Passé en deux saisons du Pro Golf Tour au DP World Tour, Clément Charmasson savoure l’instant présent. Après une riche expérience en Australie récemment, il enchaîne cette semaine à l’AfrAsia Bank Mauritius Open, avant de s’accorder un vrai break, amplement mérité.
À peine sa carte du DP World Tour acquise à l’issue de la finale à Majorque le 2 novembre dernier, en prenant la 19e place de la Road to Mallorca, Clément Charmasson s’est octroyé un long moment de réflexion concernant sa présence (ou non) sur les premiers tournois de la saison 2025-26 programmés à l’autre bout du monde, en Australie. « Je n’ai écarté ni le fait d’y aller, ni celui de ne pas y aller », lâchait-il alors en bon Normand qu’il n’est pas.
Il faut dire que l’exercice 2025 sur l’HotelPlanner Tour avait été particulièrement intense, et éprouvant pour les nerfs, le Toulousain restant toujours sous la menace de basculer au-delà de ce fameux top 20 salvateur qui lui permettrait de valider son ticket au plus haut niveau. Et puis finalement, après mûre réflexion, le protégé de Karine Mathiot a décidé de se lancer dans l’aventure aux antipodes du Golf de la Ramée, à Toulouse, où tout a commencé pour lui. Et avec le recul, il ne regrette nullement son choix.
« J’étais assez fatigué à la fois nerveusement et émotionnellement de ma finale à Majorque, mais aussi de la saison, nous confirme-t-il. À l’arrivée, l’expérience fut incroyable. Des parcours de dingue, un public extraordinaire, une atmosphère au top… La fac aux États-Unis (Ndlr, il a suivi son cursus à Orlando, à l'University of Central Florida) m’a pas mal aidé pour affronter différents types de parcours, différents types d’herbes, de rapidité et de fermeté de greens. En termes golfiques, je n’ai rien vu qui m’a vraiment choqué, on va dire. Mais c’est plutôt les à-côtés qui m’ont fait réaliser que le curseur avait été placé un peu plus haut pour moi. Notamment à Melbourne, lors du Crown Australian Open. »
Une semaine plus tôt, au BMW Australian PGA Championship, à Brisbane, le hasard des tirages au sort lui avait même offert lors du troisième tour une partie avec Adam Scott, monstre sacré du golf moderne, ancien numéro 1 mondial et accessoirement vainqueur en 2013 à Augusta.
« Ce fut une journée incroyable où t’as l’impression d’être derrière la TV en le regardant jouer, souffle-t-il doucement, les étoiles encore plein les yeux. Il a accompli mon rêve en gagnant le Masters. On le regarde donc différemment. C’était aussi la première fois que je voyais autant de monde. Une foule qui crie dès qu’il entre un putt. En plus, il a été adorable. Il est juste parfait. Il est classe, beau, élégant, son jeu de golf est sublime… Il est ouvert d’esprit, de discussion aussi. J’ai passé une journée de fou en sa compagnie. »
Une expérience hyper enrichissante ponctuée par également par deux cuts franchis, certes loin des premières places mais plutôt encourageantes pour la suite des événements (Ndlr, 33e à Brisbane, 39e à Melbourne). Et pleine d’enseignement pour ce jeune homme qui fêtera ses 27 ans le 25 janvier prochain.
« Entre le début et la fin de la semaine, j’étais un peu plus à l’aise. On finit par oublier ce qu'il y a autour, ajoute-t-il encore. Mais c’est surtout l’organisation, l’environnement plus que le golf en lui-même, qui m’a fait comprendre que c’était un cran au-dessus. En tout cas, je suis très content de cette tournée en Australie. Le jeu a été bon mais pas aussi bon que je le souhaitais. Notamment lors des week-ends où il y avait je pense quelque chose de mieux à aller chercher. Je perdais un peu de gaz au fur et à mesure que la semaine avançait. À moi maintenant de profiter de tous ces moments, mais je dois aussi me remettre dans le vif du sujet, me dire que tout ça devient mon quotidien, mais sans perdre la véritable priorité des choses. Trouver mes marques au plus vite et me dire que tout cela est normal, finalement (rires) ! »
Un rêve éveillé donc pour Clément Charmasson, en possession cette saison d’une catégorie 15 sur le Tour européen, dont il entend profiter à fond en compagnie de son ami, Antoine Bigot, bien plus qu’un simple caddie.
« Cette nouvelle aventure prend un peu plus de sens encore avec lui à mes côtés, souligne-t-il. On a tout partagé ensemble. On a partagé tellement de choses depuis le golf de la Ramée. Il était venu m’aider quand j’étais sur le Pro Golf Tour en me servant déjà de caddie, pour ne pas être seul dans la chambre d’hôtel, pour au final gagner ensemble sur l'HotelPlanner Tour (Ndlr, en Espagne le 11 mai 2025) et assurer ensuite la montée sur le DP World Tour. Faire le départ le samedi avec Adam Scott et mon pote à côté de moi, c’était extraordinaire. Entendre son nom au départ, c’est trop beau quelque part. Quand on s’arrête 30 secondes et qu’on réfléchit à tout ça, on se dit : « Wow, qu’est-ce qui se passe ? » »
« Mais petit à petit, on s’y fait, reprend-il. On réalise par exemple après la finale à Majorque où tout se concrétise vraiment. On sent l’engouement qui se crée ensuite, la partie avec Adam Scott… Mais pas que… On croise aussi à Melbourne Rory McIlroy sur le parcours. J’ai aussi pu discuter avec lui deux minutes au Players Lounge. Il prenait un café en même temps que moi et je me suis permis de le féliciter pour son Grand Chelem. Ce n’était que 30 secondes mais ça paraissait tellement irréel. C’est là qu’on réalise le chemin parcouru. »
Un scénario complètement fou, à l’image de cette trajectoire tout aussi improbable quand à peine deux ans plus tôt, alors pensionnaire du Pro Golf Tour, il bénéfice du top 21 final à la finale des Cartes européennes du Franco-Arménien Jean Bekirian et du Slovaque Tadeas Tetak, assurant leur présence sur DP World Tour 2025, eux qui venaient de finir dans le top 5 de la 3e division européenne. Un jeu de chaises musicales qui a permis à Clément Charmasson, 7e à l’issue de la saison 2024, de grimper sur l’HotelPlanner Tour.
