Parmi les 36 Françaises en lice cette semaine aux Internationaux d'Italie, Valentine Delon est l'une des meilleures chances tricolores. À quelques jours de ses 18 ans, la joueuse de Chantilly démontre une maturité nouvelle, qui explique en grande partie son très bon début d'année.

Valentine Delon, ici lors du German Boys & Girls Open 2022. © Golf Club St. Leon-Rot

Ce mercredi s'ouvrent, dans la capitale du Piémont, les Internationaux d'Italie dames, vénérable championnat de 95 ans d'âge ayant par le passé souri à de nombreuses Françaises, de Lally de Saint-Sauveur en 1949 à Charlotte Liautier il y a tout juste deux ans (cf. ci-dessous). Disputés cette année au Circolo Golf Torino, ils rassemblent pour quatre tours stroke play 120 joueuses d'Italie et d'ailleurs, dont pas moins de 36 Tricolores.

Et parmi elles, Valentine Delon est sans aucun doute l'une de nos meilleures chances, au vu d'un début de saison franchement réussi. « J'ai abordé 2023 différemment de l'an dernier, que j'avais mal démarré. J'ai changé de petites choses et ça marche mieux, donc je suis vraiment contente », indique celle qui a notamment fini 4e de l'Orange Bowl en Floride et 9e des Internationaux du Portugal au mois de janvier. « L'an dernier, je me focalisais trop sur le résultat, alors que cette année je me concentre sur ce que je dois faire au niveau mental, technique et stratégique. Et je me dis que les performances viendront si je fais bien tout ce que je dois faire. C'est un peu grandir, quoi ! » résume-t-elle dans un éclat de rire.

Les Françaises au palmarès

2021 : Charlotte Liautier
2019 : Pauline Roussin-Bouchard
2011 : Justine Dreher
2010 : Céline Boutier
1991 : Valérie Michaud
1981 : Éliane Berthet
1977 : Cécilia Mourgue d'Algue
1970 : Brigitte Varangot
1951 : Lally de Saint-Sauveur
1949 : Lally de Saint-Sauveur

Le travail et l'expérience

Grandir, le mot est bien choisi par la joueuse de Chantilly, qui fêtera ses 18 ans ce samedi 29 avril, jour du dernier tour de ces Internationaux d'Italie... « Gagner le jour de mon anniversaire, j'ai ça dans un coin de la tête, mais je vais justement essayer de ne pas trop y penser. Je serai contente si j'arrive à mettre en place ce que je dois faire, et si le score suit, tant mieux », poursuit-elle. Cette nouvelle philosophie axée sur le processus découle du travail effectué au sein du Centre de performance du Golf National avec Alexandre Kaleka, son entraîneur, et Amélie Cazé, sa préparatrice mentale. « Ce sont vraiment les deux personnes qui m'ont fait évoluer ces derniers temps. On est sérieux à l'entraînement, on met de petits enjeux, on se tire vers le haut. On s'entraîne aussi sur des infrastructures extraordinaires, donc tout ça nous prépare bien », souligne Valentine.

Si le travail a permis à la licenciée de Chantilly de franchir un palier, l'expérience a aussi joué un rôle important dans son évolution récente. « L'an dernier, je découvrais vraiment le golf international, et j'étais un peu stressée. Là, c'est ma deuxième année dans ce milieu, donc je comprends mieux comment ça se passe, j'ai plus de repères et d'habitudes », indique-t-elle. « Et puis, je me rends compte que j'ai une chance extraordinaire de faire autant de tournois. Depuis janvier, j'ai été aux États-Unis, au Portugal, en Espagne et maintenant en Italie. Cette vie me plaît énormément ! »

« Transformer le négatif en positif »

Cette chance extraordinaire de vivre sa passion au plus haut niveau était-elle la destinée de Valentine lorsque Jean-Pierre Olivier, patron de Ping et ami de la famille, se pencha tel une bonne fée sur son berceau le 29 avril 2005 pour lui offrir un putter ? « En tout cas il savait ce qu'il faisait, car je n'ai plus jamais lâché les clubs Ping ! » rigole la jeune fille, née au sein d'une authentique famille de golfeurs (son père, Antoine Delon, est l'actuel capitaine de l'équipe de France messieurs) et formée à Chantilly sous la tutelle bienveillante de son mentor, Patrice Léglise. « C'est lui qui a construit mon swing. Je le tiens tout le temps au courant, dès que je passe au club je vais le voir, je l'appelle quand j'ai des petits problèmes, il continue à me suivre. Il est toujours là pour moi ! »

Récemment, à Saint-Cloud, elle a offert à ses proches et à elle-même un premier trophée dans un championnat international : la coupe Cartier, consolante du trophée Esmond réservée aux 16 meilleures U18 non qualifiées pour le tableau final. « Je suis passée par toutes les émotions : j'ai fait +8 le premier jour et j'étais très déçue, -1 le lendemain donc très contente, mais en arrivant au recording j'ai vu que je ratais le cut de la Esmond d'un coup seulement, donc à nouveau déçue. Après cela, je me suis dit que j'allais me venger et tout gagner, et j'ai réussi à canaliser ma frustration sur la Cartier, à transformer le négatif en positif. C'était génial ! » sourit la gagnante, au 37e trou de la finale, de sa compatriote Alice Kong.

Avec la coupe Cartier, aux côtés de la joueuse de Saint-Cloud, Quiterie Guignard. © ffgolf

« Ça serait très stylé... »

Même si elle avait déjà soulevé quelques belles coupes - rien qu'en 2022, celles des Grands Prix de Moliets, Saint-Cloud et Joyenval - ce premier trophée dans un championnat international a une valeur particulière, et en appelle d'autres. Avec une préférence marquée pour une certaine compétition par équipe qui aura lieu du 11 au 15 juillet à Hossegor : les championnats d'Europe Girls. « Être en équipe de France était déjà un objectif l'an dernier, et ça ne s'était pas réalisé, donc c'est évidemment un très gros objectif cette année. Déjà que quand je porte le polo de Chantilly j'ai des frissons, alors j'aimerais énormément vivre cette expérience avec celui de mon pays », indique celle qui a participé au France-Angleterre amical la veille de la Esmond.

Avant de s'envoler à la fin de l'été pour quatre ans d'études à l'université de Virginia Tech aux États-Unis, Valentine Delon a donc coché la case championnats Europe dans son calendrier personnel, ainsi que ces Internationaux d'Italie qui, au même titre que le championnat de France fin juin, tiennent lieu de sélectifs. Tout en gardant, bien sûr, cette nouvelle ligne de conduite qui lui réussit si bien depuis quelques mois : « Faire partie de cette équipe, ça serait très stylé... Mais j'essaie de ne pas trop y penser. » Ça tombe bien : d'autres sont là pour ça...

Lors du récent France-Angleterre Girls, Valentine Delon a remporté son simple 1 up. © ffgolf