Surf et golf, la quête infinie de Romain Béchu

Depuis dix ans, la station balnéaire de Lacanau rassemble, le temps d'un week-end de fin septembre, des passionnés de deux disciplines à première vue sans point commun. L'une se pratique sur un terrain engazonné, un club dans les mains et les pieds fermement ancrés au sol ; l'autre exige de conserver un équilibre précaire sur une fine planche glissant au gré des vagues. C'est pourtant un mariage d'amour que vont à nouveau célébrer les participants du 10e Surf & Golf Trophy, sur les vagues de l'océan Atlantique et le parcours de l'Ardilouse. Au programme : une session de surf samedi, et un scramble à quatre dimanche.

Romain Béchu, 40 ans le 1er octobre prochain, est l'un des heureux engagés dans la onzième édition de cette épreuve unique. « J'ai des copains du surf qui m'ont proposé de jouer avec eux, et comme pour une fois c'était possible pour moi niveau calendrier, j'ai dit banco ! Le format a l'air vraiment sympa et je suis content de pouvoir enfin la faire, après en avoir entendu beaucoup de bien ces dernières années », se réjouit ce pro, passé par l'Alps Tour et le Challenge Tour après une brillante carrière chez les amateurs.

Familier du très beau parcours de l'Ardilouse, niché au cœur de la pinède médocaine, le joueur installé à Seignosse est presque aussi à l'aise dans les vagues que sur un parcours de golf. « Je fais du surf depuis toujours : j'ai commencé au même âge que le golf, donc ça fait bien 30 ans maintenant ! Dans ma jeunesse, de l'âge de 13 ou 14 jusqu'à mes 20 ans, j'ai peu surfé car j'étais à fond dans le golf avec beaucoup de compétitions à droite à gauche le week-end. Mais ça a toujours été mon autre passion », explique-t-il. « Quand j'étais sur les circuits, je prenais ma planche dès que je pouvais en tournoi. J'ai surfé au Maroc, en Guadeloupe, et même à Pléneuf-Val-André sur le Challenge Tour ! »

Même s'il admet être là davantage pour aider son équipe dans la partie golf que dans la partie surf de la compétition - « mes potes sont tous d'excellents surfeurs, spécialistes des grosses vagues » - Romain Béchu connaît suffisamment l'univers de la glisse pour établir quelques parallèles avec la petite balle blanche. « Ce qui m'intéresse beaucoup dans ces deux sports, c'est qu'ils proposent tous les deux une quête infinie : celle de la maîtrise du corps dans l'espace. Au golf on est dans un élément qui ne bouge pas, au surf au contraire ça bouge, mais c'est très comparable. Dans les deux cas, il faut beaucoup de travail pour acquérir la base technique, qui est essentielle », analyse-t-il. Chemin de club et plan de swing d'un côté, placement de pied et étude des angles du corps de l'autre !

Mais la comparaison ne s'arrête pas là. « Une autre similitude, c'est la perception de l'environnement : quand tu arrives sur un parcours, tu dois établir tes distances, analyser le vent, lire les pentes, etc. En surf, il faut savoir lire l'océan et la vague, analyser les conditions météo, savoir où se placer, donc au final ça se ressemble pas mal », poursuit celui qui a partagé parties de golf et sessions de surf avec des collègues tels que Benjamin Hébert, Adam Scott, Rafael Cabrera-Bello ou George Coetzee.

Mais de là à supposer, dans l'autre sens, que tous les surfeurs font de bons golfeurs, il n'y a qu'un pas... qu'il serait bien hasardeux de faire ! « Tous les surfeurs sont des sliceurs ! » lance en riant Romain Béchu. « Pour tourner avec une planche de surf, tu engages d'abord l'épaule vers l'avant, et tu ouvres ensuite le reste du corps avec le regard. Et au golf, si tu fais ça, tu passes par-dessus, donc tu fais un slice. La plupart des surfeurs galèrent avec ça, sauf Kelly Slater qui a trouvé un truc... parce que c'est un vrai génie ! »

Sans slicer ni tomber à l'eau, Romain Béchu a lui-même réalisé une performance digne d'éloges de la part des fans des deux disciplines. Ce spécialiste des trick shots, qui gagne en partie sa vie en faisant la démonstration de son habileté à jongler avec une balle de golf et un sandwedge, a tourné il y a deux ans une incroyable vidéo intitulée « Golf in the blue barrel », vite devenue virale (voir ci-dessous). On l'y voit jongler, lancé à pleine vitesse sur une planche au beau milieu d'un énorme tube !

« C'est le meilleur trick shot que j'ai fait de toute ma vie ! », résume-t-il. « J'ai eu énormément de soutien de mes sponsors pour monter ce projet, j'ai filmé pendant trois mois un hiver, ça a été intense... Je ne pensais pas y arriver, car prendre un tube, ce n'est déjà pas évident, mais ça l'est encore moins en jonglant avec une balle de golf ! Mais je l'ai fait, et je suis hyper content d'avoir réussi, car ça n'avait jamais été fait, et surtout ça m'a permis d'allier mes deux passions. »