Revenu au plus haut niveau en fin d’année dernière sur l’Asian Tour après une période de doute, Gary Stal, blessé au dos, a pris la décision de mettre un terme à sa saison. Jusqu’à nouvel ordre !

Alors que la saison 2025 de l’Asian Tour va réellement entrer dans le vif du sujet avec treize tournois au programme entre le 11 septembre et le 13 décembre (contre neuf seulement entre fin janvier et le 31 août), Gary Stal, lui, va devoir soigner un dos meurtri. Engagé la semaine passée à Jakarta au Mandiri Indonesian Open, le Lyonnais domicilié à Dubaï a abandonné après un tour et une carte de 73 (+1). Victime ici d'un mal qui le ronge depuis maintenant deux à trois ans et qui l’oblige à prendre une décision radicale : arrêter la compétition tant qu’il ne sera pas totalement guéri.
« Dans la vie de tous les jours, je ne peux pas me plaindre de mon dos, pour aller faire des courses, marcher, faire un peu de sport, souligne-t-il doucement. Mais la douleur revient quand j’effectue des rotations (du tronc). Là, ça me bloque. Les douleurs commencent dans la fin de la montée (de son swing) et à la reprise d’appuis. C’est là le pire. J’arrivais à faire avec jusqu’à cette année mais là, c’est devenu catastrophique. »
Vainqueur le 6 décembre du Stage I des Cartes asiatiques organisées à Chonburi (Thaïlande), Gary Stal avait confirmé en finale quinze jours plus tard, à Hua Hin (Thaïlande) cette fois, validant son droit de jeu sur l’Asian Tour 2025 en compagnie de deux autres Français, Joël Stalter et Julien Sale. Curieusement, aucune douleur au bas du dos, dans la région des lombaires, ne s’était manifestée durant cette période. « Ce fut parfait pendant trois semaines, confirme-t-il. Mais désormais, la douleur revient trop souvent. Même en partie amicale. Et quand on est sous pression, en tournoi, c’est de pire en pire. »
« En fait, tout s’est gâté après le Japon, fin février, poursuit-il. Je suis allé jouer un tournoi de l’ADT (2e division asiatique) en Thaïlande, à Phuket. Pour me permettre de rester en condition compte tenu du début de calendrier très espacé… Et au deuxième trou du premier tournoi, j’ai pris un coup d’électricité énorme dans mon downswing sur un coup d’essai. À partir de là, c’est très bizarre, il fallait que j’arrête les coups d’essai, il n’y avait que sur les vrais coups que ça me dérangeait moins. D’habitude, je faisais deux coups d’essai. Je suis passé à un et puis finalement aucun après huit ou neuf trous. Il y avait tellement d’appréhension que c’était déjà du rafistolage. Tout cela s’est enchaîné dans le mauvais sens. À Taïwan, au Maroc, où j’abandonne après neuf trous. Je devais après m’aligner sur un autre tournoi, je ne l’ai pas joué. Ensuite, à Rabat à l’International Series, il m’arrive la même chose au huitième trou. J’ai fait un break depuis jusqu’à l’Indonésie sans jouer de tournoi. Et là, bis repetita. À croire que je ne peux tenir que neuf trous… »
Pourtant, tout en jouant fortement diminué, Gary Stal parvient à tenir le choc à l’entame du premier tour du Mandiri Indonesian Open marquant la reprise de la saison après quasiment deux mois de pause, sauf pour ceux qui ont pris part au 153e The Open de l’histoire au Royal Portrush. Pointant à -5 après 13 trous, malgré des tensions de plus en plus fortes au dos, il est en train de réaliser une superbe performance avant ce terrible 9 (sur un par 5) concédé sur son dernier trou, à la nuit tombante. « Le lendemain matin, dans ma chambre d’hôtel, j’ai pris un club en faisant un swing d’essai et j’ai dit : "Cela ne sert à rien de continuer." J’ai pris la décision de me retirer. »
