Très engagé pour accélérer la transition écologique du golf, entamée de longue date, Pascal Grizot, président de la ffgolf, vous informe, à quelques jours du début de l’été, des dernières avancées de la filière en matière de gestion raisonnée de l’eau.

Chères licenciées, chers licenciés,

Il y a bientôt un an, au cours de l’été 2022, alors que la France faisait face à une intense période de sécheresse, des attaques injustes et parfois violentes étaient proférées à l’encontre de notre sport par des personnalités politiques. En se référant délibérément à un rapport parlementaire obsolète (contredit depuis par deux rapports plus récents, aussi sérieux que professionnels), l’arrosage de nos golfs, présumé, à leurs yeux, irresponsable, volumineux et destiné à satisfaire des privilégiés, était dénoncé. Ces critiques acerbes ont par ailleurs déclenché des incivilités et, bien plus grave encore, entraîné des dégradations dans une dizaine de nos clubs.

La Fédération s’était alors attachée sans relâche à les condamner avec la plus grande fermeté et avait entamé des actions en justice. Elle s’était aussi et surtout mobilisée pour rétablir la vérité et dénoncer l’ignorance de ceux qui ont jeté, de manière irresponsable, le discrédit sur notre discipline. Et par extension, sur celles et ceux qui la font exister et se développer chaque jour. Des hommes et des femmes parfaitement conscients des enjeux et des efforts à accomplir pour accélérer une transition écologique nécessaire, transition entamée bien avant que la sécheresse de l’été dernier vienne remettre le sujet au premier plan.

L’idée même que la diffusion d’informations mensongères puisse vous faire douter des propriétaires et gestionnaires de golf ainsi que des professionnels de l’entretien de nos parcours nous était en particulier insupportable.

Je m’en étais ouvert à vous pour plusieurs raisons. L’idée même que la diffusion d’informations mensongères puisse vous faire douter des propriétaires et gestionnaires de golf ainsi que des professionnels de l’entretien de nos parcours nous était en particulier insupportable. En outre, il nous apparaissait indispensable, au regard de votre fidélité à notre Fédération et à notre sport, de vous assurer de notre engagement total à défendre notre filière face aux menaces que ces attaques injustifiées faisaient peser sur le présent et l’avenir.

Au cœur de ce moment de tension, alors habités par un profond sentiment d’injustice, nous nous sommes fait la promesse, avec l’ensemble des membres du Comité directeur de la ffgolf et les représentants de la filière, de ne plus jamais laisser quiconque salir à tort l’image du golf. Tout comme nous nous sommes fait un devoir de vous tenir informés de nos actions et de nos progrès constants en en matière de transition écologique.

C’est pourquoi je vous écris à nouveau aujourd’hui. Des mois se sont écoulés depuis cet emballement médiatique. Depuis, dans le prolongement d’efforts importants mais méconnus consentis ces dernières années par nos golfs pour générer des économies d’eau, les choses ont encore évolué. Elles ont évolué parce que nous agissons.

Nous continuons de développer nos partenariats avec les Agences de l’eau. Établissements publics du Ministère de la transition écologique, les Agences de l’eau ont pour mission d’agir pour un partage durable et solidaire de la ressource en eau. Elles apportent à ce titre un soutien financier aux différents acteurs économiques concernés par l’usage de cette ressource et déterminés à réduire leur consommation. Le 14 avril dernier, la ffgolf a signé une nouvelle convention (la troisième) avec l’une des six Agences de l’eau du territoire national, l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Depuis 2015 et les premières collaborations de la ffgolf avec les Agences de l’eau, des économies d’eau importantes ont été réalisées par les golfs ayant bénéficié de subventions, laissant présager de résultats tout aussi positifs dans le cadre de cette nouvelle convention (une économie de prélèvement de 926 010 m3/an générée par 91 golfs ayant investi un total de 32 M€).

Nous poursuivons nos travaux pour le développement des projets alternatifs aux prélèvements dans le milieu naturel. Nous sommes notamment très fortement mobilisés sur la question de la réutilisation des eaux usées traitées par les stations d’épuration. À ce jour, 20 golfs en France s’approvisionnent grâce à cette solution, ce qui est peu au regard de pays comme les États-Unis (Floride, Californie…) et l’Espagne qui l’ont massivement déployée. La réglementation actuelle rendant complexe le montage de ces projets très vertueux, la ffgolf a été à l’initiative d’une proposition d’évolution de la législation dans ce domaine auprès des ministères concernés et du cabinet du Président de la République, solution désormais prônée dans le Plan eau et sobriété du gouvernement.

Dès l’automne 2022, nous avons engagé des travaux de réflexion et de consultations de différents acteurs de l’eau afin de mettre en place un programme en ce sens. Nous avons travaillé avec les sociétés Véolia et Suez ainsi que deux cabinets d’études, Strane et Écofilae. Avec l’aide de Véolia nous avons réalisé une cartographie superposant les positions des golfs avec celles des stations d’épuration. Une pré-étude des données extraites des 19 départements n’ayant pas appliqué l’accord-cadre encadrant l’arrosage des golfs en cas de sécheresse, a permis d’éclairer la situation des 145 golfs présents dans cette zone. En appliquant des critères de distance (4 km) et de volumes disponibles en sortie de stations d’épuration des eaux usées (200 m3/jour), nous avons pu cibler 62 golfs où la réutilisation des eaux usées traitées pourrait facilement être mise en place. Par ailleurs, des expérimentations sont en cours dans d’autres départements comme celui des Alpes-Maritimes où le golf de Cannes-Mandelieu s’est vu autoriser une dérogation par la Police de l’eau et l’ANSES permettant la réutilisation d’eaux usées traitées pour l’arrosage de son parcours.

