Alors qu’il espère évoluer sur le PGA Tour Champions en 2024, Raphaël Jacquelin associe son nom à d’autres thématiques : coaching, académie, événementiel, design de parcours…  

Raphaël Jacquelin propose aujourd'hui un impressionnant éventail d'activités... © ANDREW REDINGTON / GETTY IMAGES EUROPE - AFP

S’il y a un mot de la langue française que Raphaël Jacquelin ne prononce jamais, c’est bien le mot retraite. À bientôt 49 ans – le 7 mai prochain – il n’a jamais été aussi dynamique, aussi entreprenant, des idées et des projets, déjà réalisés ou encore à l’étude, plein la tête. Depuis une petite année maintenant, il s’est ainsi lancé dans le coaching. Avec son ami et entraîneur de toujours, Alain Alberti, le Lyonnais a créé la structure AJ Coaching, basée à Massane (34).

« Mon rôle est de faire le lien et d’apporter mon expérience aux jeunes et aux moins jeunes entre le practice et le parcours, explique-t-il. C’est bien beau de travailler au practice, ça se passe souvent très bien d’ailleurs, mais transposer ça sur le parcours avec les obstacles, les impondérables uniquement liés au joueur et à son jeu, ce n’est pas toujours évident. Et c’est là que j’interviens. J’apporte mon expertise. Je suis là pour amener tout autre chose que de la technique pure. »

Je continue le partage, sauf que je joue moins. Mais je me régale…

Avec Alain Alberti, Raphaël Jacquelin a sous sa « responsabilité » Théo Brizard, 22 ans, membre de l’Alps Tour, la 3e division européenne, et Nathan Legendre, 21 ans, encore amateur, vainqueur du trophée Jacques Léglise en 2022 et issu du pôle Espoirs de Montpellier.

« Je fais aussi un peu de psychologie, du coaching sur le parcours, de la stratégie, de l’organisation, ajoute-t-il. En fait, tout ce que j’ai pu faire pendant toutes ces années sur le Tour européen. C’est assez sympa. On a déjà organisé deux regroupements à Massane avec Alain. J’ai toujours aimé partager avec les autres joueurs. Avec Alexander (Levy), avec Julien (Guerrier)… Je continue le partage, sauf que je joue moins (rires). Mais je me régale… »

Un début de collaboration avec Julien Guerrier

Julien Guerrier, justement, l’a récemment sollicité à la fin du mois de février, juste avant son départ vers Nairobi, ville hôte du Magical Kenya Open sur le DP World Tour. Le Rochelais installé au nord de Lyon a ressenti le besoin de « faire le point » sur son jeu. Les deux hommes se sont donc vus au Golf Club de Lyon puis du côté d’Ésery (74) le lendemain…

« Julien a besoin de quelqu’un qui soit assez proche de chez lui, souligne « Raph », domicilié en Suisse. Afin de pouvoir faire des checks régulièrement quand il rentre sur Lyon. On est à une heure et demie l’un de l’autre en voiture. C’est assez facile de se voir. J’ai vu ce qu’il travaillait techniquement avec Jean-François Lucquin, et pris en compte ses appréhensions par rapport à la technique, entre autres. On va voir si ça lui plait. C’est à lui de décider s’il a envie de continuer. Moi, ça me plairait car j’apprécie le joueur. C’est un copain de longue date. Il a vraiment un gros potentiel. Il devrait gagner sur le Tour… Il aurait dû gagner sur le Tour… Il a tout pour y parvenir. »

L’idée est de jouer une petite dizaine de tournois pour être de plus en plus dans le coup afin de préparer au mieux les Cartes seniors aux États-Unis.

Le duo doit se revoir à la fin du mois, une fois que Julien Guerrier sera revenu de ses trois semaines passées sur le Tour européen entre le Kenya et l’Afrique du Sud. En attendant, l’homme aux 680 tournois joués au plus haut niveau entre 1995 et 2022 n’a pas perdu pour autant son âme de joueur. Il a par exemple décidé d’être au départ de l’Omnium de la Riviera (23-26 mars) au golf de Valescure (83). Il sera au golf du Médoc pour le Championnat de France professionnel (7-9 avril), ira très certainement à Roissy pour l’open du même nom (15-13 avril). On le verra aussi sur les deux étapes françaises de la première moitié du calendrier du Challenge Tour, l’Open de Bretagne et le Vaudreuil (22 juin-2 juillet).

« Je vais également essayer de demander une invitation sur le DP World Tour pour le KLM Open, pour Crans-sur-Sierre (Omega European Masters) et l’Open de France, enchaîne-t-il. J’irai jouer aussi encore sur le Challenge Tour, à Pont-Royal (Hopps Open de Provence, 5-8 octobre). L’idée ici est de jouer une petite dizaine de tournois pour être de plus en plus dans le coup afin de préparer au mieux les Cartes seniors aux États-Unis. C’est toujours prévu. À moi de m’organiser pour m’entraîner correctement. Mais j’ai envie de jouer ! »

American Dream

La première étape des qualifications du PGA Tour Champions se disputera en novembre prochain à Tampa (Floride) avant la finale programmée du 5 au 8 décembre à Phoenix (Arizona). Seulement cinq places sont en jeu. Beaucoup de candidats, très peu d’élus donc. Mais cela ne fait pas peur à notre vétéran. Ni la vie aux États-Unis s’il parvenait à décrocher son droit de jeu en fin d’année…

« J’espère vraiment me qualifier, avoue-t-il. J’en ai parlé avec Robert Karlsson. Il y a un an, il m’avait dit : "Franchement, si tu arrives à garder le niveau, tu as une vraie chance !" Les places sont chères, c’est vrai, mais si ça se passe bien aux Cartes, ça peut être sympa après. Y vivre à l’année là-bas ? On verra. Au début, je pense que j’irai sans m’installer, sans amener tout le monde. Mais petit à petit, oui. De toute façon, je serai un peu obligé. Il y a quand même une vingtaine de tournois à jouer. »

Très loin d’être inactif comme on peut le constater, Raphaël Jacquelin, qui distille régulièrement ses tutos « Père & Fils » sur le site de la Fédération française de golf, a aussi inauguré du côté de Roanne (42) une académie avec son ami Laurent Puig, au domaine de Champlong. Son nom ? La RJ4 Golf Académie. « L’idée est d’en créer d’autres, prévient-il. J’amène mon nom, ma philosophie du jeu en général et de l’enseignement. On s’installe aussi au golf du Chambon-sur-Lignon où Laurent est responsable de l’enseignement. De façon saisonnière ici car c’est en montagne (ndlr, entre Le Puy-en-Velay et Valence). On ouvre dès le mois de mai… »

« Je fais un peu d’événementiel aussi, ajoute-t-il. Avec lejoueurfrançais.com, on sera en Grèce, à Costa Navarino, du 7 au 11 mai. Le concept ? Une sorte de Ryder Cup, avec 24 joueurs amateurs français (12 contre 12) coachés par 4 pros. Laurent Puig et moi, nous serons dans une équipe et Jean-François Remésy, notamment, dans une autre. »

Sur un plan purement sportif, ça me dérange. Des tournois à champ limité sans cut, ce n’est pas ça l’idée que je me fais du golf.

Vraiment touche à tout, il travaille également avec Jean Beauvillain (Golf Expertise Conseil), dans le design de parcours. « J’assiste l’architecte », résume-t-il. Une chose est sûre, il n’a jamais été approché par Greg Norman, le patron du LIV Golf, la Ligue dissidente soutenue par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite. Mais il a un avis sur la question.

« L’arrivée du LIV (en 2022) a fait bouger les choses, conclut-il, un brin amer. D’un seul coup, le PGA Tour a débloqué des fonds pour créer d’autres tournois richement dotés à champ limité. Je comprends que c’est pour s’assurer d’avoir les meilleurs joueurs à chaque fois. Mais sur un plan purement sportif, ça me dérange. Des tournois à champ limité sans cut, ce n’est pas ça l’idée que je me fais du golf. Je me mets à la place des dix garçons du Tour européen qui vont monter sur le circuit U.S. en fin d’année. Ils n’auront pas accès à ces gros tournois du calendrier 2024. Cela va affecter inévitablement le DP World Tour, qui va devenir la 2e division du PGA Tour. Aujourd’hui, tout tourne autour de l’argent… »