Joint par téléphone ce lundi 1er septembre à son domicile à Dubaï, Gary Stal est désormais conscient que la période qu’il entame maintenant va, peut-être, conditionner la suite de sa carrière. « Je ne compte pas reprendre la compétition dans ces conditions, prévient-il, lucide. Je ne peux pas me projeter, aller en tournoi et me dire : "J’espère que ça va tenir deux, trois ou quatre tours et pas pouvoir faire dans la foulée deux à trois semaines de suite." Tout le monde a des pépins physiques, mais entre ça et ne plus pouvoir jouer, il y a une différence. Si c’est pour faire ça et avoir une douleur au bout de neuf trous qui me plante le tournoi, ça ne sert à rien. Ce n’est pas vivable. Je fais ça pour me faire plaisir, pour gagner ma vie. Je suis loin des gens que j’aime. Je n’ai pas envie de partir et de devoir batailler pour espérer faire un cut. C’est fini, ça. Si je reviens, je reviens à 100 %. Je ne vais pas me prendre la tête, me fusiller mentalement. Le golf, c’est déjà très dur comme ça, mais si en plus de ça, on n’arrive pas à passer les cuts à cause de blessure, ça ne vaut pas le coup. »
« J’ai un médecin que me suit régulièrement mais je ne sais pas trop si c’est le fond du sujet, ajoute-t-il. Je vais peut-être étudier d’autres options. Je ne peux pas remettre la faute sur un kiné, un préparateur physique, un ostéo… Le problème, c’est que sur les IRM, on ne voit aucun souci au niveau des disques. Il n’y a pas de hernie discale, tout est ok. Il y a certes des problèmes d’hydratation du disque C4 ou C6 mais il n’y a rien de flou. »
Un message sans langue de bois sur les réseaux sociaux
Très certainement sous le coup de la colère mais aussi de la frustration, le vainqueur de l’Abu Dhabi HSBC Championship 2015 sur le Tour européen, devant Rory McIlroy et Martin Kaymer, s’est longuement confié le soir même de son abandon dans un message sans langue de bois posté sur son compte Instagram (voir encadré ci-dessous).
« J’ai pensé tout ce que j’ai dit, confirme le golfeur aujourd’hui âgé de 33 ans. Je le pense vraiment. J’étais déjà dans l’avion quand je l’ai écrit. Cela m’a permis de passer le temps aussi. Je ne suis pas le seul à partager ce sentiment. C’était sincère. Concernant le golf d’aujourd’hui, je le trouve moins intéressant qu’il y a sept ou huit ans en arrière. Il y a moins de stars. Tout le monde s’en va sur le PGA Tour. Cela dégrade forcément le Tour européen. »
« J’ai eu plein de retours positifs, renchérit-il. La plupart des joueurs pensent comme moi. Il y a moins d’étoiles dans les yeux par rapport à il y a une dizaine d’années. Cela reste mon point de vue, mais c’est aussi le point de vue de beaucoup de gens. J’ai dit ce que je pensais, et j’ai dit ce que les autres pensent tout bas. Les mecs perdent leur carte sur le PGA Tour, ils finissent 300e, et ils se retrouvent avec une meilleure catégorie que ceux qui grimpent de l’HotelPlanner Tour (ex-Challenge Tour). Je ne trouve pas ça normal. On voit des Australiens, des Coréens qui se retrouvent devant les joueurs issus des Cartes. C’est ridicule. Je sais que c’est le jeu des alliances du DP World Tour avec d’autres circuits, mais pourquoi ne pas les placer avec les gars des Cartes et faire un re-ranking en cours de saison ? À la mi-juin par exemple… »
À l’image d’une carrière de golfeur professionnel faite très souvent de hauts et de bas, Gary Stal a déjà mangé son pain noir à la fin des années 2010, alors en totale perte de confiance, songeant même durant cette période à abandonner la compétition et passer à autre chose. Avant que la passion du jeu ne reprenne le dessus. Là, face à ce nouveau défi, il envisage toutes les éventualités. Même celle de mettre un terme définitif à sa carrière.
