À la croisée des chemins, le jeune golfeur français est engagé cette semaine en Normandie au Vaudreuil Golf Challenge après avoir manqué d’un cheveu une qualification directe à la finale des cartes du Korn Ferry Tour, via le PGA Tour Latinoamérica sur lequel il évolue depuis deux saisons maintenant. Rencontre !

Jérémy Gandon a toujours le Korn Ferry Tour en ligne de mire en fin de saison... © Valerio Pennicino / Getty Images Europe - AFP

Très longtemps dans le coup pour décrocher l’un des cinq tickets en jeu pour le Korn Ferry Tour en 2023, Jérémy Gandon a finalement terminé 11e du PGA Tour Latinoamerica, l’un des deux tours satellites avec le PGA Tour Canada du tout puissant PGA Tour. Un classement final qui ne fait, hélas, pas l’affaire du Drômois puisqu’il va devoir passer par le Stage II des Cartes du Korn Ferry Tour (11-14 octobre au Nouveau-Mexique et 18-21 octobre en Floride) pour espérer accrocher un accès pour la finale programmée à Savannah (Géorgie) entre le 4 et le 11 novembre prochains. 

En France depuis dimanche en provenance de Dallas (Texas), son camp de base, afin de prendre le départ ce jeudi du Vaudreuil Golf Challenge cher à Jean-Claude Forestier, l’ancien étudiant de Kansas State University fait le point sur son année golfique tout en évaluant les différents moyens de rebondir le plus vite possible, que ce soit aux Etats-Unis ou ailleurs, sur un autre Tour. 

Bilan mitigé sur le Latinoamerica

« Je suis assez déçu, souffle sans détour le Français, âgé de 25 ans. J’ai été dans le top 10 toute l’année et sur le dernier tournoi, j’en sors. Le top 10 m’aurait justement permis d’aller à la finale du Korn Ferry. En plus des bonus en termes financiers avec un top 10, c’est donc décevant de finir comme ça… Là, du coup, en finissant dans le top 25, je vais devoir aller au Stage II. Les deux années où j’ai tenté ma chance, j’ai échoué durant ce même Stage II. En espérant que ce soit la bonne cette année… » 

« Au niveau du jeu, il y a eu de bonnes performances, surtout en début de saison (Ndlr, 2e en Argentine en décembre 2021 pour l’ouverture de la saison) mais j’ai eu du mal en deuxième partie de saison. Je n’ai pas su performer pour aller chercher les places d’honneur… Sans compter les semaines un peu moins bonnes. Quand je finis 2e, j’aurais pu gagner. J’ai eu du mal à conclure sur des semaines comme ça. Cela ne s’est pas joué à grand-chose, à un putt qui ne tombe pas… Les coups ont beaucoup de valeur en fin de semaine. » 

Un Tour éprouvant

« Ce qui est le plus difficile sur le Latinoamerica, c’est d’enchaîner les tournois. On part trois semaines et c’est souvent plus dur qu’aux Etats-Unis où je ne suis qu’à une heure de vol de Dallas. Il y a beaucoup de fatigue qui se créée. L’altitude aussi, avec pas mal de changements. Bogota, Quito, on est presque à 3 000 mètres… Cela joue aussi sur notre jeu. J’ai eu du mal à gérer lors des trois derniers tournois. Je suis aux portes du top 10, je joue pas mal et puis d’un coup je me mets à moins bien jouer. Le swing change un peu, les défauts viennent se greffer au fil des semaines. » 

Il n’y a pas longtemps, en Colombie, un joueur s’est fait braquer avec un fusil en sortant de l’hôpital après une intoxication alimentaire. Ils lui ont tout pris, passeport, argent…

La vie de golfeur sur le Latinoamerica

« Ma première année pro, j’étais sur le PGA Tour Canada. J’y étais encore l’année dernière mais c’était particulier avec le Covid. On n’a joué qu’aux Etats-Unis. C’est ma 2e saison sur le Latino. Dans l’ensemble, je suis plutôt assez content de ce Tour. Les déplacements sont longs mais on joue sur des parcours bien préparés. On joue des Opens nationaux, en Argentine, en Equateur, donc ils choisissent les meilleurs parcours du pays. C’est bien organisé, avec pas mal de spectateurs… » 

« J’aime bien voir les différentes cultures en Amérique du Sud, notamment au niveau culinaire. J’aime bien aller dans les villes et goûter les spécialités locales. Le café est super bon en général. Partout, et pas seulement en Colombie. La Colombie, justement, j’aime beaucoup. Au niveau paysage, c’est magnifique. La nourriture est bonne, les gens sont sympas. L’Argentine, aussi, c’est bien… » 

« Après, il faut faire attention. Il y a des endroits un peu plus chauds… Il n’y a pas longtemps, en Colombie (Ndlr, lors du Fortox Colombia Classic, 9-12 juin), un joueur s’est fait braquer avec un fusil en sortant de l’hôpital après une intoxication alimentaire. Ils lui ont tout pris, passeport, argent… Je ne me suis jamais vraiment senti en danger là-bas mais on entend souvent des histoires de ce genre. Il suffit que ça arrive une fois… Cela peut finir mal parfois. Alors je sors souvent en groupe… » 

L'ascension de Paul Barjon sur le PGA Tour, c’est assez inspirant. On échange pas mal de choses ensemble. On s’entend super bien.

La différence entre le Latinoamerica et le PGA Tour Canada

« C’est à peu près pareil. Le Canada, le niveau du champ est plus profond… Les parcours sont plus faciles, les scores plus bas. Il y a beaucoup de joueurs qui sortent de l’Université. Pour les Américains, c’est plus facile d’aller sur le Tour canadien. Après, pour gagner sur l’un ou sur l’autre, c’est la même chose. Les gars qui sont en chauffe sont aussi durs à battre sur le Canada que sur le Latino… Au niveau expérience, c’est similaire à ce que l’on peut rencontrer sur le Korn Ferry Tour, voire même sur le PGA Tour. J’ai ainsi eu la chance de jouer en dernière partie avec Andres Romero en Argentine… Cela me forme pour le futur. » 

Paul Barjon, une source d’inspiration

« Il vit à Fort Worth. C’est à une heure de Dallas, là où je vis depuis un an maintenant. Je le vois souvent. On essaie de jouer ensemble le plus souvent possible. Au moins une fois dans la semaine… J’étais sur le PGA Tour Canada en 2019 quand il gagne. Les tournois, on les a faits ensemble. On partageait les AirBnB… En le regardant jouer, c’était beau à voir. Même chose sur le Korn Ferry l’an passé. Les tournois où je me qualifie, il était là (Ndlr, Jérémy Gandon a disputé trois tournois, réussissant deux cuts et en finissant une fois dans le top 25). Son ascension sur le PGA Tour, c’est assez inspirant. On échange pas mal de choses ensemble. On s’entend super bien. » 

Son calendrier à venir

« Comme je ne me suis pas qualifié directement au Final Stage du Korn Ferry, je vais devoir composer. Même si le but suprême est d’être sur le Korn Ferry Tour. C’est encore possible… Là, pour le moment, je vais essayer d’enchaîner quelques tournois sur le Challenge Tour. Pour rester en jambes. Et puis ça peut ouvrir des portes sur le Tour européen et sur le Challenge Tour. Qui sait ? »