Dix-neuf ans après le Royal Liverpool, Julien Guerrier va retrouver dans quatre semaines l’Open britannique, cette fois en tant que joueur professionnel. Pour mieux appréhender ce rendez-vous à Portrush, il s’est offert à la mi-juin une escapade de 72 heures en terre irlandaise.

Du mercredi 18 au vendredi 20 juin, Julien Guerrier, accompagné par son fidèle caddie, Chris Liley, et son coach performance, Raphaël Jacquelin, a défié trois links irlandais : Portmarnock et County Louth (aussi connu sous le nom de Baltray), situés en République d’Irlande, ainsi que le Royal Portrush, en Irlande du Nord. L’objectif étant ici pour le Rochelais de se familiariser avec ce style de parcours tellement unique, hôte chaque année de l’Open britannique. Il sera justement au départ de la 153e édition de The Open du 17 au 20 juillet au Royal Portrush Golf Club.
Une fois n’est pas coutume, l’actuel 61e à la Race to Dubaï a bénéficié de conditions météorologiques très favorables. Beaucoup de soleil, des températures estivales pour ces latitudes (entre 20 et 25 degrés) et peu de vent. Des données, on le sait, pas toujours au rendez-vous durant le plus vieux Majeur de golf masculin.
Pour son seul et unique British disputé en 2006 au Royal Liverpool, Julien Guerrier, alors encore amateur et tout fraîchement vainqueur du British Amateur au Royal St. George’s, avait, là aussi, bénéficié d’une météo idyllique…
« Il avait fait très chaud, avec quasiment pas de vent, confirme celui qui n’était pas parvenu à franchir le cut avec deux cartes de 72 et 75 pour un score de +3. Tout était vraiment grillé. Tiger (Woods), qui avait gagné le tournoi, ne frappait que des fers 2. Il avait peut-être sorti une fois le driver mais c’était très sec en effet. »
« Au British Amateur, il avait fait assez beau également, poursuit-il. Avec très peu de pluie. Moi, ça me va tout ça (rires). Maintenant, on sait tous que la météo peut changer du tout au tout dans ce tournoi. Il faut aussi avoir un peu de chance et être dans le bon draw, puisqu’on part tous du tee n°1. Entre 7h00 du matin et 16h00 pour le dernier départ, il y a une sacrée différence de vent, de temps… Certains sont plus chanceux, ou plus malchanceux… Mais en tant qu’originaire de La Rochelle, le vent, ça ne me dérange pas. J’ai été éduqué là-dedans. La pluie, je suis un peu moins fan. »
Portrush, depuis les back tees
Durant ces trois jours « d’études », le vainqueur le 20 octobre 2024 de l’Andalucia Masters a pu aborder trois tracés différents, très complémentaires les uns des autres, avec en exergue, évidemment, ce Royal Portrush qui, après 2019, reçoit une nouvelle fois The Open.
« Le parcours de Portrush était encore en préparation, précise Julien Guerrier. A part le départ du 1 et ceux concernant les pars 3, j’ai pu jouer du fond (back tees) et à peu près normalement parce que lorsque je mettais ma balle sur le fairway, j’avais avec moi un petit tapis pour éviter les divots. Dans ce cas-là, je me mettais dans le pré-rough… Deux-trois jours après notre passage, le parcours était totalement fermé en prévision de The Open. »
« Pour moi, le mieux préparé des trois, c’était Portmarnock, ajoute-t-il. Les greens étaient les plus glissants. Quant à County Louth, on l’appelle là-bas le « bijou caché ». C’est un pur links, avec des couloirs de fairways entourés par des hauts roughs à droite et à gauche. C’est magnifique. Au départ, on a un peu la pression (rires). On n’oublie pas non plus les bosses dans tous les sens autour des greens et on se dit qu’on est très loin ici des target golfs américains. »
Mais avoir affronté ce triptyque dans des conditions de jeu qui peuvent être à l’opposé de ce que l’on rencontre très souvent au mois de juillet en plein Majeur peut-il être un piège ?
« J’en suis conscient, avoue-t-il doucement. On a eu très peu de vent. On a eu une journée avec un peu plus de vent, un ou deux clubs de plus. Mais loin des fois où on peut avoir quatre à cinq clubs de vent… On y est allés aussi pour travailler autour du petit jeu et sur le côté visuel… Le but était de se dire : « Je suis sur un links, avec plein de rebonds aléatoires, plein de choses qui font que de jouer sur des links c’est toujours particulier » C’est en ça que je voulais tester ces links en compagnie de mon caddie et de Raph. »
« Julien est bien dans son jeu, analyse de son côté Raphaël Jacquelin. C’est solide et régulier. Il doit se mettre dans les conditions d’un British, d’un links. C’est pour cela qu’on est allés là-bas et créer un peu plus de coups que la normale. Ce n’est pas habituel. Je le sens plutôt à l’aise sur ces parcours. Il a les bonnes trajectoires pour ça. On sait qu’il faut être créatif sur ces parcours. Et surtout être très bon autour et sur les greens, sachant que ce n’est pas la même herbe. Plus on en fait, mieux c’est. Julien est en pleine forme. Il n’a pas eu les résultats qu’il aurait voulu en début d’année mais comme je lui dis, ça reste très correct. La saison est encore loin d’être terminée. On sait que ça peut tourner très vite. Il devient de plus en plus exigeant. C’est bien. »
Un dos à surveiller constamment
Reste à savoir comment son dos va encaisser ce rendez-vous si singulier que représente un Open britannique. Le 6 juin dernier, à quelques heures de s’élancer dans le 2e tour du KLM Open, il a ainsi été victime d’un méchant lumbago qui l’a obligé à déclarer forfait. Il reprendra la compétition la semaine prochaine, à Munich, pour le BMW International Open, avant d’enchaîner avec le Genesis Scottish Open et The Open, sa troisième apparition en carrière en Majeur après The Open 2006 et le Masters 2007, les deux fois en tant qu’amateur.
« Ce n’est pas encore parfait, conclut-il. J’ai encore des examens demain (jeudi) à passer. Mon dos va mieux, il s’est remis très vite. J’ai encore des douleurs quotidiennes mais rien à voir avec un lumbago où on est complètement bloqué. Je fais ce qu’il faut, je me renforce musculairement… Maintenant, on n’est pas à l’abri que ça revienne. Je fais tout avec mon équipe médicale pour trouver les solutions afin que cela n’arrive pas. Mais je suis prêt à jouer. Il n’y a aucun problème ! Un sportif de haut niveau qui n’a pas de douleur, ce n’est pas un sportif ! »