« Oui, c’est possible, conclut-il. Tout est possible. Même si ce n’est pas mon souhait. Je ne pense pas que j’ai ça au fond de moi. Si je n’arrive pas à soigner mon dos, et si je ne retrouve pas l’envie, alors oui, il faudra envisager cette option. Pour l’instant, je suis frustré, un peu dégoûté du golf aussi. Rien ne va dans le bon sens. En ce moment, aller jouer des tournois, ce n’est pas quelque chose qui va me manquer. Peut-être que ça va me manquer bientôt... Et puis ce n’est pas parce que je m’arrête un an que ma vie va s’arrêter elle aussi. Il y aura toujours des choses à faire. »
Son post du 29 août sur Instagram
On ne pourra pas dire que la saison a été longue... C'est avec beaucoup de regrets que je vais arrêter après seulement 5 tournois joués, dont 4 où je n'ai fait que 18 trous. Je ne peux pas continuer à jouer au golf en ayant tout le temps mal au dos et en prenant des antidouleurs à chaque semaine de tournoi. J'ai donc décidé de ne plus rejouer en compétition tant qu'il y aura des douleurs et que je ne pourrai pas enchaîner les tournois. Le golf est déjà assez dur comme ça, alors si en plus on rajoute les douleurs... Qui dit douleurs dit moins d'entraînement, et sans entraînement, ça ne marche pas.
En même temps, je pense que j'ai perdu le goût du jeu, le goût de l'entraînement... C'est plus dur qu'on le croit de perdre l'envie d'avoir envie. Là, je pars pour 9h d'avion, donc autant vous dire que j'étais parti pour faire un truc carré, mais au final je vous balance juste une tartine de ce que je pense vraiment ! J'ai kiffé mes débuts pros de 2012 à 2018. Après, c'est parti un peu en live... Covid, LIV, vous connaissez la suite. Mais au début, c'était génial. Quand je suis arrivé sur le Tour, il y avait des joueurs qui marquaient, qui avaient quelque chose en plus par rapport à maintenant. Oui, je vous parle bien des Stenson, Garcia, Westwood, Schwartzel, Poulter, Jiménez, Olazábal... Je ne vais pas tous les citer, mais pour dire qu'il y avait une aura différente à cette époque.
Attention, quand je dis ça, je ne parle pas du niveau : le niveau de jeu moyen est meilleur qu'il y a 10 ans. En même temps, c'est normal, entre Trackman, caméras, et les mecs qui posent 1 million de tees sur le putting green pour leurs exos... A un moment donné, ça doit payer ! Les gars font leur reco en 6h parce qu'ils essayent tous les chips et putts possibles pour être sûrs d'avoir le bon pourcentage de pente sur un putt de 3 m... qui n'existera sûrement jamais !
Donc voilà, tout ce nouveau golf me gonfle un peu. Il n'y a plus rien de créatif. Tout le monde a les yeux rivés sur son téléphone, plus personne ne regarde ce qui se passe, ça filme, et c'est tout. Heureusement, ce n'est pas tout le monde, je généralise un peu... parce que j'aime bien généraliser ! Bref, c'était mieux avant pour ma part. Mais ça n'enlève en rien les performances des Français sur le Tour. Je ne suis en aucun cas jaloux ou envieux, je tiens à le préciser - parce qu'on sait que ce genre de messages peut vite être mal interprété ! Voilà. Je ne poste jamais rien sur Insta, je vais m'arrêter là. Peut-être que la prochaine fois, je ferai un podcast - un peu plus énervé- sur les invitations sur le DPWT, les légendes catégories et toutes ces catégories sorties de nulle part qui passent devant des joueurs ayant gagné leur carte via le Challenge Tour !
Sur ce, bonne soirée à tous, et merci pour vos messages de soutien.