Jean Garaïalde se plonge dans ses souvenirs. Ceux du 17 juillet 1969, date à laquelle il s'est imposé à l'Open France. Il nous raconte ce jour où il était un Basque bondissant.

Jean Garaïalde avec quelques-uns de ses trophées. © Catherine Lacoste

Il était temps ! Cela faisait vingt ans que Jean Garaïalde en rêvait. « Quand je me suis lancé, encouragé par mon père et par René Lacoste, je m’étais fixé deux objectifs : être champion de France et gagner lOpen de France. Je n’avais que 15 ans, mais je me disais que ce serait magnifique si je réussissais cela. »

Le palier champion de France a été vite réglé ! Dès 1957, à 22 ans, il remportait le premier de ses 17 Omnium de France qui tenait alors lieu de championnat national. L’étape suivante a donc été plus longue à prendre forme, le rêve a eu le temps de mûrir. Voici comment, à 80 ans, il raconte cet exploit autour d’un verre dans le club-house de Chantaco.

« Le miracle s’est produit à Saint-Nom-la-Bretèche. Il y avait les Anglais, bien sûr, mais aussi Roberto de Vicenzo, qui était une star mondiale et un Monsieur. Je me suis accroché, comme toujours, et j’ai fait birdie [entendre « bèrrrdé »] au 17 et birdie [entendre toujours « bèrrrdé »] au 18, le dernier tour. Roberto était dans la dernière partie et quand il a fini son parcours, nous étions à égalité.

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« J’ai sauté de joie sur le green ! »

« Nous sommes repartis en play-off. Sur le premier trou, je me suis mis plus près que lui du trou, mais je n’ai pas rentré et on a partagé dans le par. Au deuxième, c’est lui qui était plus près, mais il n’a pas rentré non plus. Puis nous avons joué le troisième. Le 3, à Saint-Nom-la-Bretèche, est un par 3 avec de l’eau devant. Il y avait un vent assez fort de droite à gauche. J’ai joué, une balle bien tapée mais le vent l’a prise un peu, et je me suis retrouvé à hauteur du drapeau, mais entre le bunker et le green. Roberto s’est mis plus à gauche que moi, tout près d’un petit sapin qui avait été récemment planté.

« Quand on est arrivé près du green, j’ai vu qu’il avait une approche difficile. Il a assez bien joué, il s’est mis à peu près à 2 ou 2,50 mètres du trou, trop fort. Moi j’étais à 8 mètres du trou, un peu en descente. J’ai fait une approche pas exceptionnelle mais pas mal, je me suis mis à 1 mètre du trou. C’était à lui de jouer et il n’a pas rentré son putt. J’avais le mien pour remporter l’open. Alors là, il ne fallait pas s’affoler, pas perdre les pédales et tout ça, "keep your self control" comme ils disent, et j’ai rentré ce putt de 1 mètre. J’ai sauté de joie sur le green ! »

Jean Garaïalde lors du Volvo Open 1970. © Svenska Golfförbundet

« Je venais de concrétiser un rêve »

On imagine le bonheur de ce monsieur jouant le Basque bondissant sur le green du 3 de Saint-Nom-la-Bretèche - qui d’ailleurs en tremble encore si on y colle attentivement son oreille. L’intensité devait être à son comble pour que Jean Garaïalde, d’habitude si discret dans la victoire, se permette un tel écart de conduite. « Sauter ? Ce n’était pas dans mes habitudes mais c’était l’enthousiasme du moment, la joie de la victoire, remporter l’Open et battre en plus de Vicenzo. Je venais de concrétiser un rêve que j’avais depuis l’âge de 15 ans et j’avais alors 35 ans ! C’était ancré en moi depuis ma plus tendre jeunesse », explique-t-il. 

Pour tout dire, ce succès dépassait le cadre de l’exploit sportif et revêtant en plus les atours d’une victoire patriotique : « Je me faisais un plaisir, un honneur et un devoir de participer à l’open international de mon pays. J’en ai joué beaucoup, vingt-cinq, je pense ! »

Dont le suivant, en 1970, qui avait la particularité de se jouer chez lui, à la maison pour ainsi dire, puisque cette édition avait lieu à Chantaco. Inutile de dire que la motivation du Basque redoublait à cette occasion. « On a joué 36 trous ici et 36 trous à Biarritz, si je me souviens bien. Mais on terminait à Chantaco. Après trois tours, j’étais en tête, mais il y avait encore du beau monde, notamment David Graham, l’Australien qui a gagné lU.S. Open, les Espagnols, les Anglais... J’étais en tête, je jouais donc en dernière partie. J’ai joué en 66 mais Graham a joué en 64 ! C’était affreux, il m’a battu d’un coup. Je savais qu’il fallait que je fasse au moins un birdie sur les trois derniers trous pour égaliser mais je n’ai pas réussi. J’avais tellement envie de gagner, surtout chez moi. J’ai été déçu, c’est vrai. »

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