Comment des dépressions naturelles sont-elles devenues des obstacles à part entière, caractéristiques de ce sport et parfois redoutés des golfeurs ?

HellBunker_StAndrews.jpeg
À l'image, le bunker de l'enfer à St Andrews. © DR

À l’origine, les moutons se logèrent dans les dépressions naturelles rencontrées sur les premiers parcours en Écosse. Les links écossais étant particulièrement exposés, ils cherchaient à s’abriter des conditions extrêmes. Devenues de véritables cavités, elles furent considérées par la suite comme des obstacles et appelés « bunkers » pour faire leur apparition dans les règles du « Royal & Ancient of St Andrews » en 1812.

Old course-photo 1.jpeg
Les bunkers de l’Old course semblent avoir toujours existé.

Définition d’un bunker

Un bunker ou « sand trap » se définit par un renfoncement rempli de sable dont la couleur et la granulométrie peuvent varier, et présentant un rebord surélevé dont la composition peut différer. Il existe également des bunkers d’herbe, parfois plus subtils et moins pénaux.

Les différentes sortes de bunkers

Les bunkers de sable peuvent se différencier par leurs tailles et leurs formes. Historiquement, les premiers bunkers étaient les « pots bunkers » présents en Grande Bretagne et en Irlande. Ce sont de minuscules et profonds bunkers où il peut s’avérer difficile de tenir à deux. Leur face est généralement constituée d’herbe voire d’un assemblage d’herbe et de sable appelé « revetted » (revêtement en mottes de gazon stratifiées) bien que cela soit couteux et nécessite un travail intensif. Les traverses de chemins de fer représentent également une solution afin de stabiliser leurs faces et de lutter contre l’érosion. Elles étaient notamment l’une des marques de fabrique de l’architecte de TPC Sawgrass aux États-Unis, Pete Dye.

Des bunkers plus classiques de forme ovale apparurent par la suite, tout comme les célèbres bunkers dentelés de l’américain Robert Trent Jones Senior (1906-2000), père de l’architecture moderne ou du « target golf » (golf cible). Depuis une vingtaine d’années, les architectes orientent leur talent vers des formes davantage naturelles, moins manucurés avec des bordures plus sauvages, voire rugueuses.

7106_Joyenval_Photographer_Jacob_Sjoman_V2.jpeg
Les superbes bunkers sculptés du golf de Joyenval, œuvre de Robert Trent Jones Sr. © Jacob Sjöman

Leurs fonctions (impact visuel, esthétique et stratégique)

L’animation visuelle est la première fonction qui vient à l’esprit. Ils procurent en effet un esthétisme, un relief et parfois même du contraste dans certains paysages, au sein d’une forêt notamment. Ils donnent aussi une identité propre au tracé et représentent le signe distinctif de célèbres architectes telles que les vastes étendues de sables blancs d’Alistair MacKenzie, créateur d’Augusta National dans l’État de Géorgie avec Bobby Jones.

Néanmoins, obstacles avant tout dont il faut se préserver, ils intimident et requièrent de définir une stratégie au préalable. Ainsi, ils fournissent la ligne de jeu à suivre puisqu’il faut généralement s’en approcher afin d’en tirer le meilleur angle sur le prochain coup. De même, lorsque le trou se joue à l’aveugle ou que deux trous convergent, les bunkers donnent une indication quant à l’orientation à suivre.

Les architectes de qualité sauront les placer derrière les greens pour pénaliser les joueurs aguerris qui auront été cherchés des drapeaux au fond des greens, tout en laissant la possibilité aux golfeurs plus modestes de faire rouler la balle. Afin de duper les joueurs, ils aiment disposer les bunkers d’un seul côté afin de laisser croire que celui opposé est plus facile alors que l’approche s’avère alors beaucoup plus compliquée. Bien entendu, ils les placeront également de manière variée pour ne pas favoriser un effet de balle unique.

Certains, tels que l’Américain Tom Doak aiment les utiliser pour créer de l’illusion d’optique, en particulier avec des « cross bunkers », placés en diagonale de l’angle du trou. Jouer avec la hauteur des faces des bunkers, notamment lorsqu’elles sont plus hautes que le green donnera l’impression que celui est peu profond. Parfois, dans des environnements accidentés (bords de mer, déserts…), ils peuvent aussi faire office de pare-chocs pour arrêter d’éventuelles balles égarées. Les « pots bunkers » par leur taille et leur profondeur demeurent sans aucun doute les plus difficiles et requièrent en certaines occasions de sortir en arrière de la ligne de jeu. Ils représentent aussi les obstacles les plus intéressants puisqu’ils offrent aux golfeurs la possibilité de démontrer leurs aptitudes pour s’en extraire, contrairement aux pièces d’eau et aux hors limites.

Trou n°12 logoté.jpg
Le “cross bunker“ du trou numéro 12 du Grand Saint Emilionnais Golf Club, situé à une vingtaine de mètres du green, créé une illusion d’optique.

L’idéal n’est pas de construire des bunkers à foison car ils sont coûteux à construire et à entretenir. Lors de la création d’Augusta National en 1933, environ 22 bunkers furent disposés stratégiquement. En outre, lorsqu’il y a moins de bunkers, il y a également moins de cadrage, de points de repère de distance et de profondeur pour les golfeurs aguerris tout en étant moins intimidant pour les débutants. Tout le talent de l’architecte résidera dans sa capacité à les disséminer avec soin.

Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?

Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir remporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint-Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.