Après un retour sur le circuit européen en 2020, Jean-Baptiste Gonnet a rangé les clubs au placard il y a un peu plus d'un an pour se consacrer pleinement à son nouveau métier, celui d'enseignant à l'Old Course Cannes Golf Links. Épanoui, il ne ferme pas la porte pour autant à un nouveau come-back.

Jean-Baptiste Gonnet, ici au Dutch Open en 2021, a disputé 228 tournois du DP World Tour. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

Fin novembre 2019, lors de la finale des Cartes européennes, Jean-Baptiste Gonnet avait réalisé un exploit assez unique, celui de récupérer un droit de jeu sur le Tour européen après six années passées loin du circuit. Reparti à l'assaut des leaderboards aux quatre coins de la planète avec l'enthousiasme d'un junior et l'expérience d'un vétéran, le natif de Cannes n'a cependant pas tiré le meilleur parti de son retour parmi l'élite. La faute à la pandémie de Covid, venue chambouler la plus grande partie de la saison 2020 ; à une catégorie ne lui permettant pas de jouer les plus grands tournois du calendrier ; et surtout à une condition physique pas en adéquation avec ses ambitions. « Sur la fin, en posant le pied par terre le matin au réveil, j'avais déjà mal... Quand tu as 40 ans et que tu fais 25 tournois par an, tu ne récupères pas comme quand tu as 20 ans. Je l'ai vachement ressenti ces dernières années. Il fallait que je m'échauffe, que je m'étire, et si je ne le faisais pas je ne pouvais pas jouer ! » constate-t-il.

Les chiffres ne mentent pas : les trois saisons de son retour, « JB » les a plus souvent passées à lutter pour faire le cut qu'à jouer la gagne. Sur 33 tournois répartis entre 2020 et 2022, il n'a joué les quatre tours qu'à 16 reprises et décroché qu'un unique top 10, au Kenya en mars 2021. « À mon âge, même si ça reste du golf et que ça n'est pas aussi exigeant que d'autres sports, tu ne peux pas jouer à haut niveau si tu n'es pas préparé physiquement. Tu ne peux pas rivaliser sur une saison entière avec des gamins de 20 ans », analyse-t-il sans amertume. Ayant quitté le circuit européen fin 2013, en grande partie en raison de pépins physiques, il a trouvé à son retour, sept ans plus tard, un univers très différent de celui qu'il avait connu : « Quand je suis arrivé sur le Tour en 2007, il y avait encore des mecs qui fumaient, qui avaient du bide. Aujourd'hui, ça n'existe plus. À l'époque, quand tu allais à la salle de sport, on te prenait un peu pour un extra-terrestre ; aujourd'hui si tu n'y vas pas, on te prend pour un extra-terrestre ! »

La passion de l'enseignement

L'aventure - ou du moins sa deuxième partie - s'est terminée fin septembre 2022, lors d'un Open de France bouclé à la 75e place. Mais Jean-Baptiste Gonnet n'avait pas attendu cette 228e participation à un tournoi du DP World Tour pour préparer son avenir : en 2018, déjà, il avait posé ses clubs à Valbonne, au Victoria Golf Club, un parcours de 9 trous doublé d'un centre d'entraînement dont il avait pris la responsabilité. « J'avais un peu le projet de le reprendre pour en faire une belle structure d'entraînement, mais ça ne s'est pas fait. C'est un peu dommage, car il y avait un beau potentiel », évoque-t-il. C'est là, toutefois, qu'il a développé son savoir-faire d'enseignant, un autre métier de l'univers du golf auquel il a très vite accroché : « Je me rends compte que je suis passionné par l'enseignement. Ça a toujours été le cas, en fait, et c'est peut-être ce qui m'a valu quelques échecs sur le Tour car j'ai toujours été à fond dans la technique, la mécanique du swing. Je prends plaisir à expliquer comment ça marche, car au final pour taper une balle droite c'est avant tout de la mécanique. Pour scorer, c'est autre chose évidemment, mais pour taper droit c'est un peu pour tout le monde pareil : c'est un club qui bouge par rapport à un plan, avec une face qui doit arriver square à l'impact. »

La plupart des joueurs, même ceux tapent bien, ont des lacunes sur le parcours en termes de routines, de stratégie, d'analyse, bref tout ce qui concerne le scoring pur. Je me rends compte que ma valeur ajoutée est vraiment là.

En janvier dernier, Jean-Baptiste Gonnet décroche un nouveau poste, à l'Old Course Cannes Golf Links, l'un des plus prestigieux clubs de la Côte d'Azur. « C'est une super structure avec un parcours de 18 trous, un 9 trous compact et un 6 trous pitch & putt, donc c'est très intéressant pour bosser parce que c'est vraiment complet », souligne-t-il. Depuis près d'un an, celui qui est désormais le collègue de travail de son mentor Roger Damiano dispense ses leçons à tout un panel de clients allant du débutant à l'aspirant professionnel. « J'ai entre 5 et 9 heures de cours tous les jours. Je suis souvent sur le practice, mais j'essaie de développer le parcours, car je me rends compte que la plupart des joueurs, même ceux tapent bien, ont des lacunes sur le parcours en termes de routines, de stratégie, d'analyse, bref tout ce qui concerne le scoring pur. Je me rends compte que ma valeur ajoutée est vraiment là, et c'est vraiment intéressant d'aider quelqu'un à développer sa capacité à rendre de bons scores », ajoute-t-il.

Le démon du jeu

Épanoui dans son métier, qu'il a la chance d'exercer dans sa ville natale, « JB » ne limite pourtant pas son horizon au microcosme azuréen, ni même français. Sa soif de connaissance en matière d'enseignement, qu'il admet avoir reçu comme un héritage de la part son ancien coach, il l'assouvit par tous les moyens possibles : « Je suis beaucoup sur les réseaux sociaux, et la chance qu'on a avec ça, c'est qu'on peut voir beaucoup de pros du monde entier travailler. Si tu veux savoir comment bosse untel ou untel, tu vas sur Instagram et tu regardes ! Certes, il faut savoir faire le tri, mais ça aide à se former, indéniablement. À l'image du golf en général, l'enseignement est en perpétuelle évolution, et c'est vachement intéressant à observer », confesse-t-il avec enthousiasme.  

Mais la suite de l'histoire de Jean-Baptiste Gonnet ne s'écrira pas forcément au chapitre Coach uniquement, car le joueur n'a peut-être pas dit son dernier mot ! « Quand j'ai arrêté l'an dernier, je me suis dit qu'après tous les pépins que j'ai eus, si je n'étais pas capable de me mettre à un niveau physique où je suis sans douleur, ça ne valait pas la peine de continuer. Mais, je me suis dit aussi que si j'arrivais à retrouver une condition qui me permette de jouer comme je sais le faire, je serais prêt à y retourner », glisse-t-il dans un sourire. Alors, aura-t-on la chance d'assister à nouveau come-back dans un futur proche ? « Je pense qu'avoir ma carte, c'est largement faisable. Mais ce qui compte, c'est que tu en fais après. Je l'ai eue pendant deux ans, je n'ai pas été performant, et au final je n'ai pas gagné ma vie. Oui, ça me titille d'y retourner, mais je n'irai pas tant que je ne me sentirais pas capable de la garder et de gagner ma vie en tant que joueur. Si c'est pour y aller en touriste, ça n'a pas d'intérêt. »