Fondement de l’architecture de golf, les trous modèles ou « template holes » inspirent depuis toujours les architectes de parcours. 

Les premiers parcours furent dessinés vraisemblablement en Ecosse par Mère Nature, près de la mer et sur des terres non arables. Par la suite, la connaissance du jeu incita les meilleurs joueurs à élaborer des tracés. Ce fut l’américain Charles Blair (C.B.) Macdonald (1855-1939) qui lors de ses études à l’université de St Andrews où il découvrit le golf, observa que les meilleurs dessins proposaient des trous aux spécificités identiques intitulés « template holes » ou trous modèles de l’architecture.

L’Old course de St Andrews où tout a commencé et notamment la création des « template holes. » © David Cannon / getty AFP

Naissance des « template holes »

A son retour à Chicago, C.B. Macdonald construisit le premier parcours de golf sur le sol américain avec le Chicago Golf Club en 1892 mais c’est le tracé de National Golf Links of America, dans l’état de New-York, qui constitue son œuvre légendaire. Son intention était de réaliser un parcours parfait à l’aide des trous modèles découverts et l’ajout de quelques-uns de son invention.

Descriptif de ces trous de référence

On dénombre ainsi une vingtaine de trous modèles originaux qui servent de base à l’architecture des parcours et qui s’intitulent : Alps, Biarritz, Bottle, Cape, Dogleg, Eden, Hogs back, Knoll, Leven, Lido, Lions Mouth, Long, Maiden, Plateau, Narrows, Punchbowl, Redan, Road, Sahara, Short, Switchback, Valley, Volcano.

Le plus connu demeure le Redan (mot militaire qui signifie fortification), inspiré du 15ème trou du West course de North Berwick en Ecosse. Il s’agit d’un par 3 d’environ 180 mètres dont le green surélevé, large mais étroit, est en descente par rapport à la ligne de jeu et protégé par un bunker profond sur sa gauche et un autre situé derrière. Il est aussi orienté à 45 degrés en diagonale de la trajectoire de l’approche de la droite vers la gauche. Un éventail de possibilités s’offre alors aux golfeurs.

La version originale du Redan vit le jour au trou numéro 15 du parcours West de North Berwick en Ecosse. © DR

Le Biarritz green, semble quant à lui, avoir plusieurs origines ; la « valley of sin » du 18 de l’Old course de St Andrews, le « gate green » du 16 du West course de North Berwick ou encore le trou numéro 3 du Golf de Biarritz créé en 1888 par Willie Park. Ce long par 3 d’environ 200 mètres dont le green immense, de près de 70 mètres est séparé au milieu par une dépression qui peut atteindre 1m50, est entouré de part et d’autre de longs bunkers. Il requiert beaucoup de précision au niveau du long jeu et permet de faire rouler largement la balle jusqu’au trou.

Le Punchbowl green, comme son nom l’indique est en forme de bol et inspiré du 3 de Royal Cinque Ports en Angleterre. En raison de ses contours surélevés, l’approche se joue en aveugle et le milieu du green forme une cavité qui ramène les balles en son centre à l’exception des balles égarées alors rejetées à l’extérieur du green. L’objectif premier consistait à conserver un certain degré d’humidité sur des links drainants aux sous-sols sablonneux car l’irrigation n’était pas encore monnaie courante. L’effet de surprise ainsi que le côté « montagne russe » rend ce green particulièrement amusant, et a été remis au gout du jour grâce à l’amélioration des connaissances en drainage avec notamment l’évacuation de l’eau en partie basse du green.

Le trou numéro 9 du parcours Black de Streamsong en Floride est une réinterprétation du green en punchbowl imaginé par Gil Hanse. © DR

Ou encore le Road hole, le plus célèbre étant celui du trou numéro 17 sur l’Old course de St Andrews en Ecosse. Généralement un long par 4 ou un court 5 par 5 en dogleg droit, il se joue en diagonale du tee au green. A l’instar de l’hôtel situé sur l’Old course, des obstacles seront situés sur la partie droite du fairway afin de dissuader de couper le trou. Le green peu profond en forme de haricot est défendu par un « pot » bunker (bunker minuscule, propre aux links britanniques et irlandais) devant le green et par une route considérée hors limite ou un bunker derrière. (« Il est souvent considéré comme le par 4 le plus difficile au monde).

Finalité : intérêt stratégique et accessibilité

Ainsi, C.B. Macdonald fut le premier à réinterpréter ces trous puis ce fut le tour des plus grands architectes de Donal Ross (1872-1948) à George C. Thomas (1873-1932), Albert Tillinghast (1876-1942) en passant plus récemment par Bill Coore & Ben Crenshaw, Gil Hanse ou encore Tom Doak, avec très souvent un nom quelque peu modifié (Reverse Redan, simplified Redan…). En tout état de cause, ils font office de variations sur un thème (comme une fugue en musique) notamment en fonction du terrain mais ne sont en aucun cas des duplicatas.

L’intérêt stratégique et divertissant de ces trous, accessibles à tous types de golfeurs, demeure indéniable et constitue un rempart contre les avancées technologiques en particulier lorsque les conditions sont fermes et rapides. Savoir les identifier permettra de révéler leur stratégie et d’améliorer sans aucun doute sa carte de score !

La réinterprétation du trou « Alps » par Tom Doak sur le parcours d’Old Mac à Bandon Dunes en Oregon. © Angela Moser

Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?

Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir remporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint-Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.