Le Drômois installé au Texas vient de décrocher un droit de jeu sur l’Asian Tour via les Cartes d’accès. Il entend articuler sa saison entre le circuit asiatique et la 2e division U.S., le Korn Ferry Tour, par l’intermédiaire notamment des Monday Qualifiers. Un programme très… physique !

Jérémy Gandon au Vaudreuil Golf Challenge (Challenge Tour) au mois de juillet 2022
Cap sur l'Asie pour Jérémy Gandon avec, toutefois, un œil toujours fixé sur les États-Unis. © Aurélien Meunier / Getty Images Europe - AFP

Il est enfin rentré chez lui, à Dallas. Joint ce mardi par téléphone, Jérémy Gandon sortait à peine d’un très important décalage horaire. Et d’un périple aérien pour le moins exténuant. Trois vols différents depuis Bangkok jusqu’au Texas. Avec une première escale à Tokyo, puis une seconde à Chicago. En tout, plus de vingt heures passées dans les airs. Mais ce sacrifice en valait clairement la peine : le natif de Charpey (Drôme) est en effet revenu de Thaïlande avec un droit de jeu sur l’Asian Tour 2023. 

Parti en Asie du Sud-Est au début du mois de janvier, il a d’abord franchi un premier écueil dans la banlieue de Bangkok en prenant la 9e place sur le Thana City Country Club, avant d’enchaîner brillamment en fin de semaine dernière du côté de Cha-Am pour la finale avec, à l’arrivée, une 25e place salvatrice grâce à un dernier tour de feu : 65 (-6). Les 35 premiers obtenaient un accès sur le circuit asiatique.

S’ouvrir un maximum de portes

« Qu’est-ce qui m’a motivé pour aller disputer ces cartes ? s’interroge le Français âgé de 26 ans. Je n’avais qu’un droit de jeu garanti que sur le PGA Tour Latinoamérica (la 3e division U.S.). Cela ne s’était pas bien passé pour moi en novembre dernier durant la finale des cartes du Korn Ferry Tour. L’idée était donc de m’ouvrir un maximum de portes. Voilà pourquoi j’ai tenté l’expérience sur l’Asian Tour. » 

Un essai transformé avec talent, donc, mais qui annonce dès maintenant quelques prises de têtes en termes d’intendance et autres réservations d’avions. Jérémy Gandon vit à l’année à Dallas, et il ne semble pas vouloir changer d’environnement. Comment va-t-il alors s’y prendre ? « Je vis chez ma copine, explique-t-il. Mes affaires sont ici. Mon camp de base sera toujours Dallas et ma maison, ce sera ma valise (rires). Je me prépare donc à pas mal de déplacements. Cela risque d’être éprouvant physiquement. Je vais essayer de gérer tout ça au mieux. Quand je serai en Asie, je pense que j’y resterai entre deux et trois semaines et puis je reviendrai à Dallas pendant une semaine. Bien récupérer, bien gérer la fatigue des déplacements, ce sera l’une des clés de mon année. Je suis jeune, c’est maintenant que je peux me permettre de faire ça. Pas dans dix ans. »

Un programme asiatique encore très flou

La saison de l’Asian Tour débute le 2 février à Djeddah, en Arabie saoudite. Le PIF Saudi International, fort d’une dotation de 5 millions de dollars, accueille un plateau très relevé, avec en exergue la plupart des golfeurs ayant rejoint le LIV Golf créé en 2022 avec le soutien sans limite du Fonds d’investissement public (PIF) de l’état saoudien. Jérémy Gandon n’en sera pas : sa catégorie ne le lui permet pas. À moins d’un miracle, il ne devrait pas non plus être au départ des deux tournois suivants au calendrier 2023. Deux Internationals Series (2 millions de dollars de prize money) prévus à Oman et au Qatar. « Il va falloir que je me penche sérieusement là-dessus cette semaine, prévient le Français, car je n’ai toujours rien reçu d’officiel de la part de l’Asian Tour. Je ne sais pas encore quand je vais pouvoir entrer dans un tournoi. C’est encore assez flou pour l’instant. J’espère que ça va s’éclaircir rapidement… »

Ses grands débuts sur l’Asian Tour pourraient avoir lieu au mois de mars. Une série de six tournois entre le 9 mars et le 16 avril sont en effet au programme. Il devrait ainsi être au départ en Thaïlande (9-12 mars) puis en Inde (16-19 mars), ferait l’impasse sur Hong Kong (23-26 mars) avant de poursuivre « l’aventure » avec deux nouveaux rendez-vous en Thaïlande (30 mars-9 avril) et un autre au Vietnam (13-16 avril).

Je préfère aller sur l’Asian Tour où il y a dix fois plus d’argent en termes de dotation… J’ai vraiment envie désormais de gagner correctement ma vie.

Viser aussi un re-ranking sur le Korn Ferry Tour

Avec toujours en ligne de mire le PGA Tour où il rêve un jour d’évoluer, l’ancien étudiant de Kansas State University passé pro en 2019 entend également ne pas abandonner la piste le menant vers le Korn Ferry Tour en 2023. « N’ayant aucune garantie sur le Korn Ferry Tour, souligne-t-il, l’idée est de se qualifier via un Monday Qualifier et faire une performance lors des huit premiers tournois de la saison, car c’est après ces tournois qu’un premier re-ranking est appliqué. Toutes les semaines, il y a des Monday Qualifiers, et c’est là-dessus que je me base pour ma saison sur le Korn Ferry. Je vais me donner une chance de me qualifier et ensuite avoir l’opportunité de rester sur le Korn Ferry si ça se passe bien. »

Puerto Rico sur le PGA Tour…

Il a ainsi déjà en ligne de mire le Monday Qualifier comptant pour l’escale au Chili (30 mars-2 avril). Celui-ci aura lieu le… 28 février prochain. En Floride. La veille, il tentera aussi sa chance au Monday Qualifier dédié au Puerto Rico Open, un tournoi alternate du… PGA Tour. Vous suivez toujours ? « Avec ma catégorie conditionnelle, je peux rentrer sur tous les Monday Qualifiers du PGA Tour, lâche-t-il. Une semaine où je n’ai rien de prévu, je peux essayer de me qualifier sur un tournoi du PGA Tour. Une chose est sûre, je ne retournerai pas sur le PGA Tour Latinoamérica. Ou alors pour un ou deux tournois. C’est le plan C aujourd’hui. Non, je préfère aller sur l’Asian Tour où il y a dix fois plus d’argent en termes de dotation… J’ai vraiment envie désormais de gagner correctement ma vie. »

Le LIV Golf, une autre alternative ?

Le 1er février 2022, LIV Golf Investments, la société d’investissements financée par l’Arabie saoudite et dont Greg Norman est le directeur, a ainsi injecté 300 millions de dollars sur l’Asian Tour, créant de facto une passerelle avec le LIV Golf et ses moyens gargantuesques. « Je suis ouvert à tout, conclut Jérémy Gandon, décidément insatiable. Le premier de l’ordre du mérite de l’Asian Tour peut basculer sur le LIV en fin de saison. Et j’ai entendu dire qu’il y aurait peut-être un peu plus de places dans un futur proche. Bref, ça m’intéresse aussi ! »