En tout cas moi ça me convient. J’ai pu me faire ma propre idée de comment gérer ma carrière.

Si tu devais le refaire, fonctionnerais-tu autrement ?

Frédéric Lacroix : Je pense que je ne changerais pas grand-chose. Pour moi il faut être curieux, aller un peu partout, ne pas négliger les petits circuits, s’entourer des bonnes personnes et le faire relativement tôt.

J’ai plutôt bien vécu ma transition entre l’amateur et le pro. Il Faut y aller quand on se sent prêt. Être pro c’est gérer son entreprise mais toute la période avant le passage pro c’est un peu comme créer un business plan. C'est une superbe aventure avec ces obstacles à franchir mais ça vaut le coup.