Le 24 juillet dernier, les parcours mitoyens de Prince's, Royal St. George's et Royal Cinque Ports, dans le Sud-Est de l'Angleterre, ont organisé un événement unique. Le principe : jouer les 54 trous en une seule journée, sur les traces de Walter Hagen et Jim Barnes, qui l'avaient fait en 1920. On vous raconte.

Prince's, Royal St. George's, Royal Cinque Ports. Trois noms qui résonnent fort dans l'histoire du jeu de golf. Trois parcours links dans le plus pur style britannique, sur la côte sud-est de l'Angleterre, dans le comté du Kent. Trois tracés qui ont vu, le 24 juillet dernier, se dérouler un événement unique : The Hagen 54. Le principe était simple, du moins sur le papier : jouer l'intégralité des 54 trous de ces trois parcours en une seule journée. Pour le plaisir. Pour le défi. Et pour marcher dans les pas de Walter Hagen et Jim Barnes, deux des plus grands joueurs de l'entre-deux-guerres, qui s'étaient lancés dans cette aventure, en 1920. Nicolas Brossault, responsable du service Marketing de la ffgolf, a eu la chance de participer à The Hagen 54. Il raconte.
Une immersion au cœur du golf "british"
Dès la veille, l’excitation se mêlait à l’incertitude. Allions-nous tenir le rythme ? Finir les 54 trous ? Pour se rassurer, quelques défis entre futurs partenaires : nombre de pars, de birdies, ou encore de balles perdues. Une seule question sur beaucoup de lèvres : combien de balles à amener pour jouer les trois parcours ? On choisira 18 balles, dans l’espoir d’en perdre le moins possible.
Le réveil sonnait à 4 h 30, un petit-déjeuner express, avant un départ en shotgun à 5 h 40 sur le par 3 du n° 16 du Royal St. George’s. Trois amis néerlandais formaient notre groupe, accompagnés d’un caddie local d’exception, Luke, mémoire vivante du club et des grandes anecdotes de The Open.

Royal St. George's, là où tout a commencé
Premier parcours hors d’Écosse à accueillir The Open en 1894, Royal St. George’s reste l’un des clubs les plus prestigieux de l’histoire de l’épreuve. Il a accueilli 15 éditions, avec des vainqueurs aussi prestigieux que J.H. Taylor, Walter Hagen, Sandy Lyle, Greg Norman, Darren Clarke ou encore Collin Morikawa, en 2021.
Marcher sur ses fairways au lever du jour, baignés par une lumière dorée sur les dunes et bunkers profonds, fut un moment suspendu et presque déstressant, avant d’attaquer cette expérience. À chaque trou, Luke ponctuait la partie de souvenirs et d’anecdotes sur les grands moments vécus ici.
L'histoire racontée par Walter Hagen
« Alors que nous étions à Londres pour The Open 1920, Jim Barnes et moi avons commencé, un matin, à jouer les trois links comme s'ils n'en étaient qu'un. Après avoir joué 11 trous sur le parcours de Deal (l'autre nom de Royal Cinque Ports, ndlr), nous avons franchi une clôture pour passer à Sandwich (Royal St. George's), nous y avons joué 10 trous, puis nous avons traversé vers Prince's et nous y avons joué les 18 trous, pour revenir à notre point de départ. Nous avons fini le reste des trous à Sandwich et à Deal, pour finir sur le 18 de Deal. Les scores ? J'ai oublié. Nous n'essayions pas de battre un quelconque record. Nous avions juste de la chance de pouvoir aller aussi loin. »
Royal Cinque Ports : la puissance des éléments
Après huit trous à St. George’s, direction Royal Cinque Ports, hôte de The Open en 1909 et 1920. Ici, les links prennent tout leur sens : terrain modelé par les éléments, vues imprenables sur la mer, fairways bordés de dunes, greens fuyants, roughs épais…
Le premier 18 trous était bouclé à 9 h 50. Pas le temps de s’asseoir, l’énergie du défi prenait le dessus. Une courte pause pour se ravitailler, puis retour vers St. George’s pour la suite du parcours.

Prince’s, un joyau de tradition… sous la pluie
L’après-midi se déroulait sur les fairways de Prince’s Golf Club, théâtre d’une unique édition de The Open en 1932, remportée par Gene Sarazen. C’est ici qu’il introduisit pour la première fois le sand wedge, et que le bunker du 9e trou porte aujourd’hui son nom.
Mais au-delà de l’histoire, cette dernière boucle se déroulait dans des conditions typiquement britanniques : 4 h 30 de pluie continue, ponctuée de bourrasques. Les par 3 se jouaient presque au driver, tandis que le vent aidait parfois à atteindre les par 5 en deux coups. Malgré tout, l’engagement restait intact. Chaque trou franchi était une victoire.
Une journée gravée, entre performance et patrimoine
L’un des symboles de cette aventure ? Une balle qui nous aura accompagnés sur 54 trous, malgré quelques roughs visités sur les deux derniers trous (merci Luke). Une anecdote parmi tant d’autres dans cette journée marathon, faite de rires, de concentration, de défis personnels et d’une passion partagée.
Au-delà de l’effort physique, The Hagen 54 est un hommage vivant à l’histoire du golf. Il célèbre la culture des links, la richesse du patrimoine britannique, et la transmission d’un jeu empreint d’élégance, d’humilité et de respect.
En 2026, l'aventure continue
Face à l’enthousiasme des participants, les trois clubs organisateurs reconduisent The Hagen 54 l'an prochain. Date à retenir : jeudi 23 juillet 2026, pour 54 trous sur les links de Prince’s, Royal St. George’s et Royal Cinque Ports. Pour recevoir toutes les informations liées à l’événement, un formulaire est disponible ici.