Deuxième en Espagne dimanche dernier, la Varoise de 24 ans a enregistré une nouvelle place de deuxième en autant de sorties, trois semaines après son play-off perdu en Irlande. Mais, au-delà des résultats, « PRB » a retrouvé le plaisir simple du jeu, qu'elle compte bien éprouver à nouveau cette semaine au Lacoste Ladies Open de France.
Quels sentiments cette seconde deuxième place consécutive vous inspire-t-elle ?
C'est super ! Je n'ai plus d'objectif de résultat en ce moment, je me fais juste plaisir à bien jouer au golf, à être sur un parcours, et à être une athlète professionnelle de manière générale. J'essaie juste de surfer cette vague et d'apprécier le processus de travail qui va avec. En plus de ça, j'ai trouvé un caddie sud-africain, Paul Keyser, avec qui ça fonctionne de manière incroyable. On est sur la même longueur d'ondes sur beaucoup de choses, et ça facilite tout le reste pour moi. Ça me donne une immense liberté sur le parcours et ça me permet de m'exprimer comme je veux. Il ne prend pas de place – c'est un compliment – et en même temps, il a les bons mots. Sa présence a grandement participé aux deux très bons derniers tournois que j'ai fait, où je me suis fait plaisir à juste taper de très bons coups de golf.
Comment expliquez-vous ce retour en forme et ce plaisir retrouvé à jouer au golf ?
J'ai retrouvé un équilibre. C'est bête à dire, mais j'ai repris un mode de vie qui me donne envie de me lever le matin : ça comprend le sport que je fais hors des parcours de golf, un peu d'école au passage, et golfiquement j'ai simplifié des choses au niveau du swing. Tout s'est structuré peu à peu, même si j'ai mis du temps à laisser les bonnes choses m'arriver. Au début, je m'inquiétais du résultat, de la planification, des conséquences éventuelles, mais à un moment donné je me suis juste dit qu'il fallait que j'apprécie le fait d'être une sportive de haut niveau, d'avoir la chance de faire ce que je fais. Voilà la dynamique dans laquelle je suis aujourd'hui.
À quel point la période que vous avez vécue auparavant a-t-elle été difficile ?
Toute ma vie était tournée vers le golf, mais il y a eu des erreurs commises de mon côté, d'autres côtés aussi, et j'ai eu un creux très profond au moment de l'U.S. Women's Open (début juin, ndlr). Je n'étais vraiment pas heureuse sur un parcours de golf, je n'aimais pas du tout ce que je faisais. C'était très noir, mais j'ai alors entamé un travail différent, après avoir discuté avec d'autres personnes. En Irlande (début septembre),j'écrivais dans mon carnet que ça faisait 75 jours que j'étais mal, et que ça me manquait de jouer pour jouer, d'être à la bagarre, de faire des birdies, et juste d'être une athlète. J'étais arrivée à un point où le golf prenait 100 % de ma vie, et ça m'a gonflée, d'autant plus que j'avais la frustration du résultat qui ne venait pas. Je ne répondais pas à mes propres attentes. Donc j'écrivais en Irlande que ça faisait 75 jours que je n'avais pas passé une semaine où, du début à la fin, j'ai eu le sourire et juste kiffé de taper dans la balle. Après, tout est lié : je ne peux pas être dans une dynamique de plaisir si le swing n'est pas là, donc tout est venu étape par étape. J'ai recommencé à bien taper la semaine après l'U.S. Women's Open, mais les effets ont mis du temps à venir, et tout a fini par s'aligner à partir de l'Irlande.
Avez-vous eu du mal à accepter de devoir retourner jouer sur le circuit européen cette saison ?
Retourner jouer sur le Ladies European Tour n'a jamais été le purgatoire. Quand j'ai perdu ma carte sur le LPGA Tour en fin d'année dernière, il n'y a pas eu de larmes à essuyer – et pourtant, il y avait eu des larmes à chaque cut manqué au cours de la saison. Ça a presque été un soulagement de me dire que j'allais retrouver la communauté qui existe sur le LET, où l'ambiance entre joueuses est incroyable. Et puis la variété des parcours, des pays qu'on visite, des voyages, des gens que l'on côtoie, fait qu'on ne se sent jamais seul. C'est une dynamique vraiment différente, que j'ai énormément appréciée.
D'autant plus que vous avez enregistré de très bons résultats tout au long de l'année...
La saison a été bonne dans l'ensemble, mais séquencée : bonne au début jusqu'à la Corée, mi-mai ; puis dans une spirale noire pendant quelques semaines du Jabra Ladies Open jusqu'à la Suède, où j'ai commencé à remonter la pente petit à petit. Et à partir de l'Irlande, fin août, début septembre, le résultat s'est aligné avec le jeu. Je suis maintenant sur une vraie dynamique de carrière, en tout cas de celle que je veux faire. Depuis que je suis passée pro, mes valeurs n'ont pas changé, mais ma façon de voir ce métier a évolué, et j'ai le sentiment que le travail qu'on a mis en place depuis que j'ai touché le fond en milieu d'année me permet aujourd'hui de pouvoir me projeter sur du très long terme.
Votre participation au Lacoste Ladies Open de France est donc l'occasion de poursuivre cette belle dynamique...
Ça me fait très plaisir de revenir jouer en France, devant un public qui va soutenir ses joueuses. D'autant plus que mon grand frère et ma maman vont me rejoindre à Deauville. Je n'ai jamais été là-bas, donc j'ai hâte de découvrir l'endroit (entretien réalisé lundi 23 septembre, avant son décollage pour la France, ndlr), mais en revanche je ne suis pas très friande du format de jeu en alliance qui va rallonger énormément les parties. Enfin, ça ne n'empêchera pas de prendre du plaisir à taper des bons coups de golf !
Où vos pas vont-ils vous mener d'ici la fin de l'année ?
J'irai ensuite en Chine la semaine prochaine, mais pas à Taïwan celle d'après car je jouerai la même semaine les PQ2 du LPGA Tour. Ensuite, l'Aramco Team Series à Riyad début novembre et le tournoi du LPGA Tour à Hawaï dans la foulée. Enfin, puisqu'ils ont annulé Majorque (21-23 novembre), il ne restera que la finale des Cartes du LPGA Tour début décembre.
Étant donné que vous êtes actuellement 6e de l'ordre du mérite du circuit européen, n'êtes-vous pas qualifiée directement pour la finale des cartes américaines ?
Le top 10 du LET ira directement à la finale, mais je ne peux pas prendre le risque de zapper les PQ2 et sortir du top 10. Et comme les cartes pleines qu'ils avaient promises en fin d'année dernière ont été annulées sans explication, je n'ai pas le choix... Mais l'objectif reste bel et bien de revenir sur le LPGA Tour l'an prochain.