Vainqueur de The Amateur Championship en 1981 à St Andrews, premier Français à réaliser cet exploit, et champion de France amateur en 1977, Philippe Ploujoux est décédé ce samedi, à 70 ans. La Fédération française de golf s’associe à la peine de sa famille et de ses proches.

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Philippe Ploujoux est devenu, en 1981, le premier Français et le premier Européen continental à remporter The Amateur Championship, à St Andrews. © R&A

L’histoire en marche du golf français compte de multiples grands noms, et le sien en fait éternellement partie. Un graveur s’est chargé de l’inscrire dans le métal, le 6 juin 1981, sur l’un des trophées les plus convoités et les plus prestigieux de ce sport. La tâche de l’artisan, ce jour-là, avait ceci d’original que, pour la première fois, le nom en question était celui d’un joueur français : Philippe Ploujoux, lauréat de The Amateur Championship (communément nommé British Amateur), lors d’une édition disputée sur l’Old Course de St Andrews.

Philippe Ploujoux nous a quittés ce samedi 18 octobre, à l’âge de 70 ans. Sa victoire de 1981, qui faisait de lui non seulement le premier Français mais aussi le premier Européen continental à inscrire son nom au palmarès de la plus prestigieuse épreuve amateur au monde, fut le point culminant d’une carrière dont la liste des accomplissements est autrement plus longue. Né en 1955 à La Bouille, en Seine-Maritime, il s’était formé au golf essentiellement à Rouen et sur les greens roulants et aérés du Dinard Golf. La majeure partie de ses succès sportifs s’est constituée entre la fin des années 60 et le début des années 70. Champion de France U18 Garçons en 1969 et 1970, il a également remporté les Internationaux de France U18 Garçons (trophée Michel Carlhian) en 1973. En 1977, il est devenu champion de France amateur, lors d’une édition du trophée Jacques Léglise disputée au RCF La Boulie. Par ailleurs, il a remporté la Coupe de France par équipes Messieurs à sept reprises, de 1973 à 1982, avec le Golf de Rouen.

Son exploit de 1981, finalement, est survenu à un moment de sa carrière où lui-même pensait que ses meilleures années de golf étaient derrière lui. Mais comme il nous l’avait confié en 2020, subitement, cette semaine-là, il s’était mis à « super bien jouer ». Dans un tournoi disputé intégralement en match play à l’époque (la phase de qualification en stroke play n’est apparue qu’en 1984), il est parvenu à écœurer adversaire après adversaire, usant en particulier d’un putting chirurgical pour lequel il s’était déjà forgé une réputation, à l’époque. Certains des grands joueurs français et des plus fervents supporters du golf tricolore de ces années-là gardent le souvenir d’avoir pris un avion spécialement affrété, dans la nuit, pour se rendre à St Andrews et assister à sa finale. Avion qui, peu après, allait permettre au trophée de The Amateur de faire sa première traversée de la Manche, dans les bras de son nouveau propriétaire.

Cette victoire lui avait permis, dans la foulée, de disputer The Open 1981 au Royal St George’s, puis le Masters en 1982 et 1983. L’usage de l’époque, en effet, permettait au vainqueur de la compétition d’être invité à deux reprises par l’Augusta National Golf Club, au lieu d’une seule aujourd’hui. Il n’était que le quatrième Français de l’histoire à jouer le Majeur géorgien, après Albert Pélissier (1952), Henri de Lamaze (1958) et Jean Garaïalde (1964 et 1966). Des expériences qui ont débouché sur deux cuts loupés, même si, en 1983, en réussissant un bon départ (-2 après quatre trous), il avait aperçu furtivement son nom en haut du leaderboard. Ces participations lui ont également permis de partager des parties avec Arnold Palmer, ou encore de se retrouver au practice à taper des balles entre Jack Nicklaus et Severiano Ballesteros. Expérience qu’un musée mondial du golf ne saurait reproduire.

Très impliqué dans la transmission aux jeunes joueurs, Philippe était membre d'honneur du Dinard Golf. Avoir la médaille de son British Amateur au club-house est une grande fierté.

Gilles Paris, vice-président de la ffgolf, chargé du Développement

De toute sa vie de golfeur, jamais Philippe Ploujoux n’a envisagé de rejoindre les rangs professionnels. S’il attribuait son excellent niveau de juin 1981 en partie à la période de chômage qu’il avait alors traversée, il a ensuite rejoint la société Piguy Sport, spécialisée dans le matériel de golf, et dont il allait plus tard devenir président. « Ce travail avec Piguy, c’était ma passion. Mais c’est aussi ce qui m’a coûté mon niveau de jeu : je me suis mis à mal jouer assez vite après ça », souriait-il en 2020. Parallèlement, il continuait à jouer, et surtout à transmettre sa passion. D'abord au sein de la ffgolf, en tant que capitaine des équipes de France, avec notamment une médaille d'or conquise par les Boys au championnat d'Europe 1988. Puis au Dinard Golf, dont il a été nommé membre d’honneur en 2013. Dans le club breton comme dans le reste de la France du golf, le décès de Philippe Ploujoux laisse aujourd’hui un vide. Mais son nom demeure éternel.

Avec sa victoire historique à St Andrews, Philippe a ouvert la voie à de jeunes joueurs comme Julien Guerrier ou Romain Langasque. Il a aussi mis sa passion et son expérience au service du golf français en intégrant le comité directeur ainsi que le bureau directeur. C'est d’ailleurs Philippe qui m’a nommé capitaine de l’équipe de France en 2005, et je l'en remercie.

Pascal Grizot, président de la ffgolf