L'ancien joueur du circuit asiatique a démarré début janvier dans son Alsace natale une nouvelle activité, le coaching, afin de concilier sa passion pour le jeu et sa nouvelle vie de famille.

Lionel Weber est basé au Golf du Rhin (68). © Lionel Weber

Pendant des années, il a été « le Français de l'Asian Tour ». Premier golfeur tricolore à décrocher un droit de jeu sur le circuit asiatique, Lionel Weber y a évolué six saisons consécutives de 2013 à 2018, au cours desquelles il a croisé quelques-uns des meilleurs joueurs du monde et côtoyé, semaine après semaine, la crème du golf d'Extrême-Orient. « J'ai eu la chance d'évoluer sur un circuit de première division durant presque toute ma carrière chez les pros, j'ai joué avec les meilleurs dans des conditions exceptionnelles. J'ai coché énormément de cases », expose en préambule l'Alsacien. « Mais j'ai aussi côtoyé des mecs qui arrivent près de la cinquantaine, qui ont plutôt bien gagné leur vie avec le golf, mais qui à côté n'ont rien construit de personnel », ajoute-t-il, lucide. Aujourd'hui âgé de 33 ans, Lionel Weber admet sans détours qu'il n'a pas pour ambition d'imiter les mecs en question.

Papa de jumeaux

Après dix années passés sur les circuits, les dernières assez chaotiques en raison de la pandémie de Covid qui l'a empêché de jouer sur son circuit entre février 2020 et novembre 2021, il a en effet décidé de laisser cette vie derrière lui. « Je suis très reconnaissant d'avoir eu la chance de vivre de ma passion ; et aujourd'hui, je suis tout aussi reconnaissant de pouvoir mener une vie de famille qui m'est très chère, tout en continuant à vivre de ma passion », assure-t-il. L'été dernier, Lionel Weber est devenu papa non pas d'un, mais de deux enfants, des vrais jumeaux prénommés Paul et Oscar.

Pour lui, il n'est donc pas question de continuer à courir le monde avec son sac de golf et sa valise, mais pas question non plus de renoncer à son amour du jeu. « Le golf est une passion de toute une vie, et j'ai fini par réaliser que je pouvais la vivre d'une autre manière. Ayant joué longtemps en Asie, je pense avoir une expérience assez unique en France, donc si je peux en transmettre une partie par l'enseignement, j'en serais ravi. Et cette envie de transmettre, que j'avais déjà un peu en moi, est d'autant plus forte depuis que je suis devenu papa », poursuit-il.

On joue tous pour faire partie des 50 ou 100 meilleurs du monde, et quand tu réalises que tu n'en feras sans doute pas partie, tu te poses des questions.

Néanmoins, se résoudre à changer de métier n'a pas été chose facile, loin de là. « J'ai été top 400 mondial, mais on joue tous pour faire partie des 50 ou 100 meilleurs du monde, et quand tu réalises que tu n'en feras sans doute pas partie, tu te poses des questions. Est-ce que je voulais rester un joueur de seconde zone pendant toute ma vie ? » développe-t-il. « On passe tous par là : combien aujourd'hui, parmi ceux qui sont sur le Tour, sont encore persuadés au fond d'eux qu'ils peuvent devenir n° 1 mondial ? Quand tu es gamin, tu rêves de devenir le meilleur joueur du monde, et c'est ça qui te fait lever le matin, mais tu n'as pas conscience du niveau de jeu que ça demande. Cela vient avec l'expérience de la vie de pro, et petit à petit tu réalises où tu peux espérer te situer dans la hiérarchie par rapport à ton niveau de jeu. Rien que ça, se rendre compte qu'on a peut-être des limites, c'est pesant. Ensuite, le fait d'admettre que tu n'y seras pas et qu'il faudra peut-être songer à faire autre chose, c'est d'une brutalité sans nom, psychologiquement. Ce sont des milliers d'heures d'entraînement, énormément d'investissements à tous les niveaux, qui ne donnent pas le résultat escompté. C'est une phase très dure à passer... »

Pro indépendant au Golf du Rhin

Une phase bel et bien derrière lui, désormais. Depuis janvier, Lionel Weber a posé ses clubs au Golf du Rhin, situé à Chalampé (68). Dans ce qui était jusque alors sa base d'entraînement, il est aujourd'hui enseignant indépendant et accueille aussi bien des amateurs de tout âge et niveau que des jeunes pros. Outre la proximité avec Mulhouse, où il réside, il apprécie dans ce club soucieux de redynamiser sa politique sportive « les conditions d'entraînement propices à faire du haut niveau, notamment au petit jeu », et l'environnement international, le golf étant situé à un coup de wedge de l'Allemagne et à quarante kilomètres de la Suisse.

Entre les différents projets qu'il a en tête, tels que des stages accompagnés à l'étranger, il garde aussi un œil sur le calendrier des tournois, les pro-ams et petites épreuves du circuit français auxquelles il aura accès. Pas tant pour lui que pour ses élèves : « Avec les garçons encore petits, je ne me fais pas d'illusions sur mes chances d'être extrêmement compétitif, mais j'ai vraiment envie de garder un niveau de jeu correct, car tu es quand même plus légitime, quand tu enseignes, si tu es capable d'exécuter ce que tu expliques à ton élève. Si je donne une leçon de sortie de bunker, mon enseignement aura plus de poids si je fais une sortie au poteau, parfaitement touchée avec du spin, que si j'envoie une fusée derrière le green ! Tu n'as pas forcément besoin d'être un excellent joueur pour être un bon pédagogue, mais c'est quand même mieux de savoir jouer un minimum... »


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