Après plusieurs années de doute où il a même songé à raccrocher, Gary Stal semble enfin revenir à son meilleur niveau. Le natif de Décines, dans la banlieue de Lyon, a ainsi lancé sa saison sur le Challenge Tour en franchissant le cut à quatre reprises en quatre départs, une première depuis l’été 2015, et en prenant la 8e place au Cap (Afrique du Sud) le 20 février. Son premier top 10 en cinq ans et demi. Résurrection ?

© Alex Caparros / Getty Images - AFP

Vainqueur à Abu Dhabi le 18 janvier 2015 devant certains des meilleurs golfeurs mondiaux, Gary Stal avait par la suite glissé lentement mais sûrement dans les abîmes du golf professionnel, perdant à la fin de la saison 2017 son droit de jeu sur le Tour européen tout en alignant une succession de revers aussi démoralisants les uns que les autres. Mais depuis février 2020 et l’arrivée à ses côtés de Franck Lorenzo-Vera, son coach, l'horizon s’est sensiblement éclairci. 2022 doit ainsi coïncider avec son retour au premier plan entamé en Afrique du Sud depuis quelques semaines… 

Dans quel état d’esprit êtes-vous après ces quatre premiers tournois de la saison en Afrique du Sud ?
Je me sens beaucoup mieux dans ma tête. Cela m’a permis de pouvoir prendre confiance en mon fond de jeu en compétition. Les graines que j’ai semées depuis quelques temps maintenant font qu’aujourd’hui, c’est positif. Je commence à récolter un peu les bénéfices ! 

C’est la première fois depuis juin-juillet 2015 que vous franchissez quatre fois d’affilée un cut. Qu’est-ce qui a fondamentalement changé cette année pour vous ?
Depuis deux ans, on va dire que j’ai commencé à vraiment comprendre mon swing de golf. Si bien que lorsque je fais un mauvais coup, je sais dans 90 % des cas quelle a été la faute commise. Cela m’empêche donc de repartir dans des travers, notamment à essayer de comprendre pourquoi j’ai raté mon coup à gauche ou à droite. Pour moi, cela a été un grand soulagement de comprendre tout ça. Dans le fond, mon jeu est bien meilleur que celui de 2015 par exemple. C’est pour cela qu’il faut que je reste patient. Durant ces quatre premiers tournois en Afrique du Sud, j’ai vraiment changé mon attitude. Avant de démarrer cette saison, celle-ci était justement très mauvaise. On m’a bien fait comprendre qu’il me serait impossible de réaliser de bons résultats si je ne changeais pas sur ce point. J’ai donc mis un peu plus l’accent là-dessus pendant ces quatre semaines. Et j’en suis fier. 

Avez-vous effectué un travail mental pour corriger tout cela ?
Entre fin 2019 et jusqu’à 2021, j’ai de nouveau collaboré avec Patrick Groperrin. Et j’ai eu aussi une psy qui m’a fait un bien fou, qui m’a démêlé les nœuds que j’avais au cerveau. Aujourd’hui, il y a encore quelques personnes qui restent avec moi pour le travail de fond sur le plan mental. 

Je veux finir dans les dix premiers du Challenge Tour pour ainsi retrouver une catégorie pleine sur le DP World Tour l’année prochaine.

On peut les citer ?
Ce sont des gens qui préfèrent rester anonymes. Désolé ! 

Quelle a été votre préparation pendant l’intersaison ?
Je suis parti tout le mois de janvier à Dubaï, où je m’installerai d’ailleurs en fin d’année, afin d’être dans des conditions parfaites d’entraînement. Je suis très peu sorti et j’ai maintenu l’équivalent de six séances de sport par semaines (Ndlr, il travaille avec Franck Lorenzo-Vera, depuis février 2020, alors que Jérôme Simian demeure son préparateur physique)

Quels sont vos objectifs en 2022 ?
Je veux finir dans les dix premiers du Challenge Tour pour ainsi retrouver une catégorie pleine sur le DP World Tour l’année prochaine. 

Rejouer un Majeur, comme en 2016 à l’US Open, est-ce pour l’instant un objectif secondaire ?
Ce n’est pas ma principale motivation cette année, même si en en jouant un serait évidemment une très belle chose. Donc, ça reste dans un coin de ma tête. 

