Le Golf National est le golf de la Fédération française de golf. Présentation et retour sur son histoire.

Le trou n° 14 du parcours de l'Albatros. © Steve Carr

Le Golf National a été inauguré en 1990 sur un ancien terrain agricole, et façonné à partir de remblais. La superficie totale du site est de 139 hectares. Il est implanté sur le territoire de trois communes : Guyancourt, Châteaufort et Magny-les-Hameaux.

Il est composé de trois parcours : l’Albatros (parcours de championnat de 18 trous, hôte de la Ryder Cup en 2018, des Jeux olympiques en 2024, et de l’Open de France chaque année), l’Aigle (parcours de 18 trous), et l’Oiselet (parcours de 7 trous). Un hôtel Novotel, trois restaurants, dont deux qui sont gérés par d’AccorHotels, un pro-shop et deux practices incluant des zones d’entraînement au petit jeu, complètent les infrastructures d’un site ouvert à tous et qui héberge par ailleurs le Centre de performance de la ffgolf. 

Un peu d'histoire(s) avec Hubert Chesneau

L’architecte du Golf National. Hubert Chesneau, 74 ans, a été un excellent joueur de golf, et arbitre, capitaine des équipes de France (1975-1979), président de la Commission sportive de la ffgolf (jusqu’en 1984), puis directeur général de la ffgolf (jusqu’en 2006).

Naissance d’un rêve. Hubert Chesneau a, dès le début, partagé son rêve avec Claude-Roger Cartier (président de la Fédération de 1981 à 1997), jusqu’au couronnement de cette folle entreprise, par l’attribution de la Ryder Cup, en France, au Golf National, en 2018. « Au tout début des années 80, avec Claude-Roger, nous sommes allés voir les uns, les autres, y compris Jacques Chirac, et nous avons obtenu le terrain sous un bail emphytéotique (parce qu’on ne voulait pas l’acheter) de 99 ans. » Le 27 septembre 1985, le président de la ffgolf, Claude-Roger Cartier a fait voter le lancement du projet par son Comité directeur. Le Golf National a été inauguré le 5 octobre 1990 par Roger Bambuck, ministre de la Jeunesse et des Sports.

Historique. Une fois le feu vert donné : « Dans la foulée, j’ai fait les premières esquisses, assez rapidement, c’était facile puisque ce qui me plaisait, c’était… la feuille blanche ! Et c’est vrai, il y a trente ans, il n’y avait rien. C’était des champs, les plaines à blé du château de Versailles. Il y a un petit bâtiment (la porte de Mérantais, qui a été rénovée, ndlr) qui est l'une des anciennes portes du mur d'enceinte du domaine de chasse du château de Versailles. On a retrouvé deux ou trois bornes avec des fleurs de lys. C’était donc des zones tout à fait planes, sans rien, sauf un petit croissant de quatorze arbres que j’ai gardé, des chênes bicentenaires. L’idée, c’était de faire sur un terrain plat, un terrain inspiré à la fois par mes connaissances du golf en Écosse et surtout des links de Royal Birkdale (à Southport, Angleterre, ndlr), celui des clubs abritant l’open britannique le plus facilement comparable (au Golf National), puisqu’il y a des dunes et des mouvements de terrain. » Hubert Chesneau eu pour conseiller le célèbre architecte américain Robert von Hagge.

La « télé »-vision. La prouesse de l’architecte est d’avoir su prévoir, il y a 30 ans, qu’il viendrait à Saint-Quentin-en-Yvelines autant de monde des quatre coins de la planète, qu’il y aurait autant de spectateurs, autant de médias, de relations publiques, autant de télévision... alors que la télévision numérique n’existait pas. « Cela ça fait partie des paris que l’on prend dans la vie, que ce soit pour un golf, pour un bâtiment ou pour des tas d’aménagements. À un moment donné, quand j’ai pensé effectivement mettre des câbles enterrés de façon permanente pour que les télévisions n’aient plus qu’à brancher leurs appareils. Mais en réalité, les techniques étaient en train d’évoluer, et heureusement, quelque temps avant le début du chantier, des gens comme Gérard van der Gucht m’avaient dit : "Ne fais pas ça, on n’en n’aura plus besoin dans dix ans !" Donc là, j’ai fait demi-tour. Ce qu’il fallait faire, c’était avoir des points suffisamment dégagés et surélevés pour que l’on puisse mettre une caméra et qu’avec cette même caméra, l’on puisse tourner sur trois trous en même temps. Le fait que tous les trous soient bordés de points hauts, permet de mettre des caméras partout, et d’obtenir une très bonne réalisation. »

La maturité. « Un parcours de golf, c’est comme le bon vin, il faut que ça vieillisse un peu. C’est vivant, un golf. Ça vit, ça vit ne serait-ce que par les joueurs, leur technique et leurs capacités qui augmentent d’année en année. Les parcours sont devenus très courts pour eux maintenant, ils tapent des balles à 290 mètres alors qu’à l’époque, ils arrivaient à peine à 250 mètres. Quelques trous ont été allongés. On a transformé le 18 en par 4 et ce n’est pas fini. À un moment donné, on est limité par les clôtures, c’est le problème, alors il faut trouver d’autres astuces pour compliquer un peu le jeu. Mais il y en a ! »

Le trou Colin Montgomerie. « Quand j’ai ouvert le parcours, j’ai donné un nom à tous les trous. Comme sur les vieux parcours écossais qui ont des trous anciens. Le 14 n’est pas un des derniers trous, mais c’est le seul que j’ai adapté aux circonstances. Je l’ai appelé "Les collines de Colin", puisque c’est là que Montgomerie a gagné l’Open de France en 2000, en faisant un eagle sur ce trou 14. J’avais trouvé que ce nom était amusant. Ceux qui connaissent l’histoire de l’Open savent pourquoi ce trou s’appelle ainsi, et c’est pour moi une manière de leur faire un petit clin d’œil. »