Vainqueur du Championnat de France professionnel MCA la semaine dernière au Cabot Bordeaux, Ugo Coussaud montre une belle régularité sur le DP World Tour depuis le début de saison. Régularité qu’il espère convertir en gros résultats quand surviendront ses meilleures semaines de golf.

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Ugo Coussaud dispute sa deuxième saison en tant que membre à plein temps du DP World Tour. © Pakawich Damrongkiattisak / Getty Images - AFP

Dans toutes les catégories et sur tous les circuits du vaste monde du golf, gagner est plus rare que ne pas gagner. À ce titre, toutes les victoires font du bien, celle d’Ugo Coussaud la semaine passée ne faisant pas exception à la règle. L’Angoumoisin, leader du tournoi à partir du deuxième tour, a parfaitement géré sa dernière partie pour s’imposer avec quatre coups d’avance lors du Championnat de France professionnel MCA, disputé au Cabot Bordeaux. « Je suis content de la manière dont ça s’est passé, en arrivant le dimanche en tant que leader, et en faisant une bonne journée, sourit-il. Ça fait du bien, même si bien sûr, ce n’est pas du tout la même chose que sur le DP World Tour : pas la même pression, pas les mêmes conséquences en cas de victoire. »

Les conséquences ne sont peut-être pas les mêmes, mais les causes, sans doute. Sortant de quatre semaines sans compétition, Ugo Coussaud est arrivé dans le Médoc avec la même mentalité que partout ailleurs : bien travailler les premiers jours, et mettre ce travail en application sur le parcours lors du tournoi. « Pour moi c’était une semaine de boulot, ça ne changeait rien, affirme-t-il. À partir du moment où je suis sur un golf pour jouer un tournoi, c’est une semaine de taf. »

Lui qui a quitté les rangs amateurs fin 2016, a connu six saisons sur la deuxième division européenne avant de faire son entrée sur le DP World Tour fin 2023, soulevait ainsi son deuxième trophée en tant que professionnel. « Seulement », serait-on tenté de dire, tant le joueur formé au Golf de l’Hirondelle montre de la régularité dans le haut des classements.

Sa saison 2024 n’a pas fait exception, et son début d’exercice 2025 non plus. Pour sa première année dans l’élite européenne, Ugo Coussaud a glané quatre tops 10, dont deux en Rolex Series (les tournois réguliers les mieux dotés), participé à sa première finale au DP World Tour Championship, et fini à la 33e place de la Race to Dubai. Très tôt dans la saison, en février 2024, une deuxième place au Commercial Bank Qatar Masters lui avait assuré la conservation de sa carte sur la première division. Le schéma est proche de se répéter pour 2025, comme il le dit lui-même : « J’ai déjà fait les trois quarts du chemin pour conserver ma carte, sans un seul top 10. Ça montre que je marque des points solidement toutes les semaines. »

Un calendrier construit différemment

Les chiffres ne disent pas autre chose : en 10 tournois joués pour la saison 2024-25 du DP World Tour, Ugo Coussaud n’a manqué qu’un seul cut, à Bahreïn. À cinq reprises, il a terminé entre les places 10 et 20, avec comme meilleur résultat une 11e place à l’Investec South African Open, début mars. « Je suis très content de la façon dont ma saison se passe sur le DP World Tour, admet-il. C’est très solide au niveau du long jeu, le putting s’améliore aussi. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait de semaine extraordinaire à tout rentrer ou à me mettre très proche des trous, et pourtant, je suis là à peu près toutes les semaines. »

Le joueur charentais espère de fait, avec une réussite particulière au putting et un long jeu en pic de forme, engranger des résultats encore plus satisfaisants dans les temps à venir. Pourquoi pas, d’ailleurs, dès cette semaine en Turquie (lire plus loin) ? « J’ai envie d’être plus souvent dans la bataille, avoue-t-il. Je remonte tranquillement en haut des leaderboards, et ça me donne envie. Je continue à bosser comme j’ai fait depuis quelques années, ça se solidifie et j’attends les bonnes semaines. Je trouve que c’est une bonne façon de construire une deuxième année. »

Turkish Airlines Open, le grand retour

Absent du calendrier du DP World Tour depuis 2019, le Turkish Airlines Open (et par la même occasion son pays hôte, la Turquie) fait son retour en cette année 2025. Le sponsor titre est le même qu'à l'époque, la destination d'Antalya également, mais cette nouvelle version de l'épreuve, disputée au printemps et plus en fin de saison, a changé de parcours. Terminé The Montgomerie Maxx Royal, qui avait vu les victoires de Victor Dubuisson en 2013 et 2015, le tournoi de cette semaine se jouera sur le tracé du Regnum Carya. « C'est un parcours canon. Il y a pas mal de coups où il faut travailler la balle d'un côté ou de l'autre, il faut être précis sur les mises en jeu, mais il y a moyen de prendre du plaisir », analyse Ugo Coussaud, qui fait partie des 14 Français engagés.

Dans cette construction, il a soigneusement constitué son calendrier, avec en ligne de mire les gros tournois de fin de saison qui constituent le Back 9 puis les Play-offs du DP World Tour. Il a, par exemple, pris du repos plutôt que d’aller en Chine disputer le Hainan Classic, il y a deux semaines. « L’année dernière, à partir de septembre, j’étais vraiment fatigué mentalement, se souvient-il. Il m’a manqué un peu de motivation, alors que c’est la période où il y a les plus gros tournois. »

Cette saison, sa catégorie lui assure de disputer le Genesis Scottish Open de juillet puis le BMW PGA Championship de septembre, les deux prochaines étapes des Rolex Series. En revanche, si cette année 2025 devait le voir disputer son premier Majeur, ce serait par l’obtention de bons résultats d’ici-là. Et ce Majeur serait probablement The Open, Ugo Coussaud ayant fait le choix de ne pas s’aligner à la qualification européenne de l’U.S. Open, le 19 mai prochain en Angleterre. « L’an dernier, je n’avais pas vraiment aimé le format, souligne-t-il (36 trous en une journée, NDLR). C’est beaucoup d’énergie investie pour une toute petite chance de réussite. » Même chose pour l’épreuve de qualification à l’Open britannique, prévue là encore en Grande-Bretagne le mardi 1er juillet, deux jours avant le départ du BMW International Open à Munich. « C’est bien pour les Britanniques qui peuvent y aller en voiture, mais pour nous c’est une grosse organisation », indique-t-il.

Autre frein actuel à sa participation aux Majeurs : le sujet de la faiblesse du DP World Tour en termes de points mondiaux rapportés par rapport, majoritairement, au PGA Tour. « L’an dernier, en me classant 33e de la Race to Dubai et en faisant deux tops 10 dans des Rolex Series, j’ai dû finir quelque chose comme 218e joueur mondial, souligne l’actuel 220e. Le sujet des points mondiaux est toujours là, on s’en rend bien compte. Il faut que la bonne semaine tombe la semaine où il y a des qualifications, mais c’est comme la victoire, on ne contrôle pas quand ça arrive. »

L’expérience d’Ugo Coussaud, qui a fêté ses 32 ans en octobre dernier, parle pour lui. Sa capacité à être patient aussi, comme l’illustrent ses six saisons passées sur la deuxième division du Challenge Tour (aujourd’hui HotelPlanner Tour), sa première victoire arrivant lors de la sixième année, celle qui allait voir sa promotion. « Les années sur le Challenge Tour m’ont appris à être humble, et à savoir que tout peut arriver », confirme-t-il. Augure accepté.