En 2015, j’étais un gamin. Je n’avais peur de rien car je n’avais rien à prouver à personne. J’étais dans l’inconscience totale.

Quel va être votre programme dans les prochaines semaines ?
Je vais jouer les trois tournois en Afrique du Sud et en Tanzanie (Ndlr, entre le 24 mars et le 10 avril). Il y aura ensuite le retour en Europe sur le Challenge Tour (Ndlr, à partir du 19 mai) avec quelques semaines de break de temps en temps… 

En quoi le Gary Stal de janvier 2015, qui avait battu Martin Kaymer et Rory McIlroy dans l’un des plus gros tournois du Tour européen, est différent du Gary Stal de mars 2022 ?
En 2015, j’étais un gamin. J’avais une grande motivation. Je n’avais peur de rien car je n’avais rien à prouver à personne. J’étais dans l’inconscience totale. Je faisais les choses. Point. Aujourd’hui, la grande différence, c’est que je suis devenu un homme, qui voit clair. J’ai vécu des moments de doutes et d’échecs mais j’ai su me relever, malgré les difficultés. Tout ce que j’ai pu faire en termes d’erreurs se transforment aujourd’hui en quelque chose de positif. J’ai compris beaucoup de choses grâce à ces expériences. Bref, je suis convaincu que tout cela me servira dans les années à venir, quand j’aurais retrouvé mon plein potentiel. 

Durant cette période sur le Tour européen, quelles sont les choses que vous avez faites et que vous ne referez plus aujourd’hui ?
Je pense que j’ai mis beaucoup de temps à digérer cette victoire (à Abu Dhabi). J’ai gagné certainement trop vite et j’ai pensé que ça allait arriver assez souvent. Et c’est là que la chute a commencé. C’est l’envers du décor. On se retrouve avec beaucoup d’attente de soi, et des autres aussi. La pression devient très lourde. Les mauvaises journées de golf s’enchainent, le doute s’installe, les putts ne rentrent plus, on s’aperçoit qu’on est loin au classement… C’est une suite de choses qui vous font perdre la confiance. On rentre dans un mauvais cercle. Les mois, les années passent… Abu Dhabi, c’est de plus en plus loin derrière vous… Et puis arrive 2020. Les bons choix commencent à poindre, on commence à récolter quelques points positifs, et forcément, le moral remonte !  

Ma pire saison, ça a été en 2019. Là, vraiment, j'avais envie de raccrocher. Je me suis dit : "c'est fini, tu n’y arrives plus. Il y a trop de choses qui ne vont pas."

Cette victoire à Abu Dhabi, combien de temps avez-vous mis pour la digérer totalement ?
Je dirais entre 4 et 5 ans ! 

Durant ces années difficiles, celles de votre retour sur le Challenge Tour à partir de 2018, ou encore en 2020, en plein Covid, avez-vous été traversé à un moment par l’idée d’abandonner le haut niveau, de raccrocher et de faire autre chose ?
Ma pire saison, ça a été en 2019. Là, vraiment, j'avais envie de raccrocher. Je me suis dit : "c'est fini, tu n’y arrives plus. Il y a trop de choses qui ne vont pas." En fait, j’avais peur de perdre contre des gamins de mon club... J'étais vraiment perdu dans mon jeu et dans ma tête. Cela n'allait plus du tout. Et puis arrivent les Cartes 2019. Je passe les PQ2 et je suis en PQ3, dans la douleur et avec une pression énorme (Ndlr, il joue les six tours et termine 75e). Je me suis dit que c’était peut-être un clin d’œil de la vie… 

Vous avez eu 30 ans le 9 février dernier, jusqu’à quel âge vous voyez-vous jouer en pro ?
Je n’ai pas d’objectif de temps… Je me laisse jouer jusqu’à ce que je ne puisse plus voir le golf en peinture. Mais sincèrement, je ne pense pas que cela m’arrive un jour. Je veux réussir de très grandes choses. Tant que cela ne sera pas réalisé, je pense continuer. A ce propos, je tiens encore à remercier chaleureusement mes sponsors sans qui rien ne serait possible : Sogelym Dixence famille Condamin, Art Travel famille Gastaldo, Club Houses Estates ainsi que Stal TP.