« Il y a une partie de moi qui continue à ne pas réaliser ce qu’il m’arrive, admet-il. Cela me permet quelque part de rester dans mon monde, dans ma bulle. Où je ne réfléchis pas plus que ça… Je trouve que c’est pas mal qu’il y ait une part de moi-même qui réalise où je suis, car il faut aussi profiter des instants présents, mais le fait qu’il y ait aussi une autre partie de moi qui ne capte pas complètement ce qui se passe, c’est plutôt bien. Mon pote qui me caddeye, ça me rappelle la maison, la famille, les potes, les choses simples que j’ai connues depuis tout petit. »
Il va, cette semaine à l’île Maurice, prendre le départ de son quatrième tournoi sur le Tour européen, « expérience » comme il dit entamée au FedEx Open de France au mois de septembre à Saint-Nom-la-Bretèche (78). Une première qui s’était soldée par un cut là encore parfaitement négocié grâce à un excellent 66 (-5) le vendredi (Ndlr, il finira 74e). Arrivé dimanche en fin de journée en plein océan Indien, il découvre pour la toute première fois cet endroit sorti tout droit d’une carte postale.
« Il fait 26, 27 degrés, annonce-t-il. Il y a beaucoup de vent. En ressenti, il fait un peu plus frais mais il faut faire attention au soleil. Donc, ne pas hésiter avec la crème (rires). Je découvre Maurice. J’arrive de Dubaï où je me suis entraîné pendant une semaine. Cela m’a aussi permis de breaker un peu après une saison intense sur l’HotelPlanner Tour. Je ne voulais pas traverser toute la planète après mes deux semaines passées en Australie. Dubaï, ça me permettait de me rapprocher et de pouvoir m’entraîner dans de bonnes conditions, notamment à l’Académie Tommy Fleetwood, au Jumeirah. Avant de prendre un vol de cinq heures pour rejoindre Maurice. »
Actuellement 60e de la Race to Dubai, Clément Charmasson effectuera un bilan de 2025 à l’issue de ce dernier tournoi de l’Opening Swing. Pour lui, le temps de se fixer des objectifs pour 2026 n’est pas encore arrivé. « J’ai pris la décision de finir d’abord 2025, et je mettrai tout à plat pendant les fêtes en repartant début janvier avec des objectifs, prévient-il. Là, je fais au mieux. Je ne réfléchis pas plus que ça, il n’y a pas d’objectif particulier. J’ai accompli beaucoup de choses en peu de temps… »
« Pour le calendrier, je sais que je ne vais pas entrer dans les deux premiers tournois à Dubaï, poursuit-il. Je rentrerai juste après, à Bahreïn, au Qatar… On aura une semaine de break et j’enchaînerai ensuite avec le Kenya et les deux dates en Afrique du Sud. Je vais essayer de jouer 25 tournois environ. En me laissant deux, trois tournois de battement si en fin de saison j’ai besoin de points, ou si physiquement ça va. Les deux dernières saisons, j’ai joué entre 22 et 23 tournois. Je vais essayer de faire pareil. »
La tâche s’annonce toutefois un peu plus ardue qu’en 2025. En effet, et c’est le très gros changement par rapport aux saisons précédentes, seuls les 100 premiers de la Race conserveront leur droit de jeu plein pour 2027. Il ne faudra donc pas trop traîner sur la route en 2026.
« Tout le monde est dans le même bateau, conclut-il. J’ai envie d’aller à Abou Dabi (top 70 de la Race) en fin d’année. Si je ne joue pas aussi bien que je le veux, je serai plus focalisé sur ce fameux top 100. On regardera ça en temps voulu. La saison est très longue. L’an passé, je m’étais mis assez vite la pression, en comptant les points, à regarder à droite, à gauche. Je n’ai pas envie de faire la même erreur cette saison. On est mi-décembre et on finit en novembre de l’an prochain, il y a beaucoup de golf à jouer, il peut se passer beaucoup de choses. J’essaie de ne pas trop me projeter et de vivre l’instant présent. J’ai envie de faire une belle semaine ici à Maurice, et de breaker ensuite car j’en ai vraiment besoin. Rentrer en France ensuite voir ma famille et mes proches, faire et voir aussi autre chose que le golf. Pour attaquer comme il faut 2026. Et puis rien ni personne ne m’interdit de gagner rapidement comme cela a été le cas en 2025 sur l’HotelPlanner Tour… (rires) »