La joueuse du Golf Club de Lyon vient d’enchaîner, en à peine un mois, des victoires aux Internationaux de Suisse et aux Internationaux d’Espagne de stroke play. À 16 ans, elle-même en est désormais convaincue : elle a davantage que le niveau national.

Sara Brentcheneff a conquis ses deux plus belles victoires en moins d'un mois. © Tomas Stevens / ffgolf

« Je n’en reviens toujours pas » ; « Je ne m’y attendais pas du tout » ; « Et puis deux fois en plus ! ». Depuis ses victoires aux Internationaux de Suisse, début octobre, puis aux Internationaux d’Espagne de stroke play à peine un mois plus tard, Sara Brentcheneff a un peu de mal à atterrir. Mais elle peut se rassurer : la procédure ne présente aucune urgence. Au contraire, l’aéro-Brentcheneff est sur une trajectoire ascendante. Et compte bien poursuivre sur sa lancée.

« Il fallait que j'aille à l'international »

Si l’on se place du point de vue de l’observateur au sol, les radars n’ont pas attendu son survol des Internationaux de Suisse pour la signaler. Déjà au Terre Blanche Ladies Open, au mois de mars, elle signait un top 10 dans un tournoi professionnel. Mais sa montée en puissance est surtout intervenue à la fin de l’été, avec une troisième place aux Internationaux d’Italie U18 (derrière Justine Bayle), puis une deuxième place lors des Internationaux de France Dames, en septembre à Chiberta. Un tracé basque où, en juillet, elle avait enlevé le grand prix pour la deuxième année consécutive. Et où elle avait conquis, fin 2022, le titre de championne de France minimes.

Or donc, son rayon d’action semble bien devenu plus grand que la seule sphère nationale. Et si ses deux succès de l’automne en attestent, sa propre conscience de la chose remonte plutôt au début de l’été. « Au mois de juin, on a eu une discussion avec Nicolas Subrin (conseiller technique de la ligue Grand-Est) et Jean-Luc Cayla (directeur national de la performance), narre la native de Vienne. Et ils m’ont dit d’y aller, que si je voulais avancer, il fallait que j’aille à l’international. Et franchement, je les remercie énormément. Je pensais avoir un bon niveau national, mais pas international. Je ne me rendais pas compte. »

Comme une Formule 1

Cinq mois plus tard, le regard que porte la joueuse sur son potentiel est, forcément, différent. Surtout après sa victoire aux Internationaux d’Espagne de stroke play. Non seulement celle-ci a été acquise avec cinq longueurs d’avance sur un contingent espagnol rempli de joueuses championnes d’Europe par équipes, joueuses de Ping Junior Solheim Cup ou autres Junior Ryder Cup. Mais en plus, Sara Brentcheneff a été la chercher à l’issue d’une semaine compliquée. « Je jouais très bien au golf, mais je suis tombée malade le soir du deuxième tour, explique-t-elle. Heureusement, ma meilleure amie est docteur, et elle m’a donné les cachets qu’il fallait. Je garantis que les cachets n’étaient pas bons (rires), mais il fallait les prendre. Au bout de trois jours, j’avais l’impression d’avoir joué en tournoi pendant un mois entier. »

Alors, ça y est ? Sara Brentcheneff est lancée, et on ne l’arrête plus ? « Exactement, comme une Formule 1, répond-elle spontanément dans un rire. D’ailleurs, c’est comme ça que me surnomme mon coach physique, Bernard Montagnon : la Formule 1. » Car une chose, elle, est tout sauf nouvelle : la joueuse du Golf Club de Lyon (GCL) a du tempérament. Et n’a aucune intention de se faire passer pour quelqu’un d’autre en le dissimulant. « Et puis pour évoluer à haut niveau, il faut du tempérament, pas le choix », ajoute-t-elle.

« Ce que je sais, c’est qu’il faudra que je joue au golf »

Mais ses deux récentes victoires lui ont visiblement permis d’en connaître davantage sur elle-même. Comme l’ensemble de cette saison, à vrai dire. « Depuis le début de l’année, je ne fais qu’apprendre, admet-elle. Mais ces deux derniers tournois m’ont vraiment appris à me connaître vraiment. À savoir comment je pouvais gagner, comment je suis sur un parcours de golf. Plus je suis relâchée, mieux je suis. »

En Suisse comme en Espagne, la présence de sa coéquipière du GCL Ariane Klotz, elle aussi bien placée, l’a justement aidée à rapprocher les moments sous pression du cadre de l’amicale partie du week-end. Celle qu’elle décrit comme sa « grande sœur » (il est vrai qu’à 1,84 m, ça culmine) s’apprête à rejoindre les rangs professionnels, chemin qu’elle pourrait bien suivre à plus ou moins brève échéance.

Actuellement en classe de première, Sara Brentcheneff se laisse encore quelques mois pour décider si, après le bac, elle s’orientera vers la filière universitaire, ou directement vers le monde pro. « Ce que je sais, c’est qu’il faudra que je joue au golf, campe-t-elle. Certes, il y a les États-Unis, mais je pense que le mode de vie américain ne me convient pas très bien. Je pense que j’aurais des idées un peu plus claires à la fin de l’hiver. Je prendrai une décision au moment du British Ladies, au mois de juin. »

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L'ACTUEL RANG, AU CLASSEMENT MONDIAL AMATEUR, DE SARA BRENTCHENEFF. SOIT LA MEILLEURE PLACE OCCUPÉE PAR CELLE QUI A EU 16 ANS EN JUILLET DERNIER.

Avant ça, il y aura, en mai, un Trophée Golfers’ Club avec le GCL, équipe forcément attendue pour une revanche, après une finale solide mais perdue, en 2023, face au RCF La Boulie. « On a montré qu’on était capables d’aller en finale, il ne nous reste que l’étape d’après », déroule logiquement Sara Brentcheneff.

Mais si l’on parle de compétitions par équipes en 2024, là encore, il faut également considérer le niveau du dessus. La semaine passée, la météo défavorable (un euphémisme si l’on considère les balles qui ne tenaient pas sur les greens de Moliets) l’a empêchée, deux ans après, de connaître une nouvelle sélection en équipe de France, lors du France-Espagne U16, annulé. « Ça fera forcément partie des objectifs l’an prochain, j’ai envie de faire un Championnat d’Europe par équipes, affirme-t-elle. Et même tous les autres tournois, j’ai envie de les faire. » Car même cette semaine avortée lui a permis de revivre cette dynamique de groupe, même si les seules parties complètes que les jeunes Français ont pu disputer se sont jouées au billard. Après tout, ça change du golf. Et de la Formule 1.