Le parcours landais a connu quatre mois de travaux afin d’installer un nouveau réseau d’irrigation plus performant, et donc plus économe. Un chantier largement subventionné par l’Agence de l’eau Adour-Garonne.

Le chantier a duré de début octobre à fin janvier sur le golf de Seignosse. © Golf de Seignosse

Le littoral landais a-t-il inspiré à Bourvil son célèbre sketch ? L’histoire ne le dit pas, mais toujours est-il que la région, et en particulier le golf de Seignosse, a maille à partir avec l’eau ferrugineuse. Cette concentration métallique a eu, au fil des années, un effet délétère sur les canalisations du parcours, installées peu avant son ouverture en 1989.

« Elles étaient devenues totalement obsolètes, constate le directeur de Seignosse, Christophe Rondelé. Les tuyaux étaient couverts à l’intérieur par une boue ferrugineuse sur 1 cm. Des particules se décrochaient, et venaient se nicher dans les arroseurs. » Ces derniers restaient alors, au choix, en permanence en position ouverte ou fermée. Et pour ne rien arranger, des problèmes électriques rendaient leur pilotage délicat.

Deux greens temporaires

Ce golf municipal, géré en délégation de service public, a donc dû installer un nouveau réseau. Le chantier, qui a débuté le 3 octobre 2022 pour s’achever le 31 janvier dernier, a concerné l’ensemble des 18 trous, ainsi que le practice. Mais pour éviter une fermeture totale, les travaux se sont concentrés simultanément sur deux trous au maximum. Pour laisser aux clients le plaisir de jouer 18 trous, les équipes ont même aménagé deux greens temporaires, afin de découper le par 5 du 7 et le fameux par 6 et ses 666 m en deux trous. « J’ai un peu piqué l’idée à Sainte-Maxime », avoue en souriant Christophe Rondelé.

La situation n’a, de toute façon, été que temporaire, puisque le chantier s’est achevé dès la fin janvier. Et les quelques cicatrices laissées çà et là ont assez vite disparu. « Nous avons accueilli le premier Grand Prix Jeunes Majeur de la saison en mars, et le gens, globalement, n’ont rien vu, se satisfait le directeur. Certains ont posé des questions, mais purement par curiosité, absolument pas pour râler. »

Des arroseurs dos à dos

En réponse au problème de l’eau ferrugineuse, des nouvelles canalisations en plastique souple ont été installées, et raccordées entre elles par des soudures thermiques. Autrement dit, ce réseau offrira beaucoup moins au fer l’opportunité de se déposer. Les arroseurs ont également été l’objet de remplacements, avec un changement d’architecture autour des greens.

Les bouches sont ainsi, désormais, regroupées par deux, dans un système dit "dos à dos". Toutes les deux ont un champ d’action de 180 degrés, avec l’une dirigée vers le green, et l’autre vers l’avant-green. « Avant, pour arroser correctement le pourtour du green avec un seul arroseur, on noyait le green », illustre Christophe Rondelé. Avec le nouveau système, chaque surface de jeu peut recevoir strictement la quantité nécessaire à sa santé. De plus, en cas de restrictions pour cause de sécheresse, l’arrosage peut être entièrement dirigé vers les greens.

Les arroseurs autour des greens sont désormais groupés par deux. © Golf de Seignosse

Pour ce chantier, 1,265 million d’euros ont été investis au total. Dans ce cadre, le golf de Seignosse a bénéficié d’une subvention de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, pour un montant de 297 515 €. Le golf landais a d’ailleurs, pour cette raison, été le cadre de la signature, le 14 avril dernier, du contrat de progrès qui lie désormais l’établissement public et la ffgolf.

Le chantier de la communication

Avec ce nouveau réseau, Seignosse escompte une économie d’eau supérieure à 20 %, sans même prendre en compte les éventuels contextes de restrictions. Par ailleurs, et cela fait également partie du cahier des charges dans les dossiers de subvention par les agences de l’eau, il a considérablement réduit son usage de produits phytosanitaires de synthèse, avec l’objectif, fixé par la loi, d’arriver à une suppression totale début 2025.

Mais si le chantier de rénovation du système d’arrosage est clos, Christophe Rondelé en considère un autre comme encore largement ouvert : celui de la communication. Et sur cet aspect, selon lui, les golfeurs eux-mêmes ont un grand rôle à jouer. « Un golfeur qui veut donner une bonne image mais qui est mal informé peut être contreproductif pour la filière, campe-t-il. Moi, je n’hésite pas à donner des éléments de langage à nos membres, pour qu’ils sachent quoi dire quand on leur pose des questions. » Donc n’hésitez pas à le dire tout autour de vous : à Seignosse, comme dans beaucoup d'autres golfs français, les prélèvements ont baissé, et la ressource est préservée.