La jeune Française de 14 ans participera, à partir de samedi, à l’épreuve de golf de ces olympiades des sourds et malentendants, organisées au Brésil. Une expérience enrichissante mais aussi particulière pour elle, qui va devoir jouer sans ses appareils auditifs.

Imaginez que vous jouez au golf sans bruit de frappe, sans "woosh" de votre club au coup d’essai, sans trace sonore de l’impact de votre balle à son atterrissage, ni aucun bruit extérieur de manière générale. Bienvenue dans le monde qui sera celui des participants aux épreuves de golf des Deaflympics, dont la 24e édition se déroule actuellement à Caxias do Sul, dans le sud du Brésil.

Cet événement, qui a débuté le 29 avril et s’achèvera le 15 mai, regroupe des athlètes sourds et malentendants du monde entier autour de 21 disciplines sportives. D’où son nom, mot-valise combinant "deaf" ("sourd", en anglais), et "Olympics". Pour ce qui est du golf, la représentante française se nomme Margaux Bréjo.

« On est vraiment dans notre propre bulle »

À 14 ans, celle qui a déjà participé au Trophée Golfers’ Club avec l’équipe de Fontainebleau, et pointe au 40e rang du Mérite national jeunes, s’apprête à prendre part à sa deuxième compétition réservée aux sourds et malentendants, après le Championnat d’Europe l’an passé. Elle-même est malentendante, mais joue habituellement avec des appareils auditifs lui permettant de capter l’essentiel des bruits extérieurs, et de communiquer sans aucun problème avec ses partenaires de jeu.

Or, aux Deaflympics, le règlement impose à tous les participants de jouer sans aucune aide auditive. « Quand on enlève nos appareils, on est vraiment dans notre propre bulle, explique-t-elle. Si je le faisais dans une épreuve normale, je serais vraiment seule dans mon monde. Mais là, comme nous sommes tous sourds ou malentendants, on a l’impression d’être une centaine dans le même monde. »

Margaux Bréjo, qui ne pratique pas le langage des signes, va également devoir adapter ses manières de communiquer sur le parcours. Mais là encore, pas de difficulté majeure. « Je parle normalement, et je lis assez bien sur les lèvres, précise-t-elle. Grâce aux caddies, qui pour certains, entendent normalement, on peut se parler en anglais, et tout se passe bien. »

« La moitié du dosage se fait par le son »

Au cours de ce tournoi, qui débutera par deux tours de stroke play samedi et dimanche, avant une phase finale en match play, son caddie sera son coach de Fontainebleau, Georges Plumet. Pour lui aussi, habitué à entraîner sa joueuse lorsque celle-ci porte ses appareils, l’expérience sera nouvelle. Lors de la deuxième partie de reconnaissance du Golf Club Caixas do Sul, tous les deux ont pu le vérifier. « Margaux sait très bien comprendre et se faire comprendre, observe-t-il. Mais c’est vrai que de mon côté, je dois m’adapter. Si je lui parle en lui tournant le dos, par exemple, sans ses appareils, elle ne peut absolument pas me comprendre. » L'entraîneur a pu, par ailleurs, découvrir l'univers général des compétitions sportives regroupant sourds et malentendants. « C'est vraiment un monde à part. Quand je suis arrivé, tout le monde se faisait des signes, je ne comprenais rien, c'était moi le boulet, rigole-t-il. Mais c'est un monde où tout le monde est solidaire et s'entraide, donc j'ai pu m'adapter sans problème. »

Au-delà de l’aspect communication, cette compétition permet aussi de se rendre compte de l’importance de l’ouïe dans le jeu de golf. « La moitié du dosage se fait par le son, poursuit le coach bellifontain. Il y a des effets sur l’équilibre aussi. Donc ceux qui n'entendent pas ces bruits doivent trouver d'autres points de repère. » Un constat appuyé par Margaux Bréjo « Jouer sans les appareils, c’est vraiment autre chose. Mais c’est à essayer. Ça peut apporter des choses. »

Au-delà de l’épreuve de golf en elle-même, la jeune Française et son entraîneur, arrivés en début de semaine au Brésil, ont pu côtoyer l’ensemble de la délégation française de ces Deaflympics. Ils ont même eu l’occasion de participer aux célébrations des premières médailles tricolores. Histoire de se donner encore plus envie d’aller chercher leur propre bout de métal.