Les victoires de Céline Boutier, la Ryder Cup, le Cazoo Open de France, la filière jeunes, la transition écologique du golf… Ce lundi soir, le président de la ffgolf Pascal Grizot a répondu aux questions des licenciés sur les gros dossiers du moment, en direct sur Instagram. Extraits.

Pascal Grizot, président de la Fédération française de golf. © Geoffroy Van der Hasselt / AFP

La victoire de Céline Boutier à The Amundi Evian Championship

Pascal Grizot : D’abord c’est la victoire de Céline, il n’y a pas de récupération à faire. Après, Céline a été, quand elle était plus jeune, dans les pôles de la Fédération. Ensuite elle a été soutenue pendant la période cruciale qui est la période du passage chez les professionnelles, qui est toujours une période très compliquée. Elle en parle d’ailleurs très bien, lorsqu’elle dit que, même quand on a fait partie des meilleures amateurs du monde (et elle a été n° 1 mondiale amateur), quand on passe chez les pros, c’est un univers totalement différent. Si on n’est pas bien préparé, ça peut être une cause d’échec. Elle l’a très bien fait, et elle n’a cessé de progresser.

P.G. : Ça valide aussi la stratégie de la Fédération, d’être présents au moment où les joueurs ont besoin de nous, autrement dit quand ils sont amateurs. Notre directeur de la performance Jean-Luc Cayla tient des statistiques, qui nous disent que ceux qui réussissent le mieux chez les professionnels sont ceux qui ont été les mieux classés chez les amateurs. C’est pour cela que nous regardons avec beaucoup d’intérêt le classement des meilleurs amateurs du monde, avant de regarder celui des meilleurs professionnels. 

L’absence de joueur français en équipe européenne de Ryder Cup

P.G. : Malheureusement, c’était déjà le cas en 2018. On pouvait imaginer que Victor Perez aurait pu rentrer dans l’équipe, mais aussi Romain Langasque, car il n’était pas si loin. S’il avait fait des très bonnes performances lors des deux derniers tournois qu’il avait joués, je pense que ça aurait poussé en sa faveur. Il faut laisser le temps au temps. Romain est sur une trajectoire ascendante, il a fait une très bonne saison cette année, il peut encore prétendre avoir une carte sur le PGA Tour. C’est un ami, on parle souvent ensemble, et je sais que c’est très important pour lui d’obtenir cette carte, car s’il a cette opportunité de jouer aux États-Unis, il saura la saisir pour aller s’y installer, et jouer avec les meilleurs joueurs du monde. Trois Majeurs sur quatre se jouent aux États-Unis, et c’est très important de pouvoir s’acclimater aux parcours américains.

Le Cazoo Open de France

P.G. : Le Cazoo Open de France (du 21 au 24 septembre au Golf National, NDLR) est l’un des plus gros tournois du circuit européen, avec 3 250 000 € de dotation. Quand j’entends les critiques qui sont faites, d’abord je rappelle que la Fédération n’est pas le promoteur de l’Open de France, c’est bien le DP World Tour. Et aujourd’hui, il lui donne une place importante, car l’Open de France est l’un des tournois les mieux dotés du DP World Tour. Donc oui, évidemment, nous souhaiterions avoir un tournoi de niveau mondial, avec 10 millions d’euros de dotation, même 20 millions. Ce sont des choses sur lesquelles nous travaillons, avec le DP World Tour, le PGA Tour et les joueurs. Je pense qu’il y a beaucoup de joueurs qui préfèrent venir jouer un tournoi d’un World Tour qui se jouerait à Paris. Il faut vraiment que ça rentre dans les mentalités, et que le PGA Tour accepte de devenir un circuit mondial, et à ce moment-là, je pense que la France aura une place qu’elle mérite.

La victoire du n° 1 amateur français Martin Couvra sur le Challenge Tour

P.G. : Je préfère le choix courageux qu’a fait Martin Couvra, de se mettre en danger en allant sur un circuit plus élevé que l’Alps Tour, avec des parcours plus exigeants et mieux préparés, et de mélanger cela dans son calendrier avec les meilleurs tournois amateurs. Il a gagné trois trophées d’affilée chez les amateurs, en début de saison en Afrique du Sud. On réfléchit actuellement pour voir s’il ne faut pas favoriser, dans son intérêt, le Hainan Open, en Chine (dernier tournoi régulier et plus grosse dotation de la saison du Challenge Tour, NDLR), qui se déroule juste avant les Championnats du monde amateurs par équipes, plutôt, justement, que de le faire participer à ces Mondiaux. Ce qui nous importe, ce n’est pas simplement d’engranger des titres. Notre objectif final, c’est d’avoir des athlètes dans les 20 meilleurs joueurs du monde.

Les espoirs de la filière jeunes

P.G. : Aujourd’hui, nous avons des données qui nous montrent comment nos meilleurs athlètes entre 12 ans et 18 ans se situent, au même âge, par rapport à la trajectoire de ceux qui, aujourd’hui, sont parmi les 20 meilleurs mondiaux. Je peux vous dire que nous avons actuellement cinq garçons et neuf filles qui sont dans cette trajectoire. Hugo Le Goff, qui a fait 5e au Junior Players Championship, en fait partie, l’équipe de France Boys a fait une belle médaille d’argent au Championnat d’Europe, donc la filière jeunes m’intéresse beaucoup, car c’est dans cette filière que nous mettons nos espoirs pour le futur.

Les problématiques de l’eau et de la transition écologique du golf

P.G. : Je tiens à rappeler un chiffre extrêmement important : les golfs représentent 0,08 % des prélèvements dans les nappes phréatiques en France. Autrement dit, si certains politiques qui ne connaissent pas les dossiers, et feraient mieux de se concentrer sur les solutions qu’on devrait apporter au niveau national, réussissaient à faire en sorte qu’on arrête le golf, ils auraient solutionné 0,08 % de la consommation de l’eau. Donc une fois de plus, certains politiques irresponsables veulent stigmatiser le golf, en en faisant un sport de classe alors que ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, de nombreux golfeurs ne sont pas issus de milieux aisés, et donc les caricatures qui sont faites de nous sont totalement injustes.

P.G. : Cependant, je tiens à le dire, il y a des politiques responsables. Nous envoyons des lettres à chaque fois que des bêtises sont dites, et Marine Tondelier (secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts), nous a par exemple reçus, car elle voulait connaître la vérité. Nous avons pu largement discuter avec elle, nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais avec son parti, il y a une discussion possible. J’attends la même discussion avec Olivier Faure (premier secrétaire du Parti socialiste), qui dit des horreurs sur le golf, mais qui, malgré nos deux courriers, n’a toujours pas eu le courage de nous appeler.