La joueuse tahitienne de 15 ans fait partie des têtes d’affiche des Internationaux de France Dames, qui débutent ce vendredi à Chiberta. Celle qui vit désormais à Biarritz a prouvé, à la Coupe Gaveau et au European Young Masters, qu’elle savait transformer dès son premier essai.

Kirra St-Laurent a connu sa première sélection en équipe de France, lors de l'EYM en juillet. © EGA

« J’adore le golf, et j’adore gagner. » Ses ambitions sont aussi simples à énoncer que ses rêves de haut niveau golfique viennent de loin. Kirra St-Laurent a commencé à jouer au golf à deux ans, à Tahiti où elle a vu le jour. Depuis, elle rêve de devenir un jour professionnelle. Alors qu’elle fêtera ses 16 ans le 7 décembre prochain, sa trajectoire lui donne jusqu’à maintenant raison.

Une enfance australienne

Une trajectoire qui, géographiquement parlant, ne manque pas d’originalité. Née d’une mère tahitienne et d’un père québécois, Kirra St-Laurent a passé une grande partie de son enfance en Australie, où sa famille a déménagé lorsqu’elle avait cinq ans, les opportunités professionnelles y étant plus nombreuses pour son père, travaillant dans le secteur aéronautique. « Du coup, je suis plus à l’aise en anglais qu’en français », sourit-elle dans un français tout ce qu’il y a de plus fluide.

L’hiver dernier, alors qu’elle vient de fêter ses 15 ans, un nouveau déménagement la téléporte dans un univers qu’elle n’avait encore jamais eu l’occasion de découvrir : la Métropole. « C’était bizarre au début, se souvient-elle. Il a fallu s’adapter au climat, à la culture, aux gens, même à la nourriture… tout est très différent. Mais maintenant je suis plutôt habituée. » Sa rencontre avec les hivers rudes s’est tout de même faite en douceur puisque, après quelques mois à Montpellier, sa famille s’est installée à Biarritz, où elle vit désormais. Côté scolarité, que Kirra St-Laurent continue de suivre à distance dans le système australien, cette année est celle de la classe de seconde. La jeune Tahitienne voit déjà au-delà : un cursus en université américaine. Dans le golf, bien entendu.

Trois trophées déjà cette année

Dans le domaine sportif également, Kirra St-Laurent a su montrer des capacités d’adaptation rapide. Au mois de juin, pour sa première participation au Championnat de France amateur Dames, elle a remporté la Coupe Gaveau, remise à celle ayant signé le meilleur score lors de la qualification en stroke play sur 36 trous. « Je ne m’y attendais pas en arrivant, livre-t-elle. Je ne me sentais pas très bien dans mon jeu. Mais je n’ai absolument pas pensé à gagner, j’ai juste voulu jouer mon jeu, et j’ai bien joué. Je me sentais confiante pendant les deux journées. Je suis fière d’avoir gagné ce trophée. »

La bonne forme trouvait confirmation dès la semaine suivante, où elle remportait le prestigieux Grand Prix de Seignosse. Deux trophées qui ont forcément attiré l’œil des staffs des équipes de France, suffisamment pour la sélectionner pour participer au European Young Masters, fin juillet. « Ça a été ma première sélection en équipe de France, souligne-t-elle. Au début, je n’étais pas trop sereine, mais tout s’est très bien passé, ça a été plus facile que ce que je croyais. Je me suis très bien entendue avec mes coéquipiers et le staff. »

La bonne ambiance dans l’escouade tricolore, ainsi que sa qualité, ont été ô combien visibles durant les trois jours que dure cette épreuve regroupant les meilleurs U16 européens. Hugo Le Goff, Oscar Couilleau, Marie-Elodie Prats-Rigual et Kirra St-Laurent ont décroché la médaille d’or collective, portant à trois le nombre de trophées de la joueuse polynésienne sur la saison. « J’étais très contente et très fière d’avoir contribué à faire gagner la France », confie-t-elle.

Dans le sillage de Marie-Elodie Prats-Rigual, Kirra St-Laurent marche vers la médaille d'or collective, lors de l'EYM. © EGA

Rothschild et Minimes en ligne de mire

Elle-même le constate : cette saison, son jeu a franchi un cap. Enfin, plutôt sa confiance en ses capacités à le développer. « C’est beaucoup dû au fait que j’ai pris confiance en mon jeu, et en ce que je peux faire sur le parcours, explique-t-elle. Avant, j’étais stressée. Au-dessus de la balle, je n’avais pas une idée claire de ce que je voulais faire. »

Désormais licenciée au golf de Biarritz le Phare, elle s’entraîne à quelques encâblures de ce dernier, à Illbarritz, au sein de l’académie PJ Golf performance, dirigée par Pierre-Jean Cassagne. Et là aussi, l’adaptation est allée vite. « J’ai fait la connaissance de Pierre-Jean en arrivant en France, pointe-t-elle. Il a la même manière de coacher que l’entraîneur que j’avais en Australie. Il a une façon de m’expliquer les choses qui me parle. »

Cette semaine, elle va pouvoir rester dans le périmètre, à l’occasion des Internationaux de France Dames (Trophée Cécile de Rothschild), qui se jouent à partir de ce vendredi à Chiberta, toujours sur la côte basque. En juillet, sur ce même tracé, et alors qu’elle sortait de ses deux grosses performances individuelles, elle avait pris une solide 8e place lors du Grand Prix. « J’adore les parcours en bord de mer, note-t-elle. La Rothschild, bien sûr, je cherche à la gagner. Je me sens en forme, je joue bien en ce moment, mon jeu est consistant »

Il sera de nouveau question de bord de mer, du 24 au 27 octobre, pour ce qui constituera le second gros objectif de sa fin de saison : le Championnat de France Minimes Filles, à Belle Dune. Mais sur la Côte d’Opale, en vue de la Toussaint, l’ambiance pourrait être différente. « Le froid, ce n’est pas trop mon point fort », admet Kirra St-Laurent. Encore une adaptation. Elle sait faire.