Onze Français participent dès ce jeudi en Italie aux Championnats d’Europe individuels de la catégorie des plus de 25 ans. Huit messieurs et trois dames qui doivent tous conjuguer l’entraînement avec une vie professionnelle et familiale bien remplie. Mais chez qui la passion demeure.

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Vice-championne d'Europe mid-amateurs en 2022, Charlotte Guilleux mène de front vie de famille, travail et golf de haut niveau. © EGA

C’est le championnat des ordinateurs portables ouverts sur la terrasse, des coups de fil professionnels entre deux seaux de balles, voire du biberon donné au petit dernier tout en jouant le 19e trou. Un championnat où le terme « amateur » retrouve son essence : si les 144 joueurs et joueuses présents cette semaine en Italie sont là, malgré le fait d’avoir mille autres choses à faire, c’est avant tout par amour du jeu. Et de la compétition.

Les Championnats d’Europe individuels mid-amateurs 2023 débutent ce jeudi à Bogogno, près de Milan. Dans cette catégorie d’âge réservée aux 25 ans et plus, onze Français ont fait le déplacement. Et pas plus que les autres, ils n’échappent au fait de devoir emporter l’ordinateur, travail oblige. « En général, sur ce genre de tournois, je travaille deux à trois heures par jour, témoigne Hugo Rouillon, qui dirige sa propre entreprise. Je ne suis jamais off à 100 %. Je peux recevoir des mails ou des appels importants juste avant mon départ. La difficulté, c’est d’arriver à passer de l’un à l’autre. »

Un après-midi le week-end

« On a tous l’ordi dans le sac, confirme Hélène Malvy au sortir de sa partie de reconnaissance, mercredi. On a tous bossé ce matin, et on va tous devoir rebosser en fin d’après-midi. » La joueuse de Val-Grand Bondoufle, principale adjointe d’un collège de l’Essonne, est une habituée des grandes compétitions mid-amateurs depuis plusieurs années. « Ce championnat d’Europe, c’est avant tout le plaisir d’un beau tournoi, sur un parcours bien préparé, explique-t-elle. C’est aussi un événement où l’on peut se mesurer à d’autres bons joueurs, qui ont à peu près le même âge que nous, et le même style de vie. »

Parvenir à se libérer du temps pour venir disputer ce tournoi sur trois tours est une chose. Mais encore faut-il maintenir un niveau de golf suffisant pour rentrer dans le champ. Et là encore, trouver le temps de s’entraîner tout au long de l’année oscille entre l’organisation minutieuse et la réelle sinécure. « En général, je peux jouer un après-midi le week-end, le reste du temps c’est mort », campe Laure Poulet-Puissilieux. Chef de produit Perrier chez Nestlé, et résidente parisienne, cette dernière doit en plus composer avec un temps de trajet conséquent pour rejoindre les fairways les plus proches.

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Christophe de Grancey a terminé deuxième au mérite mid-amateurs français en 2022. © EGA

« Il ne faut pas avoir de vie sociale, résume en plaisantant Christophe de Grancey, 2e au mérite national mid-amateurs messieurs à l’issue de l’année 2022. Il est clair que les heures que je passe au golf, forcément, je ne peux pas les passer ailleurs. Mais je ne le regrette pas, car je l’ai choisi. »

« C’est un choix à faire, c’est clair », appuie Charlotte Guilleux, vice-championne d’Europe mid-amateur l’an passé au Médoc. Selon la joueuse de Cannes-Mougins, quelle que soit la situation professionnelle et familiale, jouer à haut niveau dans cette catégorie particulière requiert avant tout de l’organisation. « J’ai la chance que ce tournoi se joue en pleine saison, poursuit-elle. Car l’hiver, je ne peux pas jouer davantage qu’une fois par semaine. »

Travaillant dans le secteur bancaire, elle dispose d’une autre ressource précieuse : la compréhension de son employeur lorsque, parfois, elle doit s’absenter en pleine semaine. « Ah ! Et il faut parler du conjoint ! », enchaîne-t-elle aussitôt. Car si les tournois éloignent ponctuellement du lieu de travail, l’entraînement provoque une potentielle absence régulière du foyer. Même si, sur cet aspect, il existe des chanceux, comme Laure Poulet-Puissilieux ou Hugo Rouillon, dont les conjoints ont fait le déplacement jusqu’en Italie cette semaine.

Mais le cas inverse existe aussi, naturellement. « Lorsque l’autre n’est pas golfeur, avant toute chose, il faut qu’il comprenne qu’il est nécessaire de consacrer du temps au golf, et surtout pourquoi on le fait, livre Charlotte Guilleux. Quand on va faire 18 trous, avec le trajet, l’échauffement, le parcours, le 19e trou et le retour, on y passe la journée. » Mais lorsque la passion est la plus forte…