Proette depuis 2018, la Varoise évolue cette saison sur le Ladies European Tour et sa seconde division. Comme joueuse, mais aussi désormais comme organisatrice d'un tournoi : la grande finale du LET Access Series prévue fin octobre à l'Isle Adam.

La joueuse de Valescure entame sa 5e saison chez les pros. © Alexis Orloff / ffgolf

Le 21 décembre dernier, les joueuses de la seconde division européenne étaient entrées dans l'hiver avec la perspective rassurante de disputer une saison digne de ce nom en 2022. Ce jour-là en effet, le LET Access Series avait annoncé la tenue, pour la fin octobre, d'une grande finale, un ultime tournoi réservé aux meilleures, nettement mieux doté et organisé sur un parcours d'excellente réputation aux portes de Paris. Dans le communiqué de presse officiel, les déclarations enthousiastes s'enchaînaient, mais l'une d'entre elles avait particulièrement attiré l'attention : celle attribuée à « Émie Peronnin, joueuse professionnelle et promotrice du tournoi ». Cette Letas Grand Final L'Isle Adam-Paris sera en effet organisée par la toute nouvelle société PRP Sport & Event, dont la golfeuse varoise est actionnaire aux côtés de Stéphane Pourrain et Jérôme Rozier. « Le Letas a été ravi d'apprendre qu'on montait ce projet et ils nous soutiennent à fond, évidemment », explique-t-elle en préambule.

Une prise en charge totale des joueuses

Il faut dire que le projet imaginé par la joueuse et ses associés a de l'allure : 80 000 euros de dotation, soit le double d'un tournoi normal ; et une prise en charge totale des 60 compétitrices, qui seront logées, nourries et même véhiculées depuis les aéroports parisiens. « L'idée, on l'a trouvée l'an dernier à Sotogrande sur l'Aramco Team Series, où il y avait vraiment un soin particulier apporté au confort des joueuses », explique Stéphane Pourrain. « En parlant avec le LET et le Letas, on a su qu'il y avait la possibilité de prendre la finale, donc on est partis là-dessus. De notre côté on a vu qu'il y avait un potentiel de sponsoring important au niveau local. Étant par mes autres activités professionnelles l'un des plus gros clients de l'hôtel et un partenaire privé du golf, l'idée a fait son chemin. »

« Je ne sais pas encore comment, mais je vais t'aider »

Mais pourquoi, au-delà de leur passion commune pour le golf, le dirigeant d'une société d'audit de sécurité et le patron d'un cabinet d'expertise comptable se sont-ils lancés dans une telle aventure au côté d'une jeune proette ? « J'ai rencontré Stéphane lors du Jabra Ladies Open 2019. Le courant est bien passé et il m'a dit en partant : "Je vais t'aider ; je ne sais pas encore comment, mais je vais t'aider." Depuis, il fait tout pour soutenir ma carrière : c'est lui qui m'a présenté Jérôme, qui m'aide à son tour depuis l'an dernier », explique Émie Peronnin. « Ils ont l'un et l'autre fait quelques tournois avec moi. Ils ont vu notamment la différence entre un Aramco Team Series et une épreuve du Letas, ils m'ont vu aussi un peu galérer sur certains tournois, donc ils se sont dit qu'il y avait des choses à faire pour, au-delà de me soutenir, soutenir le golf féminin. »

Émie Peronnin et, en arrière-plan, Stéphane Pourrain. © Alexis Orloff / ffgolf

Permettre aux joueuses de se concentrer sur leur jeu

Habituées à jouer pour des dotations cinq à dix fois inférieures à celles des hommes, à tournois comparables, les golfeuses professionnelles n'ont que trop rarement le luxe de pouvoir se concentrer uniquement sur leur jeu. « Les filles doivent tout se payer, elles n'ont aucun confort matériel, elles doivent penser à tout elles-mêmes. Comment peut-on exiger d'elles des résultats alors qu'elles entament la saison déjà déficitaires ? » s'interroge Stéphane Pourrain. « On sait bien que le Letas ou le LET, ce n'est pas le top niveau mondial, mais quand même... Il va falloir prendre conscience que les filles ont autant de droits que les garçons, et qu'il va falloir les traiter équitablement. » Le soutien aux joueuses – non seulement leur proposer un tournoi bien doté, mais surtout les décharger des principales contraintes logistiques et financières – est donc le credo de PRP Sport & Event, et la tâche à laquelle s'est consciencieusement attelée la licenciée du Golf et Tennis Club de Valescure.

« Remettre en marche ce côté de mon cerveau »

S'il n'est pas question pour elle d'abandonner les clubs, Émie Peronnin met autant d'implication dans son nouveau job que dans celui qu'elle exerce pour la cinquième année. « Je sers de liaison avec le Letas et les joueuses, car je suis un peu plus à l'aise en anglais que Stéphane et Jérôme », s'amuse l'ex-étudiante de l'université du Minnesota (2013-17). « Je m'occupe aussi de la communication et des réseaux sociaux. J'ai fait un diplôme en commerce et marketing, donc je suis vraiment dans ma spécialité ! C'est assez amusant de remettre en marche ce côté de mon cerveau, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé de travailler sur autre chose que du golf, donc ça fait une bonne distraction et ça m'occupe bien. Et puis c'est aussi une bonne perspective pour l'avenir. Je me régale ! » Mais paradoxalement, son objectif du point de vue sportif est... de ne pas jouer son propre tournoi : « Ça voudrait dire que mes résultats cette saison sur le LET seront suffisamment bons pour me permettre de jouer l'open d'Inde, qui est prévu aux mêmes dates », conclut-elle. Réussir deux tournois la même semaine, c'est tout ce qu'on lui souhaite !