Actuellement 49e de la Road to Mallorca, Benjamin Hébert doit désormais enchaîner les bons résultats lors des prochaines semaines pour valider l’objectif qu’il s’est fixé en début de saison : retrouver l’élite en 2024.

Benjamin Hébert retrouve cette semaine pour la première fois depuis 2014 le par 72 du Vaudreuil © Aurélien Meunier / Getty Images Europe - AFP

C’est un Benjamin Hébert détendu et clairement affûté qui nous a donné rendez-vous ce mardi 27 juin à l’heure du déjeuner au clubhouse du Vaudreuil, chez Jean-Claude Forestier, hôte de cette deuxième étape française du Challenge Tour 2023. Le moral est plutôt bon. Ses dernières sorties – quatre cuts franchis en cinq départs depuis sa 5e place aux Pays-Bas à la mi-mai – sont clairement encourageantes. Son poignet droit meurtri l’an passé à Ras Al-Khaimah n’est plus qu’un mauvais souvenir. Même si un petit pépin est intervenu au Danemark il y a quasiment un mois de cela.   

« Je me suis refait mal en jouant un coup dans l’eau, souligne-t-il. J’ai pris un petit coup sur la même main mais il n’y a rien de cassé, juste une petite inflammation entre les deux phalanges. Du coup, je joue avec un strap depuis trois semaines. Cela s’atténue mais ça reste quand même handicapant. Tous les matins, j’ai une petite gêne. Je prends des anti-inflammatoires. Sur le parcours, ça ne me pose pas trop de souci mais c’est assez frustrant. »

Forcément, l’appréhension de rechuter après une année galère en 2022 sur le Tour européen est toujours vivace. Surtout que les roughs proposés lors des derniers tournois sur le Challenge Tour étaient tout sauf accueillants. « Dès que je rentre là-dedans, ça me fait un peu peur, admet-il. Mais ça a l’air de tenir. J’ai passé une IRM chez moi en Andorre il y a trois semaines, il n’y a rien de grave. Il faut être patient. Le problème, c’est qu’on est en plein milieu de la saison, je n’ai pas eu trop de repos. Un peu glace, un anti-inflammatoire, on fait attention… C’est la recette. »

Après un début de saison tronqué – il n’a pas pu jouer les premiers tournois en Afrique du Sud compte tenu de sa catégorie de jeu – et une tentative manquée sur le DP World Tour en Thaïlande à la mi-février, le Briviste retrouve petit à petit ses sensations. Malgré le manque évident de compétition suite à une très longue coupure. Certainement la plus longue qu’il a connue depuis son arrivée chez les pros.

« Je n’avais plus rejoué depuis les PQ2 au début du mois de novembre, explique-t-il. Même si j’avais effectué en janvier un stage de préparation au Maroc avec la Team St Laurent, pour reconstruire la base de mon swing afin d’éviter de trop repenser à la technique toute l’année. Ce n’est pas simple de se mettre dans le rythme. On a repris la compétition fin mars en Inde… Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu une période aussi longue sans compétition entre deux saisons. Cela m’a permis de couper en novembre et décembre, sans toucher les clubs. J’avais besoin de reposer mon poignet, car ça a été le rush à partir du moment où j’ai pu rejouer (deux mois et demi d’interruption en 2022). Huit ou neuf semaines sans arrêter, avec les Cartes d’accès comprises… Chercher des points sur le Tour, aller au PQ, rater les PQ… Bref, j’avais besoin de digérer. »

« Je suis parti surfer 15 jours au Maroc, enchaîne-t-il. J’ai ensuite passé le mois de décembre chez moi en Andorre, à la montagne. Je me suis reposé, j’ai fait un peu de ski, j’ai profité des copains… Depuis 2014-15, je n’avais pas vécu une telle période. D’habitude, on avait à peine une dizaine de jours de break vers Noël, mais c’est tout. J’ai 36 ans, je ne fais que ça depuis 2005. Soit quasiment 20 ans. Le temps passe vite. Avec la perte de la carte, il y a plein de choses qui rentrent en compte. Est-ce qu’on a toujours envie de faire ça, est-ce qu’on a toujours la motivation ? J’ai pris un peu de temps pour trouver la réponse. J’ai consulté beaucoup de gens autour de moi, à commencer par mon staff, mes potes, les deux personnes qui suivent ma « tête », à savoir Meriem Salmi et Mathieu David (arrivé dans le staff début octobre 2022). Et oui, j’ai encore envie de faire ça. »

Je sens que je retrouve le rythme avec l’enchaînement des tournois. Quand tu as perdu ce même rythme cet hiver pendant quatre mois, tu mets un peu plus de temps à le récupérer.

La preuve, il a toujours cet espoir d’améliorer sa catégorie de jeu sur le DP World Tour. Bénéficiant d’une exemption médicale sur deux tournois, en possession pour le moment d’une catégorie 16a, il a la possibilité d’accrocher une catégorie 10. Sa première tentative en Thaïlande n’a pas été fructueuse mais il espère la valider dans les prochaines semaines, sur une date du Tour européen qu’il n’a pas encore définitivement actée. Explications.

« J’ai longtemps hésité, confirme-t-il. Après la Thaïlande, il y avait le Kenya. Vu que je n’ai pas marqué de points en Thaïlande, j’étais obligé de réaliser un gros résultat. Je n’avais pas fondamentalement envie d’effectuer le voyage là-bas. Avec des points plus importants en jeu, j’aurais pu jouer cette semaine (au British Masters) ou la semaine prochaine (au Danemark) mais avec ce poignet, je ne me sens pas encore à 100 %. Et comme je dois faire un top 2 ou un top 3, c’est loin d’être simple… Là, je suis sur le Challenge Tour. J’ai marqué quelques points (Ndlr, il est actuellement 49e de la Road to Mallorca), je sens que ça peut basculer à tout moment. Je préfère donc me concentrer sur le Challenge Tour et me fixer comme objectif l’Irish Open (7-10 septembre). Il y aura 6000 points en jeu. La marge de manœuvre est plus importante. Peut-être qu’un top 5 sera suffisant pour garder ma carte (Ndlr, il doit pour cela finir seul 5e). Après, en septembre, il ne reste pas beaucoup de tournois derrière. Il faudra donc que je réalise une perf’. C’est dans le coin de la tête même si j’ai le sentiment de manquer encore un peu de jeu en compétition. Je sens que je retrouve le rythme avec l’enchaînement des tournois. Quand tu as perdu ce même rythme cet hiver pendant quatre mois, tu mets un peu plus de temps à le récupérer. »

Si jamais je ne fais pas la carte cette année, je serai de nouveau sur le Challenge Tour en 2024, mais je ne resterai pas 10 ans à ce niveau.

L’objectif est donc clair. Sans la moindre équivoque. Retrouver l’élite en 2023 en finissant dans le top 20, voilà le challenge que s’est fixé l’élève d’Olivier Léglise. Réalisable ?

« Je veux me prouver que je suis capable de remonter sur le Tour, conclut-il. Je ne me suis pas inscrit pour la finale des qualifs de The Open (Ndlr, prévue le 4 juillet sur quatre sites différents). J’ai toujours été partisan de rester à ma place. Et ma place aujourd’hui, elle est sur le Challenge Tour. Je ne vais pas aller dépenser de l’énergie en Grande-Bretagne sur 36 trous en une journée sachant que je reste sur trois semaines consécutives et que la semaine prochaine, on est en Italie, le tournoi le plus important de la saison (350 000 euros de dotation) et le mieux doté en termes de points (2750). Non, moi, l’objectif cette année, c’est le top 20 du Challenge Tour. Si jamais je ne fais pas la carte cette année, je serai de nouveau sur le Challenge Tour en 2024, mais je ne resterai pas 10 ans à ce niveau. Aujourd’hui, j’essaie de tout mettre en place pour accrocher cet objectif. On sait qu’il faut absolument une ou deux victoires, et des top 2 ou 3. La 15e place ne suffit pas. Je sais qu’il va falloir que ça tourne dans le bon sens à un moment. Gagner ou enchaîner des top 5 sur plusieurs semaines. Les Cartes en fin d’année, j’y songe aussi. On sait que c’est une option supplémentaire mais pour moi, la meilleure façon de retrouver l’élite, c’est le Challenge Tour. »