Absent de la finale des cartes européennes, Raphaël Jacquelin ne jouera pas sur le DP World Tour l'an prochain. Mais la retraite n'est pas à l'ordre du jour pour le Lyonnais, qui vise une place sur le circuit senior américain en 2024, et profitera de l'année qui vient pour se donner les moyens de réaliser cet objectif.

Le Lyonnais a joué 680 tournois sur le circuit européen. © Warren Little / Getty Images Europe - AFP

Il est l'un des 19 Français qualifiés pour la finale des cartes européennes, qui débute ce vendredi du côté de Tarragone, en Espagne. Et pourtant Raphaël Jacquelin, 48 ans, a choisi de ne pas se rendre sur les parcours d'Infinitum pour tenter de récupérer un droit de jeu sur le Tour européen, dont il est membre à plein temps depuis... 1998. « Je n'avais pas spécialement envie de refaire une année sur le Tour, en supposant que je me sois qualifié par les cartes », admet-il sans détours. « Le constat, après ces trois ou quatre dernières saisons, c'est que même si le jeu était plutôt bon dans l'ensemble, je finissais au mieux 30e en faisant de bonnes semaines. Ce n'est pas comme si ça avait duré juste une année : là, il fallait se rendre à l'évidence sur le fait que le niveau est très élevé et qu'il m'était difficile de me placer suffisamment haut dans les classements pour prétendre continuer à jouer à plein temps sur ce circuit. Ça ne servait donc à rien d'aller à la finale des cartes », explique le vétéran aux 680 tournois parmi l'élite, dont quatre victoires entre 2005 et 2013.

Le constat s'impose en effet au vu des résultats du Lyonnais depuis 2019 : ces quatre dernières saisons - certes bien perturbées par le Covid - il a terminé 175e, 307e, 203e et 200e du ranking, et n'a dû son maintien parmi l'élite qu'à une exemption via la Career Money List prolongée par les reports successifs des catégories dictés par la pandémie. « Il n'y a pas de goût amer », assure-t-il à l'heure d'abandonner son membership du DP World Tour. « J'ai fait plein d'années où j'étais performant, où j'ai gagné, et dans ces années-là je n'ai pas le sentiment d'avoir été nettement meilleur qu'aujourd'hui. C'était sans doute le cas dans une certaine mesure, évidemment, mais il est incontestable que le niveau augmente. Donc ça a quelque chose de normal d'être gentiment poussé dehors. Je laisse ma place volontiers, car même si la vie sur le Tour reste toujours aussi agréable, sans les résultats ça n'a pas le même intérêt. »

« Je me dis que ça se tente... »

Pour autant, l'une des figures emblématiques du golf tricolore moderne n'a pas l'intention de ranger les clubs au placard. On le retrouvera bel et bien sur les tournois en 2023, pour une saison qui n'aura rien d'une tournée d'adieux. « Il y a potentiellement une carrière chez les seniors qui va bientôt démarrer », assure celui qui fêtera ses 50 ans dans un peu moins d'un an et demi, le 8 mai 2024. « Le but en 2023 est de me préparer au mieux pour l'échéance des cartes du PGA Tour Champions au mois de novembre, en continuant à travailler comme je sais le faire. L'an prochain, je ne vais donc pas jouer pour un classement, mais je vais en profiter pour participer à certains tournois que je n'avais pas l'habitude de jouer ces 25 dernières années, comme les Challenge Tour en France et certaines épreuves du circuit français, et quelques petits tournois du circuit européen sur lesquels je pourrai demander une invitation. En particulier l'Open de France, qui sera mon dernier. Ça va être émouvant et sympa ! » sourit celui qui n'a manqué aucun French Open depuis 1997.

L'aventure américaine est donc au programme pour « Raph », attiré par la compétitivité du circuit senior d'outre-Atlantique, sur lequel évoluent un grand nombre d'Européens contre lesquels il a ferraillé lors du dernier quart de siècle. « On ne va pas se mentir, il y a de vraies dotations là-bas : 25 tournois sans cut à 2 millions de dollars, donc c'est forcément intéressant. Quand on voit des mecs comme Alex Cejka qui arrivent sur ce circuit et gagnent tout de suite, je me dis que ça se tente. On verra donc si j'ai la chance d'y jouer, et on verra ensuite comment je m'organiserai pour aller jouer là-bas. Chaque chose en son temps ! » Le rendez-vous est donc pris : dans un an exactement, Jacquelin ira tenter les cartes américaines, et compte donc profiter de l'année 2023 pour conserver un niveau de jeu qui lui permette de les aborder avec ambition. « C'est sympa d'avoir une échéance comme celle-ci et une motivation pour continuer à rester dans le jeu. Il n'y a aucun autre sport que le golf qui te le permette de jouer à cinquante ans passés, et ça ne peut que motiver le compétiteur que je suis... »