Habitué des circuits professionnels depuis plus de dix ans, Adrien Saddier a explosé au plus haut niveau en 2025. Le meilleur Français de la saison m’a fait vibrer au cours de son ascension vers le PGA Tour. Et tant pis pour mes week-ends à la campagne.
Soyons honnête, ce n’est sans doute pas sur Adrien Saddier que j’aurais misé à la même date l’an passé pour le titre de meilleur Français de la saison. Au petit jeu des pronos de début d’année, le Haut-Savoyard figurait sans doute au pied du podium de mes favoris tricolores – liste que je choisirai ici de taire. Rétrospectivement, il y avait pourtant des signes annonciateurs d’un joueur en pleine progression. À 31 ans, il venait de signer sa meilleure saison sur le circuit pro, échouant d’un rien à se qualifier pour la finale du DP World Tour (64e du circuit en 2024). De là à l’imaginer dans le top 10 final du circuit fin 2025, il y avait tout de même un pas de géant difficile à anticiper. Mea culpa.
Cette année, Adrien Saddier a affiché une constance et un niveau de jeu impressionnants pour ses rivaux et enchanteurs pour les fans de golf. Un début de saison solide ponctué de trois tops 10 au printemps, avant un été sensationnel. Et comme souvent, c’est au cours de mes rares week-ends loin du monde du golf qu’il choisissait d’écrire son histoire. Comme son compère Matthieu Pavon un an plus tôt, titré sur le PGA Tour au cours d’une escapade tourangelle, Saddier brillait lui lors d’un week-end picard ensoleillé. Il avait attendu son 200e départ sur le DP World Tour, et mon absence, pour aller coiffer au poteau son compatriote Martin Couvra et s’offrir enfin un premier titre au plus haut niveau. Forcément, je ne pouvais pas laisser passer ça et ne perdais pas une miette de sa fin de partie, branché sur mon téléphone, à l’ombre d’un cerisier bien garni. Si le résultat prime parfois sur la manière, son dernier tour en Italie aurait tout de même sa place dans un musée grâce à son jeu de fer ébouriffant et son putting dévastateur.
Après avoir disputé son premier Majeur (52e de The Open), c’est à la fin de l’été qu’Adrien entrait véritablement dans la légende de mes week-ends à la campagne. J’aurais sans doute dû le voir venir puisqu’il avait signé un nouveau top 10 en Irlande la semaine précédente. Mais comment refuser une invitation de Belle-Maman dans son jardin picard ? Me voilà donc de retour dans mon transat alors qu’Adrien brille cette fois-ci à Wentworth, sur le plus gros tournoi de la saison du DP World Tour, le BWM PGA Championship. Un tournoi dont il partage la première place avec le Suédois Alex Noren à l’aube du dernier tour. Je m’empresse de boucler le repas dominical pour retrouver mon écran et mon cerisier désormais dégarni. Adrien est d’abord un brin timide avant d’accélérer sur le retour et de devenir franchement enthousiasmant sur la fin de partie. Son fond de jeu ce jour-là est sans doute l’un des meilleurs que l’on ait vu pour un joueur français et clairement j’y crois. Seul bémol, Alex Noren brille aussi et l’heure du retour vers Paris a sonné. Tant pis, vous m’attendrez, j’ai un tournoi à finir.
L’issue est malheureusement douloureuse avec une défaite au deuxième trou de play-off pour notre Français. Mais quelle prestation ! Une journée qui change à jamais la carrière de Saddier, désormais assuré de finir l’année parmi les joueurs qui grimperont sur le PGA Tour en 2026.
En brillant sans jamais sembler déstabilisé par l’enjeu, en conservant une stratégie agressive (volonté d’aller chercher en deux coups le green du par 5 utilisé pour ce play-off), en endiguant des émotions qui devaient pourtant se bousculer dans un tel moment de sa carrière, le nouveau numéro 1 français a prouvé qu’il était à sa place au plus haut niveau européen. Les fruits d’un travail payant à l’entraînement très certainement et d’un épanouissement personnel également ; lui que l’on voit régulièrement entouré de sa famille en tournoi. Autant de raisons qui me donnent particulièrement hâte de le retrouver sur le PGA Tour en janvier, aux côtés de son ami Matthieu Pavon qu’il avait accompagné en spectateur à Augusta en 2024. Promis, je disparaîtrai encore régulièrement à la campagne en espérant les voir très souvent « gâcher » mes week-ends de repos.