L’un des meilleurs aspects du golf est le partage. Parce qu’une expérience peut être profitable à tous, la rédaction raconte, de temps à autres, ses parties qui valent d’être lues : pour leur cadre, pour leurs acteurs mais surtout pour le plaisir de parler golf.
L’hiver, ce n’est pas du tout une partie de plaisir pour jouer au golf. Du moins dans une grande majorité du pays. Quand la pluie ne s’invite pas, le mordant du froid prend sa place. Pour le plus grand désespoir de nos phalanges. Pour le moins détestable, cette sensation est connue de tout bon amateur de « topon », un coup qui n’a de réussi que son scalp de balle et qui ne trouve de l’écho quand dans les métacarpes. Heureusement, l’hiver n’est pas encore tout a fait installé. Mais aux aurores, le danger règne. Alors il faut parfois trouver des subterfuges : rester au chaud, sortir les gants ou, lorsque les étoiles s’alignent, bien contacter la balle. De manière très ponctuelle, une solution confortable est à privilégier : migrer vers le soleil. Et en l’occurence, la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur sait être un bon refuge. Avec Sébastien, mon partenaire de voyage pour deux jours, on s’est vite rendu à l’évidence en arrivant sur place : à cette période de l’année, l’air est encore doux et l’expérience s’est annoncée excellente.
En revanche, n’allez pas croire - d’après l’introduction bucolique - que l’on était là pour le plaisir. Le but était bien sûr d’en découdre avec les parcours. C’est donc en short et polo manches courtes que le sac a été porté dans les hauteurs du premier parcours du week-end, le golf de Roquebrune. Là était d’ailleurs la première information importante : en plein automne dans le Sud, le short est toujours de mise. Le directeur des lieux, Aurélien Martin, nous a même fait comprendre qu’il l’était toute l’année. Sauf pour Sébastien, qui a préféré faire confiance à son pantalon. S’il l’a regretté sur les neuf premiers trous, le retour joué au crépuscule lui a donné raison lorsque la température est aussi vite retombée qu’elle était montée. Au damn des gambettes dénudées d’autrui. D’ailleurs, souffler le chaud et le froid a été le mot d’ordre de notre niveau de jeu sur l’ensemble du week-end. À Roquebrune, bien que ce panorama au départ du 1 - servant le massif de l’Estelle sur fond de Méditerranée - nous a inspirés à fendre le fairway en deux, il a également happé notre qualité de chipping pour nous faire sortir du green avec deux bogeys. Le reste de l’aventure n’a été qu’un long échos de ces joies et déceptions techniques. Une alternance due notamment à un clair manque de stratégie face à de nombreux coups joués à l’aveugle sur un dessin aux nombreux dénivelés. C’est surtout ça le golf dans ce coin de France : une balle rarement au même niveau que les pieds et des mètres à ajouter ou retirer à foison. Mais plus encore que le relief, le cadre dans lequel se niche ce parcours a remporté toutes les batailles. En particulier l’aller où le regard s’est souvent étendu vers les crêtes ocres qui dressent le décor.
On a particulièrement aimé...
Le départ du 9 ! Le promontoire de ce par 5 tout en descente offre une vue superbe sur la mer et l’Esterel. Ce qu’on n'a jamais vu par contre, c’est le fairway…
Cet atout géographique est partagé par le second théâtre de nos swings, le golf de Sainte-Maxime. Là-bas, les reliefs étaient aussi importants, à tel point que la voiturette y était imposée pour jouer le retour. Dans ce jardin élevé, les vues étaient subjuguantes. Même si, dans les faits, la nature et la vue y sont similaires à Roquebrune, on ne se lasse pas de perdre quelques secondes à observer l’arc-en-ciel de couleurs proposé par le maquis varois. Par trois fois, la mer a dominé l’arrière-plan, comme pour rappeler qu’elle n’était jamais bien loin, à l’instar du trou n°10. Discrètement, elle repose éternellement dans le dos des joueurs sur ce par 4 en montée. C’est en arrivant sur le green que l’on comprend pourquoi tous les golfeurs espèrent ici avoir un putt en descente depuis le fond du green. De là, la Méditerranée est le premier spectateur. Et pour une fois, lire une pente est devenue secondaire tant le décor prenait le dessus. Les chocs visuels se sont succéder sur un court laps de temps. Particulièrement au 11e trou, où le départ, planté comme un balcon au-dessus du vallon, donnait cette impression d’envoyer la balle dans le vide. Quant au 16, c’est simple : on a eu le sentiment de jouer au bord du monde. Le green, suspendu en proue de colline, nous a permis d’étoffer notre galerie photo - un tantinet égocentrique.
Le golf, mais pas que…
Un week-end dans ce coin de Provence ne se résume jamais à une simple succession de fairways. Entre deux parcours, la région déroule tout son potentiel : villages perchés, ports légendaires, plages en ruban et vignes baignées de soleil. Sainte-Maxime et Roquebrune ont beau être les points d’ancrage de ce séjour de deux jours, l’appel des environs est irrésistible. À quarante minutes de route, Saint-Tropez cueille quiconque s’y arrête par son illustre port, où les façades pastel se mirent dans l’eau comme pour se rassurer qu’elles sont toujours aussi belles. La Ponche, ancien quartier de pêcheurs, serpente en ruelles étroites jusqu’à la petite plage cachée – un labyrinthe provençal où le temps semble s’être assoupi. Et si les jambes n’ont pas encore déclaré forfait après 18 trous, la montée à la Citadelle offre un panorama qui les réconciliera avec le monde : le golfe s’ouvre comme une carte postale, la mer se plisse sous la lumière, et l’on comprend pourquoi tant d’artistes y ont posé chevalets et carnets.
Plus au sud, Ramatuelle joue une autre partition. Un village spiralé autour de sa colline, des pierres blondes, des volets délavés et des belvédères qui s’accrochent à la vigne comme des nids d’aigle. Ici, la Méditerranée se devine encore à chaque coin de ruelle avant de se révéler d’un coup, magistrale, en arrivant sur la baie de Pampelonne. Quatre kilomètres de sable clair, une mer qui hésite entre le turquoise et le bleu roi, et des zones où l’on peut marcher en paix, simplement bercé par le vent. Ceux qui préfèrent les chemins plus sauvages longeront le sentier du littoral, direction cap Camarat ou cap Taillat, pour goûter à une Méditerranée plus brute et merveilleusement silencieuse. Là n’est qu’une infime partie de ce que le Var avait à offrir. Rendez-vous est donc pris pour revenir un jour, quand le golf sera trop sévère avec les phalanges.
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