Le Français de 22 ans a signé, la semaine dernière, son troisième top 5 pour sa première saison sur le DP World Tour. Travail golfique, physique, mental : il sent qu’il parvient à franchir de nouveaux caps.

Une petite semaine pour souffler, et la machine repart. À peine le temps de passer quelques jours dans ses pénates cannois, et Martin Couvra, tout juste rentré de Chine, remontait déjà dans l’avion, direction la Turquie. Comme 14 autres Français, il dispute cette semaine le Turkish Airlines Open, épreuve de retour au calendrier du DP World Tour. « Ça va être une découverte pour moi, mais j’ai très hâte d’y aller », confiait-il en fin de semaine dernière, en s’apprêtant à jouer une de ses innombrables parties d’entraînement avec son compère Romain Langasque. « Je regarde ce tournoi depuis que je suis tout petit, poursuivait-il. Je me souviens que Victor [Dubuisson] a gagné là-bas (en 2013 et 2015, ndlr), même si ce n’était pas sur le même parcours. »
Si le promu du Challenge Tour en fin de saison 2024 a tellement hâte de ressortir ses armes, c’est aussi parce que la dernière chasse a été bonne. Lors du Hainan Classic, en Chine, il y a deux semaines, Martin Couvra a terminé seul à la 5e place, en ayant été très longtemps parmi les joueurs en lutte pour la gagne. Un top 5 qui constituait sa troisième performance du genre cette année sur le DP World Tour, après avoir terminé 4e puis 5e, sur deux semaines consécutives, à Bahreïn puis au Qatar en février. « En Chine, j’ai senti que j’avais passé quelques caps, que ce soit dans le jeu ou dans la compréhension de mon mental, qu’on travaille beaucoup avec mon préparateur, Makis Chamalidis », analyse-t-il.
Cap sur l'attitude
De manière générale, celui qui s’était imposé pour la première fois sur le Challenge Tour alors qu’il était encore amateur, en 2023, a le sentiment de passer des caps sur plusieurs fronts. Celui du jeu de golf pur, d’abord, qu'il travaille toujours avec son coach Mathieu Santerre. « J’ai de meilleurs contacts avec les fers », cite-t-il en exemple. Celui du physique, aussi, pour lequel il multiplie les séances, y compris en semaine de « repos », avec son préparateur David Baudrier. « On a pour objectif de me faire prendre un peu de poids, pour m’étoffer un peu, livre-t-il. Je sens déjà que je passe plus vite avec le driver, et donc que je tape un peu plus fort. Je sens que j’ai progressé, on travaille pour ça, on met du volume. »
Néanmoins, sans jamais donner l’impression de négliger ces dimensions du jeu, celle à propos de laquelle Martin Couvra se montre le plus disert reste l’approche mentale, et son corollaire, l’attitude sur le parcours. Dimension qui lui a donné satisfaction, il y a deux semaines en Chine, notamment lors du quatrième tour. « J’ai passé un cap sur la gestion des parties sous pression, affirme-t-il. Plus ça avance, mieux je les gère. En Chine, j’étais à l’aise, j’arrivais à rester dans mon couloir. »
Car l’ennemi, dans ce genre de situation, se nomme l’attente. L’attente des résultats, l’attention excessive portée aux enjeux. Martin Couvra en a fait une expérience un peu amère, fin 2024 lors de son tout premier tournoi en tant que membre à plein temps du DP World Tour, en Afrique du Sud. En lutte sur le retour du quatrième tour de l'Alfred Dunhill Championship pour la gagne, le jeune Tricolore avait notamment concédé au 15 un très coûteux quatre-putts synonyme de double bogey. Au final, il avait dû se contenter de la 7e place.
Gros tournois dans le collimateur
« Quand on est dans ces positions-là, on a forcément envie de gagner, et moi je perdais un peu pied, confie-t-il, sans faire spécifiquement référence à cet épisode. Je perdais pied parce que cette envie devenait un peu trop forte, et j’étais plus sur les enjeux qu’autre chose, et je perdais un peu mes moyens. Ça reste la bête noire quand on joue au golf : que les attentes restent à leur place malgré ce qu’on produit et les résultats qu’on fait. Ça ne doit rien changer à ce que je dois faire sur le parcours. »
Garder au maximum la bonne attitude, donc. Avec l’aide indéfectible de l’expérimenté caddie Olivier Elissondo sur le sac. Mais au fait, c’est quoi, « l’attitude Couvra » ? « C’est être patient, mais combattif, sourit l’intéressé. C’est-à-dire arriver à être patient, mais sans franchir la limite du passif. En étant Couvra, quoi… ».

La bonne attitude, Martin Couvra va essayer de l’adopter au maximum dans les semaines qui viennent. Non seulement pour engranger de nouveaux bons résultats, mais aussi espérer grimper d’un cran dans le calibre des tournois auxquels il participe. En étant actuellement 27e de la Race to Dubai, il lorgne particulièrement trois tournois : le Genesis Scottish Open (10-13 juillet) et le BMW PGA Championship à Wentworth (11-14 septembre), tous deux faisant partie des Rolex Series ; et The Open, la semaine suivant l’open d’Écosse (17-20 juillet).
Dans ce dernier cas, par exemple, il lui faudrait figurer dans le top 20 de la Race to Dubai et faire partie des cinq meilleurs joueurs non exemptés de ce même top 20 pour valider son billet pour le Royal Portrush Golf Club. Peut-être même ne devra-t-il pas attendre si longtemps pour disputer son premier Majeur, puisqu’il participera également à la qualification européenne de l’U.S. Open, en Angleterre, le 19 mai. « C’est fin, mais c’est jouable », lance-t-il. Et puis, lui-même le dit : « On n’apprend jamais mieux que sur le terrain, et tout ce monde me fait progresser. »