La célèbre coupe du Golf de Chantilly, historiquement associée aux Internationaux de France amateurs messieurs, va désormais doter la version mid-amateur de ce championnat. Laurent Bailly, le président du club, explique les raisons de ce changement.

La coupe Murat a été créée en 1945. © Alexis Orloff / ffgolf

C'est une petite révolution dans le monde si traditionnel du golf : après plusieurs décennies passées à récompenser le vainqueur des Internationaux de France amateurs messieurs, la coupe Murat change de tournoi. Dès cette année, le trophée si étroitement lié à l'histoire du golf français (cf. encadré ci-dessous), et en particulier à celle du Golf de Chantilly, va en effet doter les Internationaux de France mid-amateurs messieurs. « C'est une façon de redonner un coup de jeune à la Murat, même si c'est avec des joueurs plus vieux ! » plaisante Laurent Bailly, l'actuel président du club cantilien, lui-même vainqueur de l'épreuve en 1980.

Entendons-nous bien : il ne s'agit ni de la création d'un nouveau championnat, ni de la suppression d'un championnat existant, mais simplement d'un trophée dotant cette épreuve-ci plutôt que celle-là. La pratique, bien que rare, n'est pas nouvelle dans le golf hexagonal, à l'image de la coupe Femina associée au championnat de France amateurs dames en 1908, puis récompensant à partir de 1923 la lauréate de la coupe de France. D'autres exemples existent, mais le cas de la Murat est hautement symbolique dans la mesure où cette élégante aiguière d'argent désignait, par métonymie, l'une des plus prestigieuses épreuves du calendrier amateur international. Il va donc falloir s'habituer à ce que la Murat fasse référence à la catégorie particulière des mid-amateurs (joueurs âgés de 25 ans et plus), et non plus à celle, générale, des amateurs.

« On n'avait pas toujours les meilleurs, ce qui est un peu dommage »

Ce changement de cap a été décidé par le club propriétaire du trophée, en concertation avec la direction sportive de la Fédération française de golf, comme l'explique Laurent Bailly : « On avait le sentiment que la Murat commençait à décliner doucement. D'abord, en raison du récent décalage de la Gounouilhou, déplacée de début mai à fin mai, à notre date traditionnelle. On en a donc cherché une nouvelle, mais c'est pratiquement impossible car dès qu'on arrive au mois de juin le calendrier est rempli de compétitions internationales importantes, notamment celles dans les îles britanniques. Et trouver une date plus tôt posait deux problèmes : primo, les joueurs en université américaine ne pouvaient pas être là ; secundo, notre parcours n'est pas à son meilleur en mars ou avril. Il faut vraiment qu'il y ait une bonne pousse de l'herbe pour avoir du rough, car Chantilly sans rough n'est pas vraiment Chantilly... »

À ce problème de calendrier s'ajoutait également une lente désaffection pour l'épreuve, de la part d'amateurs focalisés très jeunes sur leur futur passage professionnel, et ayant donc tendance à privilégier les invitations sur des tournois de l'Alps Tour ou le Challenge Tour au détriment des classiques françaises. « On n'avait pas toujours les meilleurs, ce qui est un peu dommage », résume Laurent Bailly. « Pour toutes ces raisons, on s'était dit que c'était peut-être le moment de repenser la Murat en partant d'une feuille blanche. »

La coupe Murat et le trophée Jean-Louis Dupont, qui récompense le meilleur score après 36 trous. © Alexis Orloff / ffgolf

« Ces joueurs-là sont les meilleurs amateurs qui ne sont pas passés pro »

C'est donc le prochain vainqueur des Internationaux de France mid-amateurs qui aura l'honneur de voir son nom gravé à la suite de Martin Couvra, lauréat « toutes catégories » l'an passé. « En discutant avec la fédération et l'EGA (l'Association européenne de golf) et en particulier Pierre Bechmann (son président de 2017 à 19, également ancien président de Chantilly, ndlr), on s'est rendus compte que tout le monde avait envie de créer un circuit mid-amateur de qualité », indique Laurent Bailly. « Ces joueurs-là sont les meilleurs amateurs qui ne sont pas passés pro, et une fois passé 25 ans ils ont toujours envie de jouer en compétition, dans de beaux championnats. »

Ils seront donc au maximum 98 joueurs, français et étrangers, à s'aligner au départ de la prochaine édition des Internationaux de France mid-amateurs messieurs, prévue du 30 juin au 2 juillet sur le mythique parcours Vineuil du club isarien. Avec comme objectif commun d'ajouter de nouvelles pages à l'histoire, déjà si longue et si belle, de la Murat.

Infos pratiques

Dates : du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet 2023

Champ : 98 joueurs de toutes nationalités

Limite d'index : 6,4

Limite d'âge : avoir 25 ans la veille du début du championnat

Format : 54 trous stroke play (18 trous par jour)

Cut : après 2 tours pour les 42 meilleurs et ex æquo

Qui était « Loulou » Murat ?

Le trophée a été offert par le Golf de Chantilly en 1945, à la mémoire de l'un de ses membres éminents : Joachim Murat (à droite sur la photo ci-dessous, recevant la coupe du Grand Prix de l'Auto 1936, ndlr). Né en 1920, celui que l'on surnommait « Loulou » (Louis était son deuxième prénom) était le 7e prince de la maison du même nom, et le petit-fils du premier président de Chantilly qui, comme tous les aînés mâles de cette lignée remontant au maréchal d'Empire et beau-frère de Napoléon Ier, s'appelait... Joachim Murat ! C'était aussi un golfeur talentueux, vainqueur notamment de la Carlhian (Internationaux de France U18) en 1937. C'était, enfin, un résistant durant la Seconde Guerre mondiale, sous-lieutenant des Forces françaises de l'Intérieur, agent de liaison du colonel Chomel avec le maquis Carol dans l'Indre, qui fut abattu par une patrouille de S.S. le 20 juillet 1944 à Lingé.

Plus d'infos : « Joachim Murat, un prince en Brenne », art. de C. Kroliczak paru le 3 avril 2023 sur La Brenne au cœur.