Pour sa toute première expérience en Majeur, Nastasia Nadaud, devant de nombreux supporters savoyards, a pris la 21e place de The Amundi Evian Championship, à l'issue d'une semaine sensationnelle. Bonne nouvelle, car sa deuxième expérience se produira déjà dans deux semaines, au Women's Open.

La phase de retour sur terre est en cours. Elle doit même avoir franchi un stade ce jeudi, lorsque Nastasia Nadaud a repris le chemin de l'entraînement, chez elle du côté d'Aix-les-Bains, après trois jours de ce que, usant de néologisme, elle appelle du « légumage ». Mais ces trois jours n'étaient sans doute pas de trop, non seulement pour se remettre physiquement de toute l'énergie donnée sur le parcours, mais surtout de toute l'émotion d'une semaine d'Amundi Evian Championship qui, quoi qu'il se passe dans la suite de sa carrière, a fait une entrée directe, catégorie événements marquants.
Une semaine de malad(i)e
Invitée par les organisateurs de The Amundi Evian Championship à participer à son premier Majeur, Nastasia Nadaud a offert un spectacle magnifique à un nombreux public savoyard tout acquis à sa cause, en prenant la 21e place. Surtout, elle a longtemps occupé une place dans le top 10, notamment au départ de la dernière journée. « C'était clairement une semaine de dingue, confie-t-elle. Une semaine inoubliable, pleine d’émotions… et plein d'autres mots peuvent être valables, qui ne seraient même pas assez fort. »
Dans le lot d'émotions traversées par celle qui joue actuellement sa troisième saison sur le Ladies European Tour (LET), il y en a tout de même une dont elle se serait bien passée : le bon gros rhume. Ou une sorte d'angine, peut-être. En tout cas, un mal qui l'a tenue du jeudi au samedi, et qui lui prenait la gorge et les sinus. « J'étais plus concentrée à me moucher et à utiliser mon spray nasal qu'à me dire que j'étais en train de jouer un Majeur », sourit-elle. Coup classique du mal pour un bien : « Au final, ça m'a aidée à me mettre dans ma semaine, mentalement parlant ».
Il faut dire qu'à l'extérieur, tout poussait la joueuse de 20 ans vers le haut. Son niveau de jeu, déjà, qui lui a fait signer deux très belles cartes de 67 (-4) lors des tours deux et trois. Le cadre de l'Evian Resort Golf Club, ensuite, écrin habituel de ses entraînements, qu'elle a déjà joué à de multiples reprises en compétition lors du Jabra Ladies Open, et sur lequel la configuration d'un Majeur ne lui a pas enlevé le sentiment de familiarité. Même avec un terrain plus ferme, des roughs plus épais et des greens plus rapides, ainsi que des installations beaucoup plus nombreuses autour du tracé, elle est parvenue à s'y sentir comme chez elle. « J'avais presque l'impression que c'était moi qui étais l'hôte du tournoi, et que je recevais les autres joueuses », compare-t-elle.
Ce confort de jouer quasi à domicile, Nastasia Nadaud l'a particulièrement mis à profit lors de la journée de samedi, où l'attendait une partie royale. La n° 1 mondiale américaine Nelly Korda ainsi que la n° 6 mondiale australienne et ancienne lauréate de l'épreuve (en 2021) Minjee Lee étaient alors ses deux partenaires de jeu. « Ça a été le temps fort de ma semaine, une expérience de dingue, admet la Savoyarde. Au départ, il y avait aussi beaucoup de public qui était venu pour voir Nelly, mais elle ne jouait pas très bien (+4 au final, NDLR). Et mes coaches, qui étaient au bord du parcours, m'ont dit qu'il avaient senti un retournement, à la fin ils m'encourageaient. »
Si Nastasia Nadaud n'a pas vraiment eu l'occasion d'échanger avec une Nelly Korda concentrée et en délicatesse avec son jeu, elle a pu le faire davantage avec Minjee Lee. Il faut dire que la joueuse australienne se souvenait de la Française, avec qui elle avait fait équipe, il y a deux ans, lors de l'étape des Aramco Team Series en Arabie Saoudite.
« Il était temps que je joue mon premier Majeur »
Passée l'émotion du départ, la joueuse tricolore en a connu une seconde, le samedi, à l'arrivée : celle de voir son nom et son visage sur la première page du leaderboard, à 18 trous de la conclusion d'un Majeur. Mais même là, la tête ne lui a pas tourné. « J'ai trouvé ça chouette, mais ça ne m'a pas mis de coup de pression, qualifie-t-elle. Je n'étais pas vraiment consciente de la position dans laquelle j'étais, j'étais tellement focalisée que je prenais uniquement ce qui venait. » Avec trois jours de recul, en milieu de cette semaine, elle a enfin réalisé qu'elle avait terminé à la 21e place de son premier Majeur, aux côtés de Céline Boutier et Perrine Delacour. Le tout en ayant livré une très belle partie de golf sous les yeux de Nelly Korda et Minjee Lee. « Ça me prouve beaucoup de choses, appuie-t-elle. Je pense qu'il y a un temps pour tout, et là, il était temps que je joue mon premier Majeur. J'avais vraiment envie de plonger dans le grand bain, et de jouer avec les meilleures joueuses du monde. »
La bonne nouvelle de son invitation, Nastasia Nadaud l'avait reçue environ deux semaines avant le tournoi, de la vive voix du président de The Amundi Evian Championship, Franck Riboud. Mais dans le même temps, une autre bonne nouvelle, venue cette fois du terrain, lui a confirmé sa participation à l'AIG Women's Open, le dernier Majeur de la saison, du 31 juillet au 3 août au Royal Porthcawl, au Pays de Galles. En franchissant le cut lors de l'Open d'Irlande au début du mois, elle avait en effet assuré son exemption via l'Ordre du mérite du LET. D'ailleurs et pour l'anecdote : sa 21e place à Evian lui a permis de... perdre une place à cet Ordre du mérite ! La double faute à la Thaïlandaise Jeeno Thitikul, participante malheureuse au play-off de dimanche, et qui lui est passée devant en entrant dans le top 10, et à un nombre de points inscrits qui ne lui a pas permis de rattraper la concurrente qui la précède. « Mais bon, chaque point est bon à prendre », relativise Nadaud, désormais 14e du classement du circuit européen.
Des gros points, elle pourrait encore en avoir devant elle, au cours d'une série de trois tournois où l'Open d'Écosse de la semaine prochaine puis l'étape des Aramco Team Series dans trois semaines prennent en sandwich l'AIG Women's Open. « Ça va jouer au stinger et au fer 2, ça va être autre chose », prévient-elle. Que faudrait-il emporter d'Evian, alors ? « Mon attitude, mon détachement, mon centrage sur ce que je dois faire », énumère-t-elle. Et puis, sans doute, tant et tant de bons souvenirs.