De toutes tailles et de toutes formes, les greens occupent une place fondamentale dans l’architecture des parcours de golf.

On dit souvent que c'est sur les greens que se gagne un tournoi de golf d'où la réflexion essentielle pour les dessiner. © DR

Selon le célèbre architecte américain, Charles Blair Macdonald (1855-1939), « les greens s’apparentent au visage d’un portrait » (Scotland’s Gift). Pièces maitresses d’un parcours, ils définissent en effet le caractère propre de chaque trou et racontent son histoire. Il en existe de toutes sortes qui reflètent le talent et l’imagination de l’architecte.

Les greens subtils de l’Old course de Chantilly. © Philippe Millereau

Première étape, déterminer les emplacements des greens

L’un des premiers objectifs d’un architecte est de trouver les emplacements adéquats des greens. Idéalement, ils devront être situés sur un terrain drainant, naturellement animé permettant d’explorer toutes les possibilités et offrant de belles vistas. Dès lors, l’architecte réfléchira dans les deux sens de jeu : du green vers le départ mais également à hauteur du deuxième coup vers le green pour visualiser le coup à effectuer. L’ensemble des obstacles envisagés seront également pris en compte et pas uniquement les bunkers ou pièces d’eau mais aussi les pentes, cavités…

Différentes méthodes de construction

Il existe plusieurs techniques de construction des greens ; celle de l’association américaine de golf (l’USGA) étant la plus répandue. Ainsi sur la couche inférieure d’environ dix centimètres sont disposés en épi des gravillons en dessous desquels sont installés des drains. Puis sur la couche racinaire d’un peu plus de trente centimètres, située au-dessus et composée d’un mix de terre et de sable, le gazon sera plaqué ou semé. Bien entendu, une épaisseur supplémentaire de sable pourra être rajoutée entre ces deux couches si le sol court le risque d’être contaminé.

Quelque que soit la méthode utilisée, le drainage devra permettre une évacuation de l’excédent d’eau et un système d’irrigation millimétré éviter tout gaspillage. Quelques golfs dans le monde tel qu’Augusta National en Géorgie, théâtre du Masters tous les ans, s’offre même les services du très élaboré système « Subair » qui contrôle le degré d’humidité des greens.

Augusta National en Géorgie utilise le système « Subair » depuis 2001. © DR

Une grande variété de forme, de taille et d’orientation

Les greens varient énormément dans leur forme, leur taille et leur orientation. Ainsi, ils peuvent être ronds, ovales, rectangulaires, en forme de boomerang, de punchbowl, agrémentés d’un bunker au centre… De même, les mouvements sur les greens peuvent s’apparenter à des vagues mais doivent éviter d’être trop marqués pour ne pas être scalpés lors de la tonte ou brûlés par le soleil.

La taille va dépendre essentiellement de la fréquentation du parcours et du budget disponible. En effet, les golfs qui accueillent beaucoup de joueurs devront disposer de greens d’une superficie d’au moins 300 mètres carrés afin de varier les emplacements de drapeaux et planifier des aérations fréquentes pour garantir leur bonne santé. De même, un architecte compétent se gardera de construire un green trop étroit, soit de moins de dix mètres de large afin de conserver une cible adaptée. Idéalement, au moins quatre positions de drapeaux à trois mètres du bord seront proposées, bien qu’il n’existe pas de règle instituée. Contrairement aux croyances établies, la taille du green ne doit pas être proportionnelle à la longueur du trou mais plutôt dépendre de son orientation et de la difficulté de l’approche.

Sur les tracés modernes, les greens sont généralement orientés face aux fairways afin de retenir les balles ; le contraire rendant l’approche beaucoup plus délicate ! En conséquence, la stratégie de jeu variera beaucoup en fonction de l’identité des greens et de leurs contours. Une coupe transversale d’environ trente centimètres intégrant les contours permettra de s’assurer que le green se fond dans son environnement et apparait naturel. En retirant les drapeaux, les greens devraient ainsi être à peine perceptibles.

Le magnifique green du trou numéro 6 de Riviera à Pacific Palisades. © DR

Différences d’entretien

Le type d’entretien devra également être pris en compte lors de la construction. Les architectes de l’Age d’Or des années 20 concevaient des greens très imaginatifs et pentus essentiellement car la vitesse n’était pas la même qu’aujourd’hui. La vitesse mesurée en pieds au stimpmeter* était alors à un chiffre alors qu’elle est désormais à deux. Dès lors, des surfaces moins rapides mais fermes offrent un plus large éventail de possibilités, préservent la santé de l’herbe et baissent les couts d’entretien pour davantage d’écoresponsabilité.

Obtenir des greens animés, homogènes, fermes, (qui ont l’air) naturels et qui poussent les golfeurs à réfléchir en leur permettant de les attaquer de différentes façons ; voilà le véritable défi !

*règle en bois ou en aluminium permettant de mesurer la vitesse des greens.

Le 16 du célèbre parcours de North Berwick en Ecosse. © DR

Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?

Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir emporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.