Avec Julien Quesne, le Bordelais fut l’autre golfeur français à avoir participé au retour du golf dans la famille olympique après 112 années d’absence. Quatre ans après les Jeux de Rio, les souvenirs demeurent précis et vivaces !  

Grégory Bourdy aux Jeux Olympiques 2016 de Rio © AFP

« Ces Jeux, j’en avais fait mon objectif prioritaire de l’année 2016 ! »
Grégory Bourdy n’est pas prêt d’oublier cette expérience unique. Représenter la France pour le retour du golf aux Jeux olympiques, après 112 ans d’absence, constitue encore aujourd’hui un immense bonheur pour le Bordelais.

Quand il débarque à Rio de Janeiro plusieurs jours avant le début de l’épreuve golfique programmée pour les hommes du 11 au 14 août, il reste sur une très belle performance réalisée le 31 juillet à Baltusrol (New Jersey) où il vient de prendre la 18e place finale du PGA Championship remporté par l’Américain Jimmy Walker.

Bourdy et Julien Quesne, les deux français des Jeux de Rio © DR

Amoureux de sport – « de tous les sports » rectifie l’intéressé –  il est impatient de s’immerger dans cet univers si particulier en côtoyant les athlètes de tous horizons et de toutes disciplines. Logé dans le village olympique en compagnie de Julien Quesne, l’autre tricolore « qualifié », il partage son appartement avec les pongistes français. Un scénario improbable pour un golfeur professionnel, habitué à vivre à l’année en vase clos entouré uniquement de son staff technique rapproché.  

« J’étais arrivé le samedi, se souvient-il. On pouvait s’entraîner à partir du dimanche ou du lundi. Mon préparateur physique, Guillaume Chaubron, m’avait accompagné et j’avais loué un appartement pour mes parents, ma femme et ma sœur. Quand tu portes le survêtement France, tu fais partie d’une famille. A la cafétéria, on s’assoit avec Tsonga, on discute avec Nicola Karabatic et les handballeurs. C’est génial d’être au même endroit et échanger. On croise aussi les étrangers. J’ai par exemple eu la chance d’assister à l’échauffement d’Usain Bolt, juste avant son 100m. J’étais quelqu’un de privilégié. J’avais participé à la cérémonie d’ouverture. Ma famille était dans les tribunes. Autant de moments qu’on n’oubliera pas de sitôt ! »

Un top 5 mondial décapité

Malheureusement, le retour du golf dans le giron olympique ne s’est pas fait sans heurts. La plupart des meilleurs golfeurs de la planète brillent ainsi par leur absence. Un mystérieux virus, prénommé Zika, dont la piqure de moustique peut entraîner des séquelles très graves aux cerveaux des nourrissons, est l’une des causes principales d’une cascade de forfaits. Du top 5 mondial de l’époque, seul Bubba Watson effectue le voyage jusqu’au Brésil. Jason Day (n°1), Dustin Johnson (n°2), Jordan Spieth (n°3) et Rory McIlroy (n°4) déclinent l’invitation !  

« Cela a été honteux pour notre sport, martèle Grégory Bourdy. Cela a démontré qu’il était pourri par l’argent, qu’il avait perdu ses valeurs. Certains ont avancé le virus Zika, d’autres un calendrier trop chargé (tel l’Australien Adam Scott). Cela a peut-être aussi caché des histoires de dopage, allez savoir… Représenter son pays aux Jeux, c’est pour moi un devoir mais aussi un immense honneur. Ces décisions m’ont franchement écoeuré. Alors oui, culturellement, notre sport n’a pas ce passé olympique comme pour l’athlétisme, la gymnastique ou la natation… Décrocher une médaille olympique, cela n’a pas la portée de gagner le Masters ou l’Open britannique, je le conçois. Mais il est évident que le calendrier d’un golfeur est souvent plus dicté par une somme d’argent qu’on peut prendre à droite et à gauche, sur des Tours différents de celui où on a l’habitude de jouer… En fait, tous les plus grands sportifs de la planète étaient à Rio, sauf les golfeurs… »

Grégory Bourdy et sa compagne Annabelle Bourdy aux JO 2016 de Rio © DR

Le tournoi de golf regroupe soixante participants dans une formule de jeu classique, le stroke play, et en threesome. « J’aurais préféré le match play, rétorque néanmoins Bourdy. Le stroke, on a plus de chances de voir les meilleurs gagner à l’arrivée. Le match play, c’est plus aléatoire. Et je pense que ce format de jeu, cher à la Ryder Cup, est plus dans l’esprit olympique. Cela aurait été d’autant plus attrayant pour les spectateurs et les téléspectateurs. Mais bon, c’est comme ça… »

Après deux tours joués sur le parcours de Barra da Tujica (un par 71 dessiné par Gil Hanse) spécialement construit pour l’occasion, Greg Bourdy est plus que jamais dans le coup pour une médaille. Il pointe ainsi à la quatrième place, à quatre coups derrière l’Australien Marcus Fraser. Le Belge Thomas Pieters et le Suédois Henrik Stenson sont respectivement trois et deux longueurs devant lui. Tout est possible. Hélas, le moving day qu’il partage en avant-dernière partie avec l’Anglais Justin Rose, futur médaillé d’or, et l’Espagnol Rafa Cabrera-Bello ne se passe pas bien. Après deux très bonnes cartes de 67 (-4) et 69 (-2) en n’ayant concédé que trois bogeys, le Bordelais aligne durant le week-end un 72 (+1) et un 73 (+2) pour finalement terminer 21e à -3 (281) tandis que Julien Quesne se contente de la 55e place (+9). Loin de Rose, victorieux à -16 (268) devant Stenson (-14) et l’Américain Matt Kuchar (-13).

« Je souhaitais ramener une médaille, regrette-t-il. J’ai fait le maximum. Les deux premiers tours, je suis dans le coup. J’étais alors dans une période plutôt bonne. Je tapais bien la balle. J’avais de belles sensations, mais je ne finis pas aussi bien. Je pense que j’avais pourtant les moyens d’accrocher une médaille, même si devant, ça a joué très solide avec Rose et Stenson. Le bronze était jouable. La sensation générale est évidemment mitigée. Je sors frustré et déçu, comme sur beaucoup de tournois où je n’ai pas fait ce que je voulais. Et puis les Jeux, ça ne se représente pas tous les quatre matins… Mais une fois la pilule avalée, j’ai savouré le fait d’être là-bas… »

Il aura ainsi la chance d’assister par exemple aux finales du 100m et du 4x100 m qui sacrent définitivement Usain Bolt comme Dieu du stade. Il sera aussi dans les tribunes pour soutenir l’équipe de France de hand-ball qui prendra la médaille d’argent, battue par le Danemark, ou encore Karine Icher et Gwladys Nocera pour le tournoi olympique féminin de golf.

« Je suis resté quasiment une semaine, conclut-il. J’ai quitté le village olympique et j’ai rejoint ma famille, du côté d’Ipanema. On est allés très souvent au Club-France… J’en ai profité pour aller aussi voir le Corcovado. Rio, c’est une ville spectaculaire, avec des points de vue incroyables… L’ambiance y est particulière. Il y a de très gros contrastes de niveau de vie… On n’était pas loin des favelas, et le soir, on entendait des coups de feux retentir… On nous a toujours dit de faire attention… Mais ça reste une expérience incroyable ! »

Grégory et Annabelle Bourdy au Corcovado © DR