Vainqueur de l'Open de France à Saint-Nom-la-Bretèche il y a cinquante ans, Jean Garaïalde revient sur ce succès qui a marqué sa carrière et le golf français.

Jean Garaïalde en conversation avec Victor Perez lors de l'Amundi Open de France 2019. © Alexis Orloff / ffgolf

Les mots sont signés Jack Nicklaus, à propos de Jean Garaïalde : « Vous avez été un exemple extraordinaire pour tous les golfeurs. » Le Golden Bear ne se montrait donc pas rancunier de sa défaite face au champion français lors du Volvo Open de 1970 en Suède. Une année plus tôt, la carrière du Basque avait pris une ampleur considérable : il avait empoché quatre opens nationaux, dont celui de son pays, vingt-et-un ans après le dernier golfeur tricolore au palmarès, Firmin Cavalo. Un demi-siècle plus tard, il se remémore avec passion ce moment phare.

Dans votre jeunesse, vous déclariez avoir deux objectifs : être champion de France et gagner votre open national. Pourquoi ces épreuves en particulier ?
Je m'étais fixé ces objectifs gamin. Je considérerais qu'être champion de France était un beau titre. Pour l'open, je suis très patriote… C'était une épreuve de niveau international, donc plus difficile à gagner. J'avais fait un parallèle entre ces deux tournois.

À cette époque, l'Open de France était-il vraiment une épreuve très internationale ?
L'Open était très coté, oui. Comme vous le savez, c'est le plus vieil open national du continent européen. Pendant des années, il était collé à l'open britannique. Il y avait toujours des joueurs de classe internationale qui allaient à l'open britannique, ou qui en revenaient. C'était une institution.

J'étais un gagneur. Râleur parfois, certes, mais gagneur !

Quels souvenirs gardez-vous de votre victoire en 1969 à Saint-Nom-la-Bretèche ?
J'avais mon jeu, façonné par mon père, Raymond. Je me disais que si j'étais capable de résister à la pression, je pouvais le faire. Je partais avec la volonté de produire le meilleur de moi-même. Le dernier jour, je termine avec deux birdies pour partir en play-off face à Roberto De Vincenzo, qui était un des meilleurs golfeurs du monde à l'époque. Il faisait mauvais temps, avec beaucoup de vent. Nous avons partagé les deux premiers trous du play-off, et sur le troisième, un par 3, il tape un coup assez moyen et se retrouve un peu en difficulté dans les sapins, à gauche du green. Il s'en sort bien, mais manque son putt de 2,50 m pour sauver le par. J'avais alors 1,80 m pour gagner. C'était presque le putt de ma carrière, celui que j'envisageais depuis mon enfance… Je l'ai rentré, certes avec un peu de réussite car il en faut toujours, mais avec un esprit de gagneur.

C'est cet état d'esprit qui a façonné votre carrière ?
Je pense que tu ne peux pas être un bon professionnel si tu n'as pas de caractère et si tu laisses faire les événements. Si tu subis, tu ne tiens pas la route. J'étais un gagneur. Râleur parfois, certes, mais gagneur !

Comment décririez-vous l'émotion que vous avez ressenti en gagnant ?
C'était fort. Très fort… J'attendais ça depuis longtemps. Quand l'occasion se présente, il faut la saisir. Là, je l'ai saisie, et j'ai gagné. Ça faisait vingt ou trente ans que j'avais dans la tête qu'il fallait que je gagne ce championnat, donc le réaliser enfin, c'était formidable. Très, très fort !

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