Le golf, le golf, toujours le golf. Et si, pour une fois, on parlait d’autre chose ? Avec Adrien Saddier, on a plongé au cœur de sa Haute-Savoie natale, là où la raclette n’a pas de saison et où l’on fait la guerre à la Savoie voisine.
 
    Déformation professionnelle oblige, on a tout de même abordé en prologue l’actualité sportive d’Adrien Saddier. Actuellement 5e de la Race to Dubai, le joueur de 33 ans décollera dimanche en direction des Émirats pour disputer les deux Play-Offs de fin de saison sur le DP World Tour et officialiser sa montée sur le PGA Tour. Encore en France pour quelques jours, où il profite de sa famille, le natif d’Annemasse a interrompu son écoute de Nostalgie sur les routes de Haute-Savoie pour nous parler, justement, de ce département et de son addiction à la raclette.
Comme dirait Fatal Bazooka, grand auteur de « Fous ta goule » : Savoie ou bien ?
(Il prend l’accent savoyard) Savoie très bien ! Tu veux qu’on fasse toute l’interview avec l’accent de chez moi ? Là, j’étais dans le Sud pendant une semaine donc j’ai fait attention mais ça peut vite revenir. En Haute-Savoie, on a vite fait de manger quelques voyelles et de dire « Gnève » et pas Genève. Ou alors de rajouter des « y » partout. On dit « fais-y » plutôt que « fais ça. » C’est notre dialecte à nous.
Tu te souviens de ton tout premier souvenir d’enfant ?
J’ai des souvenirs de vacances d’hiver, d’autres de golf… Je me souviens du jour où on a récupéré notre tout premier chien. C’était un berger des Pyrénées qu’on a appelé Black. Et comme son nom l’indique, il avait le poil blanc. Et il a eu une belle vie : il a vécu 19 ans. Il a donné une portée à la chienne du voisin et on a ensuite gardé une des femelles, Balou, pendant 16 ans. Globalement, tous les animaux ont vécu très longtemps chez nous. Ce qui me fait penser au jour où on a acheté un lapin quand j’étais petit. La vendeuse avait dit à ma mère que ça ne vivait que 4 ou 5 ans, c’était d’ailleurs pour ça que ma mère avait accepté. Le notre a vécu… 12 ans, pour son plus grand désespoir.
 
                    Quand on est Haut-Savoyard, on aime la Savoie ou on la considère comme une rivale ?
Ah non, il y a une énorme rivalité. Après, comme je dis toujours : il y a la couture et la haute-couture (rires). J’ai étudié trois ans à Aix-les-Bains donc je sais de quoi je parle. C’est une petite guerre de cour de récré où chaque département aime bien dire qu’il est mieux que l’autre. Ils ont Aix-les-Bains, on a Annecy. On a Chamonix, ils ont Val-d’Isère et Tignes. Les Savoyards vont dire que la fondue est de chez eux et nous aussi. Mais dans les faits, on ne peut pas dire que la Haute-Savoie est meilleure… chacun est simplement fier de son département et chacun aime bien le rappeler.
Tu fais donc partie des représentants de la Haute-Savoie au même titre que l’acteur André Dussolier, le chef étoilé Marc Veyrat, la chanteuse Nicoletta ou encore l’inventeur Louis Armand. Ça t’inspire ?
Je crois même qu’il y a Florent Pagny aussi. En revanche, je ne savais pas qu’il y avait tous les autres que tu as cités. Enfin si, Marc Veyrat je connaissais parce que j’adore les plats haut-savoyards. Et son cousin joue au golf d’ailleurs ! De là à dire qu’ils m’inspirent est un grand mot mais c’est toujours bien d’avoir des gens de chez nous qui réussissent. Mais je suis quand même plus branché par les sportifs, les skieurs, les cyclistes. Je pense notamment à Valentin Paret-Peintre, qui a gagné en haut du mont Ventoux lors du Tour de France cette année.
Jeannie Longo aussi est du coin !
Ouais mais bon… Paret-Peintre n’est pas accusé de dopage ! (Rires)
Adrien Saddier
Est-ce qu’on est obligé d’aimer la raclette quand on est Haut-savoyard ?
Ah, ça fait partie du package. Je crois que je n’ai jamais vu un Haut-Savoyard vegan. Et s’il y en a un qui se dit végétarien, je pense qu’il se fait renier par sa famille. D’ailleurs la semaine dernière, j’étais à un repas de famille du côté de ma femme et je jure que son cousin a mis du sucre dans la raclette. Je suis ouvert sur plein de chose, mais là je l’ai mal pris. J’ai quand même goûté et il va sans dire que c’était la seule fois de ma vie. Dans le même genre au restaurant, j’ai vu des Italiens laisser la croute de la raclette ; c’est très irritant, ça.
Ce qui veut dire que tu retires ton enfant du livret de famille s’il n’aime ni la viande ni la raclette ?
Sûrement, sûrement… Je viens d’une famille dans laquelle mon grand-père était boucher, donc on touche presque à la religion quand on parle de viande. Et pour l’instant, mon fils n’aime pas trop les légumes, il mange de la viande et il porte fièrement ses origines haut-savoyardes puisque j’ai eu la chance d’épouser une femme qui a accepté de venir vivre en Haute-Savoie. Donc pour l’instant, il part sur des bonnes bases.
Il paraît que tu es un gros mangeur de raclette. Tu saurais quantifier ta consommation ?
Je ne peux pas compter. Parce que pour moi, il n’y a pas de saison pour manger la raclette. Je n’attends pas qu’il fasse froid ; même par 32 degrés en terrasse, il n’y a aucun problème. Mais pour donner une idée, j’en ai mangé une avant de partir en Inde à la mi-octobre, une autre la semaine dernière et je pense qu’il y en aura une en rentrant des Émirats dans deux semaines. Je n’en fais peut-être pas énormément au final mais quand je m’y mets, je le fais sérieusement. Pour dire, cet été à Tignes, j’en ai partagé une avec David Baudrier (son préparateur physique, ndlr) et on s’est fait 1,2 kg de raclette. Attention, avec charcuterie et tout hein ! Le serveur était un peu stupéfait.
Est-ce que tu rêves tellement de raclette que c’est la raison pour laquelle tu parles avec les yeux fermés ? Clément Sordet nous a fait part de ce tic chez toi.
(Il rigole) Effectivement, quand on regarde quelques-unes de mes interviews, ça se confirme. Mais je ne sais pas du tout d’où ça vient. Personne d’autre dans ma famille ne fait ça. Alors maintenant, j’essaie de faire attention à cette habitude, surtout quand je suis avec lui, mais plus je me concentre, plus je les ferme. En même temps avec Clément, c’est forcément plus difficile tellement il m’éblouit par sa beauté.
Et pour finir, c’est quoi la meilleure musique pour manger une raclette ?
Ouah, pas simple cette question ; parce que je ne mange pas en musique. Mais je pense que Les Copains d’abord de Georges Brassens répond parfaitement au côté convivial de la raclette.
 
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                            