L’utilisation des eaux usées traitées en solution alternative aux prélèvements dans le milieu naturel ne pouvant s’appliquer facilement à tous nos golfs, nous proposons en parallèle de nombreuses approches techniques et agronomiques qui permettent de modérer davantage encore l’arrosage.

Les progrès technologiques en matière de performance des réseaux d’irrigation et de pilotage informatique obtenus sur ces deux dernières décennies sont considérables. Ces nouvelles technologies permettent de réagir en temps réel aux évolutions des conditions météorologiques, d’humidité des sols… d’optimiser le recouvrement et l’uniformité des apports en eau pour apporter la juste quantité nécessaire à la vitalité des gazons, et d’assurer un contrôle, des mesures et un suivi très précis de l’utilisation de l’eau. Nous soutenons et encourageons les investissements des clubs dans ces nouvelles technologies d’arrosage, grâce notamment à notre rapprochement avec des Agences de l’eau, l’impact sur la ressource en eau pouvant être notablement réduit.

Nous continuons d’occuper le terrain médiatique autant que nécessaire et préparons avec l’agence Publicis Consultants une campagne de communication qui sera présente dans les grands médias nationaux et qui a reçu le soutien des médias golf.

Les pratiques culturales sont également un levier important pour réduire les consommations d’eau. Les opérations de conversions de flore et de regarnissage régulier des gazons permettent d’installer et de maintenir de nouvelles espèces de graminées développées par les semenciers qui offrent plus de résistance au manque d’eau. Des opérations qui permettent également une plus grande résistance aux maladies, aux opérations de tonte et au piétinement. Une démarche qui prend encore plus de sens à l’approche de l’interdiction totale de l’usage des produits phytosanitaires prévue pour 2025 (Loi Labbé 2). Nous en faisons une large promotion auprès de nos clubs et nous continuons d’investir dans la recherche dans ce domaine et dans la formation continue de nos équipes de terrain.

Ces actions sur plusieurs fronts produisent des effets positifs. Si des études aussi sérieuses que professionnelles ont déjà attesté des progrès sensibles des golfs, il convenait de pouvoir en outre collecter aisément et en temps réel les données de consommation de nos golfs pour évaluer notre trajectoire de réduction de l’usage de l’eau. Pour permettre à nos golfs d’assurer un suivi très rigoureux de leur consommation d’eau, la ffgolf, avec Platform Garden, une société spécialisée dans les outils numériques de gestion des espaces verts, s’est dotée d’une application dédiée, nommée Platform.Golf.

Enfin, nous continuons d’occuper le terrain médiatique autant que nécessaire et préparons avec l’agence Publicis Consultants une campagne de communication qui sera présente dans les grands médias nationaux et qui a reçu le soutien des médias golf. Intitulée Golfeurs par nature, cette dernière revêt la forme d’un manifeste destiné à réaffirmer notre sens des responsabilités vis-à-vis de l’environnement et à éclairer le grand public sur le rôle positif des golfs dans bien des domaines. Notamment en matière de protection de la biodiversité dans laquelle notre impact très positif est de plus en plus reconnu grâce au soutien précieux et de long terme du Muséum national d’Histoire naturelle. Cette campagne nationale débutera le 1er juin prochain.

Tous ces efforts, croyez-moi, ne sont pas vains. Ils contribuent à changer le regard sur notre sport, à déconstruire les préjugés, y compris chez les personnalités politiques, même si certains s’aventurent encore à critiquer le golf sans éléments tangibles pour étayer leurs propos. Comme nous nous y sommes engagés, nous avons décidé d’y apporter systématiquement une réponse et avons mis en place une veille stratégique pour que rien ne puisse échapper à notre connaissance. Notre réponse se voudra toujours et avant tout un éclairage, une invitation à s’informer sur la réalité de la consommation d’eau dans nos golfs et à découvrir nos pratiques d’entretien. J’ai fait le choix de vous communiquer la copie d’un courrier adressé récemment à un député pour illustrer notre posture. Nous en rédigerons autant que nécessaire pour ne pas laisser de fausses informations se propager et offrir à ceux qui sont prêts à s’informer la possibilité de revoir leur position. Pour ne plus avoir à condamner des dégradations de nos golfs. Pour ne plus avoir à engager des sociétés de conseils et à solliciter les Ministères de la justice et de l’intérieur. Pour que, si elles se répétaient à nouveau, les acteurs politiques de tous bords puissent les dénoncer sans ambiguïté.

Dans les prochaines semaines, mois, nous aurons besoin de chacun et chacune d’entre vous pour défendre objectivement le golf et vos clubs engagés de manière responsable dans l’accélération de leur transition écologique. Dans vos cercles d’amis, sur les réseaux sociaux… Partout où le golf pourrait être injustement décrié, nous devons faire entendre cette réalité.

Une réalité bien loin des clichés.

Une réalité que les Français qui ont accepté de s’informer voient le plus souvent, d’un autre œil.

Je vous remercie pour votre attention,

Pascal Grizot

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© Alexis Orloff / ffgolf

Lettre : Réponse au député M. François